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Drame politique en Côte d’Ivoire : Comme un miroir

Publié le lundi 24 janvier 2011 à 00h34min

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Ce qui se déroule en République de Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre dernier ne laisse personne, et je dis bien personne indifférent quelle que soit le lieu où l’on se trouve. Non seulement nous sommes choqués (mais pas surpris) par le virement spectaculaire de Laurent Gbagbo au lendemain des résultats du second tour, mais aussi par les exactions et tendances génocidaires qui continuent de marquer jusqu’à ce jour la période poste électorale.

Mais au-delà du choque vécu par chacun de nous, je voudrais que nous puissions regarder courageusement dans le Miroir que nous présente cette crise. Car, même s’il ne convient pas de dire ici qu’à quelque chose malheur est bon, au risque de paraître sadique par les lecteurs qui ne m’auraient pas compris, nous pouvons sans grand risque dire que tous les pays africains, tous les responsables politiques, chacun de nous pris individuellement devrait pouvoir se saisir de cette malheureuse occasion et se regarder dans ce miroir ivoirien et se rendre compte qu’on n’est pas loin d’un certains Blé Goudé, Laurent Gbagbo ou tout autres acteurs du clan Gbagbo.

Certes, avec toutes les condamnations et indignations qui fusent de partout, on a l’impression que la Côte d’Ivoire est devenue comme une nouvelle planète dans la planète terre où les « extra terrestres » Gbagbo et ses sanguinaires jusqu’auboutistes sont les seuls à se comporter de la sorte ici bas.

A supposer que toutes les pressions de toute nature et de toute forme mises en branle par le monde entier finissaient par payer et que Gbagbo se résignait enfin à respecter le choix du peuple ivoirien (chose à laquelle personnellement je ne crois pour le moment) la démocratie africaine se serait-elle débarrassée de son mal létal ? Ce drame n’est-il pas tout simplement la partie visible de l’iceberg africain ?

A voir de près ce qui se passe dans la plupart des pays africains aujourd’hui, ces questions méritent bien d’être posées. Combien de dirigeants africains seraient ils prêts aujourd’hui à céder le pouvoir s’ils se sentaient désavoués par leurs peuples que se soit à travers les élections où autres circonstances ?

Rien qu’à observer dans le cercle restreint de la CEDEAO combien de présidents actuels ont refusé l’alternance politique chez eux lors d’élections remportées par l’opposition très souvent à la sueur ou du moins au sang de leur front. Ils sont combien ces dirigeants dans notre sous régions qui envisagent ou ont envisagé par tous les moyens de lever les verrous de leurs constitutions pour rester au pouvoir à souhait, se targuant même souvent d’usurper le pouvoir à la demande expresse de leur peuple ?

Combien de régimes au pouvoir n’ont pas, lors de crises politiques, terrorisé leurs peuples à travers des milices armées ou assassiné des opposants pour se maintenir au pouvoir ?

Combien de présidents n’ont pas appauvri et affamé leurs peuples pour financer des régimes occidentaux ou néocoloniaux à travers des pillages organisés des richesses de nos pays à fin de se maintenir au pouvoir.
Dans des zones rurales de nos pays par exemple, nos pauvres parents victimes très souvent de l’analphabétisme font les frais d’une paupérisation extrême à l’allure criminelle rendue possible grâce aux macabres détournements financiers des projets de développement rural par les autorités administratives et politiques en place. Ces derniers bien conscients de cette malheureuse réalité reviennent pendant les campagnes électorales pour faire toute sorte de promesses aux populations démunies qui ne sont autres que des victimes de leurs détournements exorbitants.

Combien sont ces responsables politiques, partis de rien du tout ont plusieurs fois fêté leurs milliards dans des comptes en banques suisses, se moquant quotidiennement de voisins ou voisines qui ne peuvent même pas s’assurer le moindre repas quotidien, ou boire de l’eau potable. Savons nous que dans les capitales « modernes » de nos pays en grande « émergence », il y a des foyers entiers qui cherchent vainement à assurer le moindre repas quotidien alors que nos palais présidentiels dégagent des odeurs d’un luxe insultant ? C’est une triste réalité.
Entre le comportement génocidaire de Gbagbo aujourd’hui et ces autres dirigeants installés dans nos différents pays lequel en avons-nous besoin. Autrement dit, entre celui qui vous tue à petit feu, qui vous indigne et celui qui tient l’épée, lequel est mieux ?

Nous sommes tous et toutes de prêt ou de loin responsables des malheurs de nos pays et particulièrement de ce qui arrive à la Côte d’Ivoire. Pendant ses 10 ans au pouvoir durant lesquels Gbagbo préparait macabrement son plan, ce dernier a juste pris courage dans sa démarche et s’est conforté dans son imagination de faire tout haut ce que d’autres font tout bas ? Pascal Afi Ngéssan, le responsable de la campagne de Gbagbo se demandait il y a quelques jours pourquoi le monde entier s’insurge contre Gbagbo alors que lui au moins est passé par autre chemin que celui de modifier la constitution pour rester à vie au pouvoir comme cela se voit en chez certains voisins.

Nous pouvons épiloguer à longueur de journée sur la situation ivoirienne sans forcément voir l’épilogue du drame.
Le plus important pour moi est que les africains, au niveau individuel, institutionnel ou gouvernemental ait le courage de jeter un regard dans ce miroir ivoirien et faire une sérieuse introspection. L’indignation que nous ressentons et qui conduit chacun de nous à condamner vivement le comportement macabre de Gbagbo doit également accompagner notre introspection et nous amener à une résolution ferme, c’est-à-dire un engagement ferme de chacun à épargner désormais son peuple de ce qui arrive à la Côte d’Ivoire. Nous devons toujours savoir mettre l’homme au centre de nos comportements politiques et économique de chaque jour.

La CDEAO en tant que institution doit jouer, sous la houlette du Nigéria, ici et maintenant sa crédibilité pour montrer la force et la détermination de notre communauté à se préserver des drames de crimes économico politiques et ethnico religieux qui nous mettent toujours en retard sur le chemin du développement, objet de tant aspirations de nos laborieuses populations.

La capacité de la CDEAO à mettre fin à la mésaventure de Gbagbo serait un avertissement pour d’éventuels cas comme les révisions honteuses de constitutions par certains vieux chefs d’Etat pour rester éternellement au pouvoir, avec les issues chaotiques qu’ils laissent toujours à leurs peuples après leur départ par décès. Aussi, c’est par cette intervention que la CDEAO donnera le top départ de notre réelle indépendance et notre capacité à nous assumer pleinement.

Ce qui serait dramatique serait de voir Gbagbo parvenir dans tout cela à imposer son dicta par l’usure aux 54,10% des ivoiriens qui ont voté Alassane, à la communauté ouest africaine, à l’Afrique toute entière, ainsi qu’au monde entier. Pire, que deviendra la Côte d’Ivoire sous le pouvoir de Gbagbo dans 10 ans (car ce dernier lutte actuellement pour un régime à vie), pouvoir dont son épouse Simone avoue déjà à qui veut l’entendre recevoir de Dieu (reste à savoir de quel Dieu).

C’est en cela qu’il faut condamner maintenant et mettre fin immédiatement à certains comportements et attitudes égoïstes et peu scrupuleux tels que nous le voyons avec certains hauts responsables religieux ivoiriens qui pensent qu’ils peuvent s’enrichir mieux avec Bagbo qu’avec le bon Dieu qu’ils sont sensés servir, quelles que soient les conséquences que cela aura sur leurs peuples. C’est aussi le cas du président ghanéen qui pense que sont pays peut profiter du Cahot que connaît le Cacao ivoirien. Il devrait comprendre que lui-même a accédé au pouvoir grâce au respect du principe sacro sain de l’alternance en démocratie par son prédécesseur d’une part et que d’autre part son pays n’a aucun avenir économique si son voisin ivoirien sombrait dans l’amertume économique déclanché par Gbagbo. L’avenir de chacun de nos pays passe forcément par celui de notre sous région.

Je voudrais mettre un point final à mon propos pour dire que plus que jamais l’Afrique appelle ses fils et ses filles aujourd’hui, à travers ce qui se trame en Côte d’Ivoire, à assumer leurs responsabilités. Chacun de nous, à commencer par nos responsables politiques, doit accepter se regarder dans le miroir ivoirien et y assumer sa responsabilité face aux faits et gestes dramatiques dénoncés ci et là et surtout, y renoncer à jamais pour notre avenir et celui des générations après nous.

Pistol

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