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L’AN 1 de la Refondation

Publié le mercredi 19 janvier 2011 à 23h46min

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On a frôlé, par moments, la crise de nerfs lors de la dernière présidentielle, et, le Burkina dont l’expertise politique se vend bien au niveau international, mérite mieux que ces atermoiements et autres approximations qui ont émaillé le scrutin. Il y a donc matière à débat pour tous les juristes férus de droit constitutionnel et pour la classe politique dont la contribution devra aller au-delà des invectives pour être réellement fructueuse. Il est trop facile de jouer au docte donneur de leçons après coup, après avoir joué aux abonnés absents au moment des contributions. Chacun devra donc accepter s’assumer pleinement.

« la Constitution doit être un instrument de progrès continu. » Pardon sans amnésie, réconciliation sans exclusion, construction de l’avenir sans occulter le passé, voilà, nous semble-t-il, les voies royales pour éviter de réveiller les vieux démons, retourner les couteaux dans les plaies et remettre à flots les vieilles rancœurs des périodes troubles des années de braise. On le voit, cette refondation est non seulement politique, mais elle est aussi sociale pour ne pas dire culturelle. Il s’agit de nous réconcilier avec nous-mêmes et les valeurs cardinales de tolérance, de paix, de « sacralité » de la vie humaine et de pardon qui ont toujours caractérisé le peuple burkinabè.

De tous les chantiers que Blaise COMPAORE veut mettre en œuvre au cours du quinquennat qui commence, celui des réformes politiques et institutionnelles nous semble être au nombre des plus importants. Important du fait de son ampleur mais aussi et surtout de sa délicatesse, si tant est que nous convenons tous que notre processus démocratique, quoique stable et à bien d’égards exemplaire, mérite d’être « revu et corrigé » afin de le débarrasser de certaines scories pour le pérenniser, dans la perspective d’asseoir des institutions stables, fortes et durables.

Sur le premier point, les griefs majeurs que d’aucuns imputent au système politique burkinabè, tiennent à la prépondérance de la fonction du premier magistrat, à la faiblesse, voire à « l’incurie » de l’Administration électorale (nonobstant les reproches faits au code électoral), au manque de visibilité et de lisibilité des actions de certaines institutions, à la non prise en compte de tout le spectre citoyen du pays, au rôle et à la place de la chefferie coutumière, etc. Si le premier reproche à savoir celui sur la « toute puissance » du Chef de l’Etat participe, nous semble-t-il, des « fantasmes » qui habitent tous les opposants africains qui voient souvent à travers cette prépondérance une volonté de « verrouiller » le système politique alors qu’elle est bien souvent le reflet de nos cultures africaines et aussi un héritage de notre histoire (De GAULLE avait taillé la constitution française de 1958, de laquelle s’inspirent toutes nos constitutions, à sa mesure) les autres points en débat, méritent que l’on s’y penche sérieusement pour clarifier et fluidifier le jeu démocratique.

On a frôlé, par moments, la crise de nerfs lors de la dernière présidentielle, et, le Burkina dont l’expertise politique se vend bien au niveau international, mérite mieux que ces atermoiements et autres approximations qui ont émaillé le scrutin. Il y a donc matière à débat pour tous les juristes férus de droit constitutionnel et pour la classe politique dont la contribution devra aller au-delà des invectives pour être réellement fructueuse. Il est trop facile de jouer au docte donneur de leçons après coup, après avoir joué aux abonnés absents au moment des contributions.

Chacun devra donc accepter s’assumer pleinement

Sur le second point, nul n’ignore d’où nous venons et cela doit nous éclairer pour savoir où nous voulons aller. Il y a à peine une vingtaine d’années, en effet, le Burkina était sous la férule de la pensée unique avec une division du peuple en « catégories » qui avait entraîné une fracture sociale profonde. Certains en étaient même à parler de « reniement » pour la simple raison que les garants de la tradition étaient vilipendés à tout bout de champ au nom d’une pensée politique dont le sectarisme était aux antipodes de nos pratiques multiséculaires. Mauvaise assimilation ou excès de zèle des révolutionnaires, on ne le sait trop même si cette analyse biaisée de la situation ne pouvait qu’entraîner une implosion du système. Un système qui avait cependant eu le temps de faire des dégâts surtout au plan humain et que son hériter, le Front Populaire, a traîné dans un premier temps avant de virer sa cuti sous l’impulsion de son initiateur, Blaise COMPAORE.

Légataire de la Révolution d’Août et artisan premier de la démocratisation du pays et de la liberté qui va avec, Blaise COMPAORE est de ce fait ange ou démon selon les angles d’analyse et les chapelles politiques. Dans cette occurrence, on perçoit la délicatesse de sa position surtout avec cette justice de comptoir que l’on a voulu, sous l’impulsion de certains politiciens opportunément déguisés en défenseurs de droits humains, appliquer à certaines affaires. C’est dire que pour solder les comptes politiques du passé il va falloir donner du temps au temps et rassurer tous les acteurs politiques quant à une éventuelle chasse aux sorcières. Blaise COMPAORE ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme dans son nouveau programme quinquennal, que « la Constitution doit être un instrument de progrès continu. » Pardon sans amnésie, réconciliation sans exclusion, construction de l’avenir sans occulter le passé, voilà, nous semble-t-il, les voies royales pour éviter de réveiller les vieux démons, retourner les couteaux dans les plaies et remettre à flots les vieilles rancœurs des périodes troubles des années de braise.

On le voit, cette refondation est non seulement politique, mais elle est aussi sociale pour ne pas dire culturelle. Il s’agit de nous réconcilier avec nous-mêmes et les valeurs cardinales de tolérance, de paix, de « sacralité » de la vie humaine et de pardon qui ont toujours caractérisé le peuple burkinabè. A coté de nous, des exemples éloquents montrent où vont les peuples qui ont décidé de fouler au pied lesdites valeurs. Cette renaissance qui passe aussi par l’équité et la justice sociale commande selon le Président du Faso, de promouvoir le développement institutionnel, de construire un environnement juridique et judiciaire plus efficient, de consolider les fondements de la croissance, de promouvoir la solidarité nationale et le développement global…

Assurément, on peut le dire sans être le courtisan que les œillères de certains font voir à tout bout de champ, que Blaise COMPAORE sait là où il veut conduire le Burkina Faso. Le chemin est bien balisé et l’objectif clairement établi. Mieux, l’immense majorité lui a donné quitus à travers sa brillante réélection. Le plus dur est néanmoins à venir : convaincre les Burkinabè de toutes les conditions et de toutes les obédiences politiques ou philosophiques d’oser le saut qualitatif. C’est le challenge qui est le sien pour ne pas dire, celui du peuple burkinabè tout entier parce qu’il s’agit en réalité de cela.

Ce n’est pas qu’il ne soit pas conscient des enjeux ou qu’il marquerait quelques réticences à s’engager, mais certains acteurs n’hésitent pas à polluer la question de considérations politiciennes dont le but inavoué est de lui dénier la capacité à décider de lui-même et pour lui-même. Non contents de donner la primauté à ce qui serait selon eux, des compromis politiques intangibles, ils s’arrogent le droit de parler en ses lieu et place et vont jusqu’à lui souhaiter les pires malheurs si d’aventure il lui prenait de ne pas céder à leurs sirènes. Comme le dit l’adage populaire : « demain ne ment jamais » ; l’avenir nous dira donc infailliblement ce que veut le peuple et si la démocratie ne veut rien dire dans ce pays !o

Alpha YAYA

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 20 janvier 2011 à 11:46, par SIRAC En réponse à : L’AN 1 de la Refondation

    Tout ça pour dire quoi au juste ? Soyez structuré et explicite.Je suis franchement désolé si vous en êtes à croire que le plus dur pour Blaise est de convaincre le peuple à faire le bond. L’incohérence est on ne peut plus frappante de dire que l’écrasante majorité de la population lui a donné quitus et affirmer dans le même temps que le plus dur est de convaincre. Ou le peuple a voté Blaise avec son programme, ou c’est la personne du président qui a fait l’objet des suffrages le 21 novembre passé. Je suis aussi hurluberlu de constater que les mots et les phrases prennent souvent une sémantique autre lorsque c’est le président qui les prononce. Qu’est-ce qu’il y a d’exceptionnel lorsque le président déclare en substance que la constitution doit être la source de progrès et tutti quanti ?

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