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OPPOSITION SENEGALAISE ET PRESIDENTIELLE 2012 : Et s’il n’y a pas de second tour ?

Publié le mercredi 19 janvier 2011 à 23h41min

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L’opposition sénégalaise ira-t-elle unie ou en rangs dispersés à la présidentielle de 2012 ? Difficile de répondre avec certitude à cette question tant les avis, pour l’instant, divergent. En effet, tandis que certains partis, comme le Parti de l’indépendance et du travail (PIT), appellent de tous leurs vœux une candidature unique de l’opposition réunie au sein de la Coalition benno siggil Senegal dès le premier tour, d’autres, comme celui de Macky Sall, pensent qu’il sied plutôt qu’il y ait plusieurs candidatures, quitte à ce que les autres soutiennent celle qui sera la mieux placée en cas de second tour.

Il est vrai qu’à défaut d’une candidature unique au premier tour, c’est toujours mieux de s’entendre pour un regroupement au second tour. Seulement, cette tactique n’est pas sans risque d’autant qu’il peut ne pas y avoir de second tour. En effet, il faut avouer que si l’opposition ne parvient pas à s’unir pour ce scrutin, Maître Abdoulaye Wade se frottera les mains. Nul n’ignore qu’en se présentant divisée aux grandes consultations électorales, l’opposition ne fait du tort qu’à elle-même. De plus, il n’est pas évident que les bonnes intentions de ralliement au candidat de l’opposition le mieux placé, affichées avant l’élection, résistent efficacement à l’épreuve du scrutin. Ne dit-on pas d’ailleurs que « qui remet à demain trouve toujours malheur en chemin » ? En tout état de cause, ce n’est pas une machine électorale timide de l’opposition qui peut venir à bout d’un régime qui ne fait plus mystère de son intention de vouloir régner à vie.

Bien au contraire ! Il est évident que seule "l’union fait la force" et que l’émiettement disperse les forces. Une floppée de candidatures de l’opposition est de nature à décourager l’électorat, surtout les partisans désireux d’opérer un vote utile, c’est-à-dire un vote qui maximise les chances d’apporter le changement qu’ils espèrent. Ce découragement peut pousser certains citoyens à adopter une posture passive, étant entendu qu’ils ne croient pas aux chances de succès de ceux qui s’affichent comme une alternative au pouvoir en place. Dans ces conditions, c’est ce dernier qui rira sous cape, surtout qu’il veillera à faire toujours le plein de voix.

Ceci étant, la logique du regroupement des partis de l’opposition au second tour n’est suffisamment pertinente que si les rapports de force sur la scène politique sont équilibrés et confortent la conviction que personne n’est assez fort pour l’emporter au premier tour. A défaut, prêcher pour une union au second tour, c’est faire un pari hasardeux ; c’est se perdre dans des illusions et dans des conjectures. Il y a également que les consignes de vote, en cas de second tour, à travers les appels à voter pour tel ou tel candidat, ne sont pas forcément suivies. Le report des voix n’est pas automatique et beaucoup de facteurs peuvent interférer en défaveur d’un candidat comme on l’a vu dans d’autres consultations électorales notamment la dernière présidentielle guinéenne. Les Sénégalais sont bien placés pour donner des enseignements sur la force d’une candidature unique. C’est de cette manière que Abdoulaye Wade a pu déboulonner le géant Abdou Diouf.

Les oppositions africaines, dans leur ensemble, ont intérêt, si elles veulent se poser en alternatives crédibles aux yeux des populations, à se donner tous les moyens pour opérer de grands regroupements, ne serait-ce que sur la base de leurs idéaux communs. L’exemple de l’opposition béninoise, regroupée autour de Adrien Hounbédji, son candidat unique à la prochaine présidentielle, devrait faire tache d’huile. Il appartient donc aux différentes composantes de la coalition de l’opposition sénégalaise de ne pas se tromper d’adversaire et de montrer aux populations qu’elles savent ce qu’elles veulent. A moins que chacune ait, en réalité, la secrète intention d’aller pêcher quelques voix qu’elle brandira ensuite pour négocier quelques strapontins auprès de Gorgui qu’elle aura aider, d’une manière ou d’une autre, à remporter, sans coup férir, l’élection. En tout cas, il est grand temps que chaque opposant arrête de ne voir midi qu’à sa porte si tant il est vrai qu’il se bat pour la primauté de l’intérêt des populations.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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