Parce qu’il croyait que faire cela plusieurs fois et avec application apportait rapidement beaucoup d’argent en même temps, Léonard y alla de sa science. Il fit et refit, il passa et fit repasser "Bakari". Puis, la déception vint à l’ouvrage, qu’à la fin, avant même la fin, la sourde-muette tomba amoureuse non de Léonard mais de la science de "Bakari"". Puis, la déception vint. La fortune tout attendue n’arrivant pas après de longs mois de coups de reins rageurs, défonceurs et malaxeurs, Léonard se rendit douloureusement à l’évidence : ou on lui avait raconté des mensonges sur cette histoire d’handicapées qui donnent la fortune via "bakarisation", ou cette sourde-muette était d’une espèce improductive. Mais le fait est là que Léonard ne devint jamais riche.

Il en tira les conséquences et résolut de quitter cette "tête à malchance" qui non seulement ne lui apportait pas les millions espérés, mais lui faisait supporter les frais de son entretien, l’appauvrissant lui, chaque jour davantage.

Léonard décida sans tenir compte de l’avis de la sourde-muette. Or celle-ci avait d’autres desseins. L’ayant attendu en vain dans leur coin de retrouvailles sur plusieurs fois, la sourde-muette se lança à sa recherche. Léonard lui avait fait savoir qu’il était souvent de faction devant un centre névralgique de la capitale sous haute sécurité, la nuit surtout. Ce jour-là, la sourde-muette oubliant que toutes leurs relations se sont déroulées dans le secret, se pointa à son service et entreprit de demander des nouvelles de son "chéri". Pendant que les autres agents en tenue tentaient difficilement de découvrir à qui ces descriptions gestuelles et "borborygmées" ressemblaient, l’on vit Léonard se pointer au tournant sur sa moto. La sourde-muette, en même temps que les autres, le vit et il la vit. Il vit sa main tendue vers lui et il fit demi-tour.

C’est la façon dont ce demi-tour a été effectué qui convainquit les autres que l’amant de la sourde-muette était bien Léonard. En effet, sans diminuer son allure, il fit pivoter sèchement sa moto sur place pour reprendre son chemin en sens inverse. Mais la honte était déjà sur lui, honte due non à ses relations avec la sourde-muette, mais au fait que ce faisant, il espérait voir des millions en sortir.

Et puis entre nous, accepter que ces déshéritées de la nature soient d’une manière ou d’une autre source d’enrichissement, c’est magnifier une puissance satanique. La parole du sage veut que l’on les prenne en pitié et que l’on leur vienne en aide. N’est-ce pas Léo ?!

Sacré Chédou OUEDRAOGO

Sidwaya