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CAMPAGNE MÉDIATIQUE DU FESPACO 2011 : Une bonne cuvée à Bruxelles et à Paris

Publié le mercredi 19 janvier 2011 à 00h05min

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La 22e édition du Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) se déroulera du 26 février au 5 mars 2011 sous le thème : "Cinéma africain et marchés". Dans le cadre des préparatifs de l’édition, une délégation du Fespaco s’est déportée à Bruxelles, la capitale belge, puis à Paris en France du 9 au 16 janvier 2011 pour le lancement de la campagne médiatique de l’édition, marqué par l’organisation, dans chacune des deux capitales, d’une conférence de presse internationale à laquelle assistaient des professionnels du cinéma. Figurait dans la délégation conduite par Stanislas Méda, directeur de cabinet du ministre burkinabè en charge de la Culture, le délégué général du Fespaco, Michel Ouédraogo qui avait à ses côtés Ardiouma Soma, responsable de la programmation du Fespaco et de la cinémathèque africaine et Lucie Tiendrébéogo, responsable de la communication et des relations publiques du Fespaco.

A Bruxelles comme à Paris, la délégation a fait le point des préparatifs de la 22e édition du Fespaco, décliné le contenu de la manifestation en préparation, qui comporte des innovations majeures. Elle a aussi rendu publics les films sélectionnés pour la compétition. Elle a mis à profit cette mission pour rencontrer les partenaires du Fespaco qui s’investissent à son côté pour l’essor du cinéma africain. Tirant le bilan de la tournée, Michel Ouédraogo a déclaré que l’essentiel a été fait.

Fraîchement débarquée à Bruxelles où il y faisait un froid de canard, la délégation burkinabè a été reçue, en guise de bienvenue, le 10 janvier, place Guy d’Arezzo, par l’ambassadeur du Burkina à Bruxelles, Kadré Désiré Ouédraogo. Visiblement réjoui de la visite, le diplomate burkinabè a indiqué à ses hôtes que le Fespaco est très prisé en Belgique et s’est dit satisfait du lancement à Bruxelles et ce, pour la 2e fois, de la campagne médiatique internationale du Fespaco. Ce d’autant que, selon l’ambassadeur, la capitale belge est "un carrefour culturel très important". A propos des partenaires, dont les ACP, Kadré Désiré Ouédraogo a invité les responsables du Fespaco à profiter de leur présence sur le sol burkinabè, pour les amener à être définitivement des partenaires, tout en assurant que les autorités burkinabè joueront, pour leur part, à fond leur partition.

En réaction à son propos, Michel Ouédraogo s’est d’abord réjoui du partenariat qui lie son institution à l’Union européenne (UE), relevant que pour l’édition 2011, le Fespaco a reçu de l’UE, un financement de 190 millions de F CFA, devenant ainsi le 2e bailleur de fonds après l’Etat burkinabè. Quant au partenariat entre le Fespaco et les ACP, Michel Ouédraogo a relevé que le Fespaco travaille à l’établissement d’un partenariat direct entre les deux institutions.

Le lancement de la campagne médiatique internationale intervient bien des jours avant l’ouverture officielle du Fespaco, ce qui permet d’être en avance sur le temps, a fait remarquer Michel Ouédraogo. Une initiative que le diplomate burkinabè a saluée. "C’est bien que vous soyez venus longtemps à l’avance parce que les Européens sont des gens du calendrier. Ici, plutôt on s’y prend, mieux c’est", a laissé entendre Kadré Désiré Ouédraogo avant de se féliciter de ce que la délégation lui a brossé comme tableau, en rapport avec les préparatifs. Après avoir pris congé de l’ambassadeur, cap est mis sur le boulevard Léopold II où Stanislas Méda et sa suite avaient rendez-vous avec Africalia, un fidèle partenaire du Fespaco.

Les mots de Michel Ouédraogo sont sans aucun doute allés droit au cœur de Mirko Popovitch, directeur d’Africalia Belgique et de ses collaborateurs, lesquels mots ont salué le ferme engagement de Africalia pour le festival panafricain. "Le Fespaco avec Africalia, c’est un partenariat qui commence avant la biennale et se poursuit toujours après la biennale", s’est réjoui le délégué général. Pour cette 22e édition, Africalia mettra en place l’opération Yèelba qui permettra aux festivaliers belges de se rendre à Ouagadougou à partir de Bruxelles.

Développer des partenariats institutionnels

Le Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et son partenaire historique au développement, l’Union européenne, ont conjointement élaboré un nouveau Programme UE-ACP d’appui au secteur cinématographique et audiovisuel (ACP-Films), géré par le secrétariat ACP et financé sur la ligne intra-ACP du 9e Fonds européen de développement (FED). L’objectif global est de contribuer au développement et à la structuration des industries cinématographiques et audio-visuelles des Etats-ACP, afin qu’elles puissent, entre autres, mieux créer et diffuser leurs propres images. Le secrétariat du Groupe des Etats-ACP sera présent à Ouagadougou, aux côtés des bénéficiaires de son programme ACP-Films.

Pour la délégation du Fespaco, l’avenue du Tyras 75 1120 Bruxelles valait donc bien un détour, histoire de se mettre au même niveau d’information avec le secrétariat, avant l’ouverture officielle de la biennale. Une occasion que la délégation a saisie pour proposer à ses interlocuteurs, aux premiers rangs desquels Mme Michèle Dominique Raymond, sous-secrétaire générale en charge des questions politiques et du développement humain aux ACP, l’établissement d’un partenariat structuré et institutionnel. Pour des projets ACP, "demander au Fespaco de répondre par des appels à proposition, cela est parfois difficile. Nous considérons le Fespaco comme une institution majeure, d’autant qu’elle est reconnue par l’Union africaine, toute chose qui devrait lui permettre de bénéficier d’un régime de faveur", a plaidé Michel Ouédraogo avant d’ajouter qu’avec l’Union européenne, le Fespaco a établi un partenariat qui lui permet de bénéficier de subventions directes plutôt que de subventions passant par des appels à proposition. Une suggestion à laquelle Mme Raymond s’est montrée ouverte, notant toutefois qu’il faudra des voix qui comptent, au niveau institutionnel et politique, lesquelles sont en mesure de "nous apporter le soutien nécessaire quand on aura à faire des propositions au niveau du comité des ambassadeurs ou à une autre instance de notre institution".

Hausse de la subvention de l’UE

Séance de travail aussi à la commission européenne, Rue de la Loi 41, dans la soirée du 10 janvier, avec Denis Solard et Denise Richert, Giorgio Ficcarelli, au cours de laquelle on ne s’est pas montré peu fier de la hausse substantielle de la subvention accordée par l’Union européenne au Fespaco. De fait, en augmentant sa contribution de manière significative - 30 millions d’euros seront consacrés à la culture dont 14 millions d’euros pour le cinéma et l’audiovisuel - soit une augmentation de 75% par rapport aux deux exercices précédents, l’Union européenne "réaffirme sa volonté de voir le cinéma ACP prendre toute sa place dans l’univers du cinéma". De là à créer un jury spécial de l’Union européenne pour le prix qu’elle compte décerner au Fespaco ? Cette option n’a pas vraiment enchanté Michel Ouédraogo qui suggère plutôt que le prix de l’UE soit décerné par le jury officiel du Fespaco dont les membres proviennent de différents pays, ce qui aura pour avantage de donner plus de poids et de crédit au prix.

Quelles sont les retombées du Fespaco ? Des études ont-elles déjà été menées dans ce sens ? ont désiré savoir les interlocuteurs européens. Michel Ouédraogo a partagé leurs préoccupations soulevées. "Nous sommes tout à fait d’accord pour cela, mais il nous faut pouvoir nous doter des ressources nécessaires, car cela demande parfois beaucoup d’argent". Il précisera, plus tard, lors de la conférence de presse organisée le lendemain, 11 janvier 2010 à Bruxelles, au secrétariat du Groupe des Etats ACP, que des études ont été faites pour mesurer les retombées. La première étude ayant été réalisée par le Pr Jacques Guéda, actuel ministre burkinabè en charge de la Prospective, étude qui indiquait déjà les retombées économiques du Fespaco pas seulement pour le Burkina, mais aussi pour l’ensemble de la sous-région. Une deuxième étude, a-t-il ajouté, a été réalisée par le Pr Zéphirin Diabré, à l’époque, ministre en charge de l’Economie, "qui faisait ressortir les mêmes conclusions". Il a néanmoins relevé les difficultés de ce genre d’études qui coûtent cher. "Notre souhait est que, si une étude est menée, elle ne soit pas seulement menée par des experts nationaux, mais aussi un groupe d’experts internationaux", a-t-il poursuivi, remarquant que de telles études peuvent effectivement être "un plus pour consolider l’image du Fespaco et faciliter les rapports entre le Fespaco et ses différents partenaires".

Un bilan sans complaisance de l’édition écoulée

La 2e conférence de presse de Bruxelles a drainé encore plus de monde qu’à l’édition précédente, d’où la satisfaction légitime de l’ambassadeur burkinabè, Kadré Désiré Ouédraogo. Le diplomate burkinabè a rendu un hommage appuyé à tous les soutiens et partenaires du Fespaco pour les efforts inlassables qu’ils consentent pour la promotion de la culture au Burkina Faso en général et pour le rayonnement du Fespaco en particulier. Il s’agit notamment de la commission de l’Union européenne qui n’a cessé d’appuyer le Fespaco dans toutes ses éditions, et du Groupe ACP qui a bien voulu inscrire la promotion du cinéma dans ses activités majeures. Il a, pour finir, rendu un hommage mérité à tous les devanciers du cinéma africain, particulièrement à Sembène Ousmane, à tous les acteurs, réalisateurs, techniciens et promoteurs, aux ministres africains de la culture et aux responsables du festival. Abondant dans le même sens, Michel Ouédraogo, à l’endroit des partenaires, a dit merci pour leur soutien constant au cinéma africain et au Fespaco, avant de relever que dès la clôture de la 21e édition du Fespaco, le 7 mars 2009, le compte à rebours avait déjà commencé, qui indiquait les défis à relever afin que la 22e édition connaisse une parfaite organisation. Selon lui, le défi principal était de faire une profonde introspection de l’édition écoulée, au bilan "mitigé".

Et l’un des résultats palpables de cette réorientation de l’organisation, a-t-il lancé devant un parterre de journalistes, de professionnels du cinéma, de représentants de la commission de l’Union européenne, a été le lancement, le 11 janvier 2011, de la deuxième conférence internationale d’annonce de la 22e édition du Fespaco, permettant ainsi de mettre une vingtaine de jours à profit pour "parfaire notre organisation et vous accueillir dans la dignité. A jour J-46, nous avons la possibilité de dialoguer avec le temps et non de nous lancer dans une course poursuite suffocante et étouffante contre le temps". Il s’est réjoui du fait que sur une prévision de 300 films, le Festival a enregistré au 31 octobre 2010, date officielle de clôture des inscriptions, 475 films, "preuve que la production cinématographique africaine connaît une évolution". Au total, 28 pays africains prennent part à la compétition pour les différentes distinctions du palmarès du Festival. Dix-huit films de fiction longs métrages iront à la conquête du prestigieux trophée de l’Etalon d’or de Yennenga. Sur ces 18 films en compétition pour le grand prix, 6 films seront présentés en première mondiale. Treize films seront sélectionnés pour la compétition court métrage, 22 films pour la compétition des films documentaires, 37 films pour la compétition tv-vidéo (fiction et séries), 10 films pour la compétition des films de la diaspora, 11 films pour la compétition des écoles, soit un total de 111 films pour la sélection officielle.

Des innovations

La grande innovation du Fespaco 2011 sera la compétition officielle des films des écoles africaines du cinéma (11 films d’étudiants représentant 4 écoles d’Afrique du sud, du Bénin, du Maroc et du Burkina). Autre innovation : la section "Afrique vue par" qui comporte une vingtaine d’œuvres de cinéastes du monde "portant un regard personnel sur l’Afrique", indiquera le responsable de la programmation du Fespaco et de la cinémathèque africaine, Ardiouma Soma. Autre changement notable : l’arrêt des inscriptions au 31 octobre 2010, contrairement à 2009 où elles étaient arrêtées au 31 décembre, ce qui ne donnait pas suffisamment de temps pour faire une bonne sélection des films. "Si nous avons décidé cela, a expliqué Michel Ouédraogo, c’est parce que nous avons le souci de mieux organiser les projections de films et faire une sélection de qualité. Car, un festival doit gagner dans la qualité de sa sélection", a martelé Michel Ouédraogo dans la salle C du secrétariat des ACP, ajoutant que "plus de 40 ans après, il n’est plus concevable que des réalisateurs arrivent à Ouagadougou le jour de l’ouverture du Fespaco avec leurs films sous l’épaule. Cela crée forcément des difficultés de programmation si ces films n’arrivent pas à temps".

En tous les cas, à la date du 15 février 2011, a-t-il averti, "les films que nous n’aurons pas reçus seront automatiquement remplacés par des films sur la liste d’attente". Pour ce qui concerne les hommes de médias internationaux, au sujet desquels la date limite des inscriptions pour les accréditations était arrêtée au 31 décembre, Michel Ouédraogo révélera qu’il continue à recevoir des demandes d’accréditation, ce qu’il juge anormal. Recevoir les films tôt, recevoir les accréditations tôt, tout cela contribue à éviter les bousculades, à faire une bonne programmation et une bonne sélection, a-t-il conclu. La conférence de presse à Bruxelles a été l’occasion d’annoncer les noms des présidents des différents jurys officiels. Ce sont Baye Tcha de la Gambie pour les films longs métrages de la compétition officielle, Newton Aduaka du Nigeria pour les courts métrages et prix des écoles de cinéma, Moussa Touré du Sénégal pour les films documentaires, François L. Woukoache du Cameroun pour les films de tv et vidéo et John Akomfrah du Ghana pour les films de la diaspora. La sélection officielle du Fespaco comprend celle en compétition et celle hors compétition. Pour la sélection officielle en compétition, en plus de la compétition officielle des films de fiction courts métrages, des films documentaires, des films de la diaspora, des films de fiction tv vidéo, des séries tv vidéo, il faut noter la compétition officielle des films des écoles de cinéma africain.

Pour les hommages, Sotigui Kouyaté en tête d’affiche

Quant à la sélection officielle hors compétition, elle comprend la section panorama des cinémas d’Afrique et des Caraïbes, la section l’Afrique vue par, la section film du monde, la section séance spéciale et la section hommage (une dizaine de films) qui rend hommage à des pionniers et illustres réalisateurs disparus. Il s’agit de Désiré Niamkey Ecaré, Adama Drabo, Samba Felix N’Diaye, Tierno Fati Sow, André Come Ottong, Mahama Johson Traoré, Amadou Bourou, James Campbell-Badiane, Sotigui Kouyaté, Moustapha Dao, Dominique Zéida et Tahar Chériaa. Une nuit des hommages leur sera consacrée le 26 janvier prochain, date d’ouverture du Fespaco. Sotigui Kouyaté sera la tête d’affiche, "au regard de son immense talent et de ce qu’il représente pour le monde du cinéma. Ce qui ne signifie pas que les autres ne mérite pas de l’être", a tenu à préciser Michel Ouédraogo qui dit toujours être en discussion avec sa famille. Le Fespaco ne se résume pas seulement qu’aux projections de films. Car, à côté de cela, il y a le Marché international du cinéma africain (MICA), la 15e édition cette année, qui se tiendra au SIAO où se dérouleront également toutes les rencontres professionnelles. Un marché où seront présents professionnels, directeurs de chaînes de télévision, etc., qui y seront pour acheter des films.

A Bruxelles comme à Paris où la délégation était attendue pour donner sa deuxième conférence de presse internationale, le 14 janvier, à la cinémathèque française, les préoccupations des festivaliers ont porté, entre autres, sur la fermeture des salles de ciné, les rencontres professionnelles, les retombées du Fespaco, le marché du film, les mesures sécuritaires, vu la proximité du Burkina avec le Niger où, récemment, deux jeunes otages français ont été tués. Sur ce dernier point, Luc Adolphe Tiao, ambassadeur du Burkina en France, le délégué général du Fespaco et le chef de la délégation, Stanislas Méda, ont indiqué que le Burkina ne constitue pas vraiment une menace.


Michel Ouédraogo, délégué général du Fespaco : "Avec les partenaires, nous avons fait l’essentiel"

"Je pense qu’à la fin de cette mission que nous avons effectuée à Bruxelles et à Paris, nous avions un objectif principal : rendre officiellement publique la sélection officielle du Fespaco et porter à la connaissance du public, les présidents de jurys qui ont la charge de juger les prix pour notre palmarès officiel. Ces deux activités tant à Bruxelles qu’à Paris ont été bien menées. Et les participants ont réservé un bon accueil à notre sélection. Les présidents de jurys qui ont été choisis ont bénéficié de la confiance des professionnels. Ce qui fait un festival, c’est sa sélection et la composition de son jury. Une fois qu’il y a une adhésion à sa sélection et à la composition de son jury, je pense déjà que le Festival est placé dans de bonnes conditions pour consolider son image. Je pense que le bilan que nous tirons est satisfaisant. C’est un bilan collectif. Nous sommes venus avec une équipe d’hommes de médias et de responsables du Fespaco.

Chacun a pu jouer sa partition pour que cette mission soit productive. Je pense que la mission du Fespaco a pu faire en sorte que ceux qui sont en Europe soient bien informés sur le festival, eux qui constituent une grande partie des festivaliers venant à Ouagadougou. Ils ont besoin d’être informés sur ce que nous allons entreprendre en termes d’innovations, de projections de films, et de mon point de vue, le message est bien passé. Il nous revient à présent de confirmer tout ce que nous avons dit pour que la 22e édition du Fespaco soit un véritable succès. Lors de la mission, nous avons rencontré plusieurs partenaires, notamment les partenaires institutionnels comme l’Union européenne, ACP-films à Bruxelles avec lesquels le Fespaco a des partenariats très étroits. L’Union européenne intervient massivement à travers une subvention pour l’organisation de la 22e édition. Avec ACP-films, nous allons entamer une nouvelle ère de coopération. Je pense qu’elle sera très porteuse et très fructueuse. Avec l’Unesco qui nous soutient dans l’organisation du colloque, nous avons eu des échanges à Paris.

Pour tout dire, en ce qui concerne nos partenaires, nous avons fait l’essentiel. Quant à nos partenaires des médias, nous venons de renouer avec Canal France international (CFI). Je pense qu’à ce niveau, nous sommes satisfaits des engagements de tous nos partenaires, notamment Radio France international (RFI) et TV5. Nous allons travailler à consolider ce partenariat parce que le Fespaco ne peut se renforcer que dans le cadre des partenariats que nous signons avec les différentes structures, institutions d’Etat et institutions privées. Certes, certains partenariats ne sont pas satisfaisants. Mais il faut faire avec parce que chaque partenaire essaie de donner ce qu’il a. C’est en essayant de travailler avec les uns et les autres que nous pourrons bout à bout, collecter les ressources nécessaires afin de bien organiser notre biennale. Certains partenaires sont parfois très exigeants alors qu’ils ne regardent pas la contrepartie. Mais il faut faire en fonction des capacités des uns et des autres, l’essentiel étant que nous puissions travailler dans l’intérêt du Fespaco".


Mwézé Dieudonné Ngangura, Etalon de Yennenga 1999 : "Pour qui filmons-nous ?"

L’Etalon de Yennenga 1999, Mwézé Dieudonné Ngangura, donne ses impressions à l’issue de la conférence de presse à Bruxelles "Je constate qu’à l’instigation de Michel Ouédraogo, ça devient une tradition d’organiser une conférence de presse du Fespaco ailleurs qu’à Paris, c’est-à-dire en Belgique. Jusqu’à présent, nous étions habitués à la conférence de presse du Fespaco uniquement à Paris. Nous qui vivons à Bruxelles, nous devions tous nous rendre par train à Paris pour aller à Ouagadougou. A Bruxelles, c’est la deuxième fois que cette conférence de presse est organisée. Je trouve que c’est une bonne chose parce que Bruxelles est le siège de l’Union européenne. L’Union européenne qui, semble-t-il, est en train de se positionner comme un grand partenaire du cinéma africain. Elle est l’une des principales sources de financement du cinéma africain. Pour ce qui est du thème retenu cette année, "Cinéma africain et marchés", je pense qu’il est bien choisi.

Car c’est là le véritable talon d’Achille du cinéma africain. Nous avons un cinéma qui existe, mais qui n’a pas de marchés. Un cinéaste africain finit parfois son film et attend que tel ou tel festival vienne lui acheter le film. Cela ne devrait pas se passer comme tel. Parce qu’en réalité, quand on fait un film, on s’attend à ce que des télévisions ou des pays de production l’achètent. Mais ce n’est pas le cas. En plus, sur notre propre continent, il n’y a plus d’exploitation des salles de cinéma. Beaucoup de salles se ferment. Je suis Congolais et je peux vous dire que dans mon pays, il n’y a plus de salle de cinéma. Alors imaginez ce que cela peut vouloir dire, être cinéaste. Les films africains, quand ils font un succès, c’est un succès de prestige. On en parle beaucoup de ce film mais du point de vue des ventes, on ne sait pas ce que le film a rapporté. Ce thème est donc incontournable d’autant plus qu’on se demande parfois pour qui on fait du cinéma africain. Pour qui filmons-nous ? Cette question devrait être résolue. Il fut pourtant un temps où le cinéma marchait bien en Afrique. Je me souviens de l’époque où j’ai fait le film "La vie est belle". Au Mali, il y avait deux projections par soir.

Le public était très régulier dans les salles de cinéma. Mais actuellement, c’est très difficile, les salles se ferment. Et comme les salles n’existent plus, on n’a même pas de distributeurs qui puissent s’intéresser à nos films et à leur production. La solution peut être d’ordre politique. Les autorités africaines doivent comprendre l’importance de la culture. Les ministères de la Culture ne doivent pas devenir les parents pauvres de nos gouvernements. Ces ministères doivent pouvoir disposer de moyens suffisants. Les institutions occidentales comprennent que la culture est aussi un facteur de développement. On a l’impression que seuls nos pays ne l’ont pas encore compris".


Réactions après la conférence de presse de Paris

Adama Roamba, réalisateur burkinabè : "On est parti pour une très bonne édition" "A entendre ce qui a été dit lors de la conférence de presse de Paris, on ressent une certaine fierté. On est content de savoir qu’il y a de l’amélioration au Fespaco au vu des grandes lignes qui ont été annoncées, et l’autocritique du Fespaco. C’est très rare. Le Festival a pris une maturité telle que je pense qu’on est parti pour une très bonne édition. J’espère que tout se passera bien et que la fête sera belle. Le Fespaco a pris ses responsabilités en raccourcissant le temps d’inscription des films. On ne peut pas visionner plus de 400 films en un mois et sortir une sélection de qualité. Toutes ces innovations font que je crois qu’on aura un très bon festival. Les longs métrages tournent d’habitude autour de 20 films. J’ai constaté que cette année, il n’y a que 18 films. C’est bien parce que le jury a le temps de bien visionner tous les films et de ne pas être débordé. Ce sont de bonnes initiatives et tout cela est de bon augure. Je crois que si la conférence de presse à la cinémathèque a enregistré une très forte participation, c’est que chacun voulait découvrir les innovations à cette édition. On a compris qu’il y a un changement interne. Comme quoi on va vers le professionnalisme, qui permettra aux professionnels du cinéma de vivre réellement l’art du cinéma".

Françoise Casano, vice-présidente de Femme Avenir, association affiliée à l’UMP : "Mon rêve, c’est prendre part au Fespaco"

"J’avais envie de savoir ce qu’est le Fespaco et là j’ai une perception nette après être venue à cette conférence de presse. Je peux comprendre ce que le Fespaco représente pour le Burkina. J’ignorais qu’il était vieux de plus de 40 ans et qu’il se tenait tous les deux ans. J’ai beaucoup aimé l’enthousiasme. J’adore le Burkina. J’y suis allé plusieurs fois. Si pour moi le Fespaco était quelque chose d’assez abstrait, maintenant, cela l’est beaucoup moins à présent. Je ne rêve maintenant que d’une chose : y prendre part un jour".

Marie Dominique Blohorn présidente de l’Alliance francophone Espagne : " J’adore le Burkina" "J’ai déjà participé au Fespaco. J’avais vraiment admiré l’organisation. J’avais trouvé que c’était formidable, malgré ce que le délégué général évoquait comme difficultés dans l’organisation. Quand on y assiste, on ne s’en rend pas compte du tout. C’est fluide, on peut aller voir les films. On est extrêmement bien reçu au Burkina. On a un sentiment de sécurité absolue et totale. Je retiens de la conférence de presse de Paris que la cinémathèque était pleine, ce qui démontre l’intérêt porté au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Je retiens également qu’il y a eu un foisonnement de questions, et le temps n’était pas suffisant pour toutes ces questions. Cet énorme intérêt m’a frappée, et je pense que c’est très prometteur pour l’avenir. J’adore le Burkina et je ne suis pas la seule dans le cas. Les Burkinabè sont des gens qui bénéficient de l’estime quasi générale par leur sens du devoir, leur courage au travail et leur sens des responsabilités et de l’intégrité".

Cheick Beldh’or SIGUE, envoyé spécial à Bruxelles et à Paris

Le Pays

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