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BURKINA : "Nous attendons des réformes inclusives et globales"

Publié le mardi 11 janvier 2011 à 01h00min

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Les auteurs de la présente déclaration se disent favorables aux réformes politiques annoncées par le chef de l’Etat Blaise Compaoré, à condition que celles-ci soient véritablement innovantes et répondent aux aspirations des plus démunis.

Si la parole a encore un sens au Burkina Faso, la nouvelle mandature du président du Faso sera fortement influencée par les réformes. Beaucoup ont demandé que l’on tourne les yeux, en raison de nos difficultés présentes et futures (desquelles découle de plus en plus l’incapacité du pouvoir d’Etat à y faire face) vers nos impasses de gouvernance et que l’on fasse une pause pour évaluer ensemble les meilleures façons de gérer cette situation inédite. Refondation, renaissance, réformation, modernisation de l’Etat, forum national, Pacte transversal pour une nouvelle gouvernance ..., sont ici quelques concepts qui traduisent ce besoin ressenti par le corps social dans toute sa diversité. Alors que cette exigence était querellée par ceux qui estimaient que le pays n’en était pas à ce point demandeur, le chef de l’Etat, le 11 décembre 2009, sortant de son silence, a mis d’accord les uns et les autres, en appelant solennellement les citoyens, par-delà leurs structures organisées, à réfléchir sur les réformes pour approfondir notre démocratie tout en conformant mieux notre gouvernance à nos réalités.

En tant que Burkinabè conscients de notre devoir d’apporter notre contribution à l’entreprise à venir, et au surplus sollicité par cet appel, nous estimons devoir nous situer. Nous situer par rapport à son opportunité, son mode opératoire comme aux chantiers prioritaires qu’elle devrait induire. Nous disons d’abord que réformer est une démarche utile, une hygiène de vie propre à tout individu, à toute collectivité humaine organisée, privée ou publique, préoccupée de sa survie. La préservation des acquis, c’est aussi une nécessité mais son seul souci jusqu’à la sacralisation de l’immobilisme, débouche sur la sclérose institutionnelle, l’apoplexie sociétale. Il nous faut donc à intervalles réguliers, nous remettre en cause, repenser nos comportements, nos modes de gestion.

C’est cet idéal de soumission aux forces de la dialectique, de la confrontation du droit de décider à l’obligation de rendre des comptes, qui incarne ce qu’on appelle la gouvernance responsabilisée. Nous adhérons donc au principe pour peu qu’il tende à garder le meilleur de nos acquis tout en comblant les lacunes qui, il faut le reconnaître, ont à bien des égards affligé notre gouvernance nationale. Ensuite, le mode opératoire, nous le voyons dans l’association de toutes les catégories socioprofessionnelles, de toutes les régions, de toutes les classes d’âge, de toutes les opinions, dans l’ œuvre de réformation ; une œuvre qui doit nous permettre, sans sectarisme, sans volonté de revanche, de faire le juste bilan pour dégager un consensus qui soit la base de la conclusion du nouveau contrat social dont le besoin se fait sentir.

S’agissant enfin des domaines prioritaires qui doivent nous interpeller dans ce travail, nous plaçons ceux, à vocation innovante, qui touchent le plus grand nombre de Burkinabè, ceux qui peuvent être les déclencheurs d’une nouvelle politique économique et sociale. Nous trouvons que les propositions de réformes qui ont été faites jusqu’à présent, sauf celles venant de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), se focalisent surtout sur les domaines institutionnels et politiques, la création d’un Sénat.

D’autres considèrent la question de l’article 37 comme étant le préalable, la question non soluble dans un ensemble de réformes. Si nous affirmons notre attachement aux réformes institutionnelles et politiques pour adapter, moderniser l’appareil de la gouvernance, rééquilibrer les pouvoirs des organes institués, limiter les mandats..., nous attendons des réformes inclusives, globales. Nous en attendons une réorientation de nos politiques pour engager plus d’interventions infrastructurelles dans l’ensemble du pays afin de combattre la fracture sociale mais aussi la fracture nationale qui cause des déséquilibres frustrants entre les régions de notre pays.

Nous en escomptons des actions plus fermes à engager pour que les domaines de la santé, de l’éducation, reçoivent beaucoup plus d’interventions de la part de l’Etat, que les marchés publics (qui jusque-là ne profitent qu’à une minorité) soient plus équitables, plus transparents. Les réformes pour nous, doivent surtout créer un véritable électrochoc qui draine les décisions vers plus de respect du principe de subsidiarité, vers plus de déconcentration, de transferts sociaux mais surtout de décentralisation démocratique. Moins céder à la construction frénétique de mégapoles, communiquer cette envie de fréquenter, de s’installer dans l’arrière-pays ; bref, inverser l’exode rural en encourageant comme un retour aux sources sera nécessairement à la base d’investissements structurants et de meilleures harmonies sociales, écologiques et nationales.

C’est en ce sens que nous considérons qu’il sera très important de se pencher entre autres sur les propositions liées à l’assurance santé universelle, au salaire minimum notamment aux plus démunies, au chômage des jeunes, à la préservation de l’Environnement, à l’accessibilité des zones rurales, à l’accélération de l’intégration régionale, à une décentralisation véritablement démocratique donnant les moyens spécialement à nos régions (sous la protection d’un système de péréquation performant) de gérer leurs propres affaires, ce qui va engendrer la création de richesse pour tous.

C’est pourquoi nous encourageons fortement la promotion de cette politique, vecteur de croissance économique, de développement social et qu’en conséquence, nous demandons que le mandat du chef de l’Etat qui vient de commencer en soit fortement imprégné. Cela permettra que la majorité des Burkinabè, que l’on gargarise au maximum avec le taux de croissance positif et consolidé, avec la promesse des fruits de l’émergence, émergent un peu de leurs angoisses et autres incertitudes de la vie. Ce sera déjà ça de gagné dans une société en crise croissante de solidarité que l’on berce de l’illusion de lendemains meilleurs quand elle ne voit que l’opacité de son avenir.

Ouagadougou, le 30 décembre 2010 Ont signé :

- OUEDRAOGO Juste Amadé, Ingénieur des Travaux publics
- DRABO Gourafoma, Sociologue
- OUEDRAOGO Mamouni, Administrateur des Services financiers
- ZONGO Paul, Ingénieur du Développement rural
- BAZEMO Guy Hermann, Psychopédagogue
- ILBOUDO Issouf, Agent du Trésor
- YAMEOGO François, Professeur
- OUEDRAOGO Issa, Economiste, Administrateur des Services financiers
- KONATE Moussa, Ingénieur
- OUEDRAOGO K. Alexandre, Contrôleur du Trésor
- YAMEOGO W. Claire, Pharmacien
- Dr HEMA Jean-Claude, Professeur d’économie à l’UPB
- DAO Adama, Philosophe
- BASSOLE Djénéba Naké, Sociologue

Le Pays

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