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Les résultats d’un sondage sur les relations occidento-musulmanes préconisent l’action et l’interaction

Publié le samedi 8 janvier 2011 à 19h48min

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Un sondage effectué récemment dans différents pays musulmans et occidentaux révèle que l’idée d’une plus grande interaction entre le monde musulman et l’Occident est plutôt vue d’un bon œil et non comme une menace par la grande majorité des personnes interrogées. Plus précisément, en moyenne, 59% des sondés dans 48 pays considèrent une plus grande interaction comme bénéfique.

Ces révélations sont tirées d’un nouveau rapport intitulé : « Measuring the State of Muslim-West Relations : Assessing the New Beginning » ( « Bilan des relations occidento-musulmanes : évaluation du « nouveau départ »). Publié en novembre dernier par le centre Gallup d’Abou Dhabi, ce rapport se fonde sur un sondage mené auprès de plus de 100 000 personnes, dans 55 pays, sur une période allant de 2006 à 2010. Il remet sérieusement en question la théorie du « choc des civilisations » du spécialiste en sciences politiques, Samuel Huntington, et montre que, pour la majorité des personnes dans les pays où l’enquête a été menée, l’interaction entre Occidentaux et musulmans serait plutôt une bonne chose et n’aurait rien d’inquiétant.

Le rapport révèle que la moitié des musulmans interrogés considère que l’Occident ne respecte pas les sociétés musulmanes et que, pour que cela change, les Occidentaux devraient s’abstenir de profaner leurs symboles religieux. Les musulmans souhaiteraient également voir davantage de personnages musulmans authentiques dans les films – ce qui ne manque pas de surprendre mais montre en même temps le rôle important que jouent les films dans la promotion du respect entre les sociétés musulmanes et américaine.

A noter une chose peut-être plus importante encore : les chercheurs affirment que religion et politique jouent un rôle essentiel dans le désir des gens de s’engager.

Quarante pour cent des musulmans sondés dans la région du Moyen-Orient et de
l’Afrique du Nord considèrent que les différends politiques sont la principale cause de tensions entre musulmans et Occidentaux ; ils ont également tendance à croire que les conflits violents peuvent être évités. A 35%, les personnes interrogées aux Etats-Unis et au Canada estiment que les différends politiques sont à l’origine des tensions et 36 pour cent pensent que la cause en est religieuse ; enfin 40% des musulmans interrogés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pensent que la religion est la cause principale des tensions.

Ceux qui ne sont pas prêts d’accepter plus d’interaction entre le monde musulman et l’Occident ont tendance à penser que les tensions sont dues à des différences religieuses. Les personnes pour qui la rupture occidento-musulmane est d’origine religieuse sont beaucoup moins optimistes quant à la possibilité d’éviter un conflit.

Selon le sondage Gallup, les personnes pour qui la religion est la source des tensions existantes ne sont pas prêtes pour une interaction accrue et auront tendance à ne jamais l’être.

Le sondage Gallup montre également que, tous bords confondus, il y a une grande corrélation entre le niveau d’éducation et le fait d’être prêt à considérer une plus grande interaction entre musulmans et Occidentaux comme une bonne chose.

Pour faire évoluer la situation, Gallup recommande aux dirigeants musulmans et Occidentaux de se concentrer sur la résolution des problèmes politiques plutôt que des conflits religieux. Cela doit se faire par l’adoption de mesures justes, à la fois pour les pays musulmans et occidentaux, prenant correctement en compte les différences culturelles de chacun. L’assouplissement des restrictions en matière de visa pour les étudiants et les touristes en provenance de pays musulmans souhaitant se rendre aux Etats-Unis en serait un exemple. Ce geste augmenterait le nombre de touristes musulmans dans le pays et permettrait des échanges culturels qui, à leur tour, conduiraient à une meilleure entente des uns et des autres.

La dernière partie du rapport est consacrée à la façon dont les gens perçoivent la situation dans trois régions de conflit aigu : l’Afghanistan, l’Irak, et Israël et les Territoires palestiniens. Les personnes sondées ont donné leur opinion sur les réalités quotidiennes ainsi que sur la question d’une plus grande interaction entre musulmans et Occidentaux. Dans son rapport, Gallup a inséré des recommandations sur d’éventuelles mesures à prendre pour répondre à des besoins locaux en Irak et en Afghanistan. Cependant aucune recommandation n’a été faite par rapport à Israël et aux Territoires palestiniens. Ce conflit étant la plus grande source de tensions entre les communautés musulmanes et les Etats-Unis, les lecteurs du rapport auraient pourtant apprécié des recommandations à ce propos. C’est peut-être justement parce qu’il s’agit d’une question si épineuse que Gallup a préféré faire l’impasse à ce sujet.

Suite au discours que le président Barak Obama a prononcé au Caire en juin 2009, les échanges occidento-musulmans se sont multipliés ; on peut citer en exemple des « programmes de promotion de l’entreprenariat, les échanges d’étudiants et d’universitaires, des partenariats pour la recherche médicale, ainsi que des programmes en faveur de l’éducation des femmes dans les sociétés à majorité musulmane ». Cependant, certains sceptiques pensent que le véritable changement n’a pas encore eu lieu. Au début de l’année 2010, le leadership américain a été moins soutenu par différents pays arabes, probablement parce que, Barak Obama n’a pas été à la hauteur des attentes du monde arabe et des changements espérés.

Ce qui ressort aussi clairement de ce rapport c’est que, en dépit d’un certain progrès dans les relations occidento-musulmanes, il reste encore beaucoup à faire.


* Sara Reef est directrice de Cross Cultural Initiatives (projets interculturels) au sein de l’organisation Intersections International. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).

Source : Service de Presse de Common Ground (CGNews)
www.commongroundnews.org

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