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La CEDEAO sur la crise ivoirienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

Publié le jeudi 6 janvier 2011 à 00h50min

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Dans l’actuelle crise poste-électorale en Côte d’Ivoire, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), et partant la communauté internationale qui la soutient, se voulait très ferme dans son bras de fer vis-à-vis du président Laurent Koudou Gbagbo qu’elle sommait de remettre, s’il ne voulait pas subir les foudres d’une intervention militaire, son pouvoir « usurpé » au président Alassane Dramane Ouattara. Mais, le langage va-t-en guerre de l’organisation ouest-africaine s’est considérablement assoupli depuis le retour le 3 janvier dernier de ses émissaires d’Abidjan. L’option militaire indiquée au départ comme imminente est de moins en moins précise, avec l’annonce de la poursuite des négociations, au grand dam des partisans de la manière forte pour déloger Gbagbo du palais de Cocody.

Jamais, en dix ans de pouvoir, Gbagbo n’avait fait l’objet d’une aussi forte pression de la part de la communauté internationale. De Nairobi à Washington, en passant par Abuja, Paris, et Bruxelles, le président sortant est invariablement invité à céder, incessamment, son fauteuil à son rival Alassane Dramane Ouattara (ADO), reconnu comme le vrai vainqueur du second tour du scrutin du 31 octobre 2010.
Et c’est dans ce contexte de pression tous azimuts, que la mission du 3 janvier avait été annoncée comme celle de la dernière chance pour Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir à ADO.

Mais, contre toute attente, c’est un autre langage qui se tient après la mission. A commencer par les émissaires qui ont laissé entendre à l’issue de leurs entretiens avec les protagonistes que les discussions se poursuivaient, se permettant même d’afficher tous des visages illuminés, alors qu’ils étaient plus considérés comme des porteurs du message de fermeté de la CEDEAO, pardon, de la communauté internationale, que des négociateurs. Les partisans de l’intervention militaire étaient loin de s’imaginer ce revirement, surtout après tout ce qui a été brandi ça et là comme menaces en l’encontre du locataire du palais de Cocody. Mais, ils n’étaient encore au bout de leur surprise.

Puisque le lendemain, 4 janvier, c’est le président en exercice de la CEDEAO Jonathan Goodluck, himself, qui entérinait les propos des émissaires, en parlant de crise dans l’impasse ou d’une crise qui ne pouvait pas se résoudre en une semaine, alors que la mission du 3 janvier était censée clarifier la position de l’organisation régionale quant à la possibilité d’une opération militaire en Côte d’Ivoire. Ainsi, le dialogue reste encore l’option privilégiée par la CEDEAO, avec un éventuel retour en vue des émissaires à Abidjan. Au grand dam du président Ouattara, pour qui, « les négociations sont terminées ». Mais, que peuvent bien faire ADO et ses hommes, retranchés qu’ils sont dans leur Golf Hôtel.

Chasser le naturel, il revient au galop

Mais, au fait que s’est-il passé pour que la Communauté internationale se démotive aussi vite à entreprendre une action militaire ? Qu’est-ce que Gbagbo a bien pu dire de rassurant aux émissaires de la CEDEAO et de l’Union africaine pour que l’usage de la force devient subitement moins nécessaire dans la crise ivoirienne ? Les partisans du dialogue sont –ils si sûrs de tenir le bon bout, surtout avec Gbagbo ? Ces questions, on se les pose et se les repose, tellement les choses sont allées très vite. En effet, après Goodluck, c’est Sarkozy qui laissait entendre que les troupes françaises en Côte d’Ivoire n’avaient pas vocation à s’immiscer dans les affaires ivoiriennes. Du côté américain, c’est un Haut responsable de l’Administration Obama qui indiquait que les Etats-Unis étaient disposés à accueillir Gbagbo s’il acceptait lâcher le pouvoir.

Visiblement, la Communauté internationale, ayant certainement constaté ses limites à faire plier par la pression le président sortant, est en train de retomber dans ses tares habituelles, caractérisées par l’inaction, le laisser-faire. Comme on dit, Chasser le naturel il revient au galop. On a l’impression que les pressions exercées sur le pouvoir Gbagbo suffisent déjà à certains acteurs de la Communauté internationale pour se donner bonne conscience. Ainsi, ils auraient tout tenté sans résultat.

Pourtant, les enjeux pour la promotion de la démocratie en Afrique et l’image des organisations communautaires dans le monde commandent aux animateurs actuels de la communauté internationale de concrétiser leur engagement, en faisant en sorte que le résultat des suffrages des Ivoiriens soit respecté. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faut forcément recourir à la force militaire pour régler la crise en Côte d’ivoire. Le dialogue n’est pas une option à négliger. Mais, pourvu que les résultats suivent ! A contrario, c’est la montagne qui risque bien d’accoucher d’une souris.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 janvier 2011 à 11:11, par Mr Digbeu En réponse à : La CEDEAO sur la crise ivoirienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

    La CEDEAO doit faire partir l’usurpateur Gbagbo de force sans delai si elle veut qu’on continue a la respecter.Le monde entier compte sur le Nigeria,le Senegal,le Niger et le Burkina pour cette mission salutaire.Mais je suis vraiment abattu par le comportement surtout du Mali,du Ghana et de la petite Gambie qui jouent au traite dans cette communaute,oubliant qu’ils pourraient etre sauver demain par la meme communaute s’ils se trouvaient dans le meme cas.Donc vivement que ces Etats cites se ressaisissent.

    • Le 10 janvier 2011 à 22:40, par brihiawidi En réponse à : La CEDEAO sur la crise ivoirienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

      super, tu n’a vraiment rien compris. Sais tu la vérité sur ces élections ? regarde un peu les PV des bureaux de votes avant de te livrer à des commentaires dénudes de tout sens. Allez à la source et lisez la constitution de la cote d’ivoire. nous ^pouvons aussi nous conduire comme des voyous

  • Le 6 janvier 2011 à 14:19, par simple En réponse à : La CEDEAO sur la crise ivoirienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

    Ce n’est pas la montagne qui va accoucher d’une souris mais c’est une souris qui va se retrouver sur une montagne d’une hauteur qu’elle n’imagine pas.

    • Le 6 janvier 2011 à 20:41 En réponse à : La CEDEAO sur la crise ivoirienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

      Et la montagne dans ton beau cas va etre le peuple. Il a toujours raison. Meme contre les Illumines qui se cachent derriere les Grandes Causes comme le patriotisme, l e nationalisme, la revolution. Ils ne sont pas des macons. Du moins, ce sont de pietres macons, qui une fois au pied du mur, ne peuvent que detruire le mur. Nous devons nous charged d’ eux. Nous allons nous charger d’ eux. Rendez- vous sous peu, Mr. Le Simple d’ esprit.

      LOP

      • Le 7 janvier 2011 à 22:06, par simple En réponse à : La CEDEAO sur la crise ivoirienne : La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

        Mr LOP On dit véritablement la même chose si je me trompe pas peut être.
        Dans mon raisonnement :

        la souris représente tous ces gens qui cherchent résoudre les problèmes par la force et la hauteur de la montagne ce sont les dégâts(humains,économiques et autres......... ) inimaginables.

        On peut savoir quand un conflit(Guerre) démarre mais on saura pas quand ça finira.

        Alors prônons le dialogue pour imposer la décision du peuple et laissons les africains réglés désormais leurs propres problèmes. Si après au mois 50 ans indépendance, L’UA, LA CEDEAO et les autres institutions africaines n’arrivent vraiment pas à débloquer des situations dans le dialogue ce sera dommage pour l’Afrique.

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