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Editorial des Editions "Le Pays" : Afrique d’aujourd’hui, Afrique de demain, la quête d’un meilleur futur

Publié le mardi 4 janvier 2011 à 01h05min

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Cheick Beldh’or SIGUE, Directeur général, Directeur de Publication des Editions "Le Pays"

Après avoir poussé son dernier soupir, l’an 2010 vient de s’endormir dans la sépulture du temps. Son ultime et magnanime immersion dans les profondeurs du néant, est ainsi consommée. L’année qui s’éteint insuffle vie et propulse haut dans le firmament, sa sœur cadette 2011. 2010 s’en est donc allé, rappelant à la race humaine sa misérable condition de mortel, tant il est vrai que les quelques années que chacun a peut-être à exister, disparaîtront jusqu’à la dernière devant l’infinité du temps. La mort, tel est, hélas, le destin de notre vie à tous. Dans le grand livre du temps, une page vient encore d’en chasser une autre. Toutes les années sont ainsi faites qu’elles connaissent le même sort : l’une après l’autre, elles se laissent broyer par la moulinette des âges. 2011 obtient ainsi ses droits à la succession.

2010 s’achève, hélas, dans le vacarme assourdissant d’un monde tourmenté. Un monde sur les rebords duquel Dieu qui s’est assis, s’afflige certainement de voir ce que sa Créature censée être à son image en a fait. A ce propos, que dire du mélodrame ivoirien, aboutissement prévisible d’un héritage mal assumé ? Bâtisseur et grand rassembleur devant l’Eternel, le "Vieux" devrait aujourd’hui se retourner dans le caveau familial des Houphouët-Boigny. De havre de paix qu’elle a jadis été, la paix dont l’illustre planteur aimait à répéter "qu’elle n’est pas un mot, mais un comportement", et à laquelle il était, de toute évidence, bien plus attaché qu’à sa glèbe, la Côte d’Ivoire est passée à un pandémonium qui l’extirpe de la farandole des grandes nations.

Mais si ses successeurs au faîte de l’Olympe, après la mort du "Vieux", ont, à des degrés divers, failli, Laurent Koudou Gbagbo est certainement le moins excusable de tous. Comment, en effet, pouvoir pardonner à l’historien qu’il est, d’avoir perdu à ce point le sens de l’Histoire, de sorte à en rater l’ultime virage au moment où le destin lui tendait pourtant la main ? Au terme d’une longue et pénible randonnée électorale dont on espérait qu’elle débarrasserait enfin le pays de sa grotesque prothèse d’Etat d’exception, la Côte d’Ivoire se voit à nouveau dansant sur un volcan. Et ce, par le seul fait d’un ostrogoth politique manifestement bouché à l’émeri, qui aurait eu plus à gagner en se retirant sur l’Aventin après son Waterloo électoral, qu’en se montrant à ce point mauvais perdant. Il se serait incliné devant la sanction du peuple ivoirien qu’il aurait quitté la scène la tête haute.

Au demeurant, ce scrutin historique aurait pu lui offrir une chance inouïe de se réconcilier avec la Côte d’Ivoire et l’Histoire, et mieux, de figurer au Panthéon des Grands hommes ! Car, après tout, n’est-ce pas par lui que le pays accède aux véritables premières élections pluralistes ? Laurent Gbagbo, "père de la démocratie pluraliste" en Côte d’Ivoire, "artisan de paix" ? Une image d’Epinal qu’il aura à présent du mal à incarner. Laurent Gbagbo, Néron des temps modernes ? Une caricature qui semble mieux lui seoir, tant l’homme aura fait peser de tout leur poids, sur la fragile bascule de la paix et de la réconciliation nationale, les intérêts personnels de son clan au détriment de l’intérêt général, et conduit ainsi la Côte d’Ivoire à la dérive. L’usurpateur Gbagbo triompherait du bras de fer absurde qu’il oppose au président élu de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, que cela créerait un dangereux précédent dont l’Afrique voudrait bien faire l’économie. Assurément, cette race de dirigeants qui n’entend céder le pouvoir qu’à la seule condition qu’on lui "passe sur le corps", l’Afrique n’en a pas besoin.

Cela dit, et toute proportion gardée, un Gbagbo en cache sans doute bien d’autres sur ce continent parce qu’ils ont tellement du mal à intégrer leur départ au sein de leur corpus réflexif qu’ils n’hésiteront pas à céder aux tentations de Thanatos. De fait, sous les paillettes d’une démocratie parfois bien plus destinée à la consommation extérieure, se cachent bien souvent des dictatures sophistiquées qui bouchent toute voie à une alternance démocratique et apaisée. Pauvre Afrique qui, dans l’ensemble, s’accommode manifestement mal de ses godillots "démocratiques" ! L’ancien président français, Jacques Chirac, avait-il tort de dire de la démocratie qu’elle était un luxe pour l’Afrique ? Un luxe peut-être, mais pas un obstacle rédhibitoire, si l’on en juge par les quelques rares expériences réussies sur le continent.

Tout près de nous, le Ghana, le Bénin, le Mali, des pays bel et bien africains où la scène électorale tourne rarement au vaudeville. Et comment passer sous silence la "primipare démocratique", la Guinée, sortie des ténèbres de la dictature et de la terreur sur fond de tragédie, pour voir enfin se lever sur ses massifs montagneux, le soleil des espérances nouvelles ? Comment ne pas non plus avoir de la déférence pour le Niger qui réapprend à marcher, après la balle que lui a tirée dans le pied un triste colonel devenu président, qui croyait ainsi stopper la remarquable marche de son pays vers un avenir démocratique qui promettait ?

Quant à la Somalie, vouée ad infinitum au désastre de la fatalité, à Madagascar qui peine toujours à se dépêtrer du marécage de l’instabilité dans lequel il patauge, depuis qu’un primesautier golden boy assoiffé de pouvoir, s’est pris à rêver d’un destin national et à franchir la barre du démocratiquement tolérable, ces deux pays se présentent comme les deux balafres qui entaillent la joue droite du continent. Sur un tout autre plan, l’année 2010 aura consacré les cinq décennies d’indépendance de dix-sept anciennes colonies françaises. Cinquante ans après s’être affranchis de la tutelle hexagonale, que sont devenus ces Etats ? Qu’ont-ils fait de leur indépendance ? Question à mille tiroirs et à laquelle chacun y est allé de son opinion. Une certitude, en tout cas : sous l’angle de l’économie et de ses rapports avec le reste du monde, la voix de l’Afrique dans les instances internationales compte de plus en plus. Le poids et le rôle du continent se renforcent chaque jour davantage, si l’on en juge seulement par l’émergence de ses nouveaux partenariats structurés à travers le monde.

L’Afrique d’aujourd’hui présente de bonnes perspectives économiques avec des prévisions de croissance de 5,5% pour 2011 dans sa partie sub-saharienne, et un environnement des affaires attrayant. Oui, l’Afrique n’est pas que maux, souffrances et lamentations (conflits armés, famine, misère, maladies, etc.,) à l’image des dix plaies maudites qui s’abattirent sur l’Egypte. Il y a aussi cette Afrique qui bouge, se construit, entreprend, réussit, et qui est en mesure de relever les défis. Comme ce challenge relevé par l’Afrique du Sud, dont certains doutaient pourtant de la capacité à organiser avec maestria la Coupe du monde 2010. Le coup d’essai fut un coup de maître qui fit la fierté de tout un continent.

Il reste cependant évident que ce continent a encore un long chemin à parcourir dans sa quête du développement et du mieux-être. Mais comment arriver, comment faire le grand bond qui le propulse en avant alors qu’il n’est toujours pas en mesure de brûler les scories de l’immobilisme et des mauvais choix politiques, de se débarrasser de ses mauvaises habitudes, tels la corruption, les conflits, et autres faix pesants qui continuent à plomber ses ailes ? Et dire que certains chefs d’Etat n’ont pas encore réglé certains fondamentaux du développement qu’ils se prennent déjà à rêver d’émergence pour leur pays ! Quelle émergence, pour qui et comment ? Pour les Etats qui en agitent les grelots, il faut souhaiter qu’elle ne soit pas celle qui fera des capitales africaines toujours en construction, des pôles de modernité pendant qu’à quelques kilomètres à la ronde, sur les villages, le Minotaure de l’obscurantisme et de la misère crasse continuera à projeter son ombre maléfique. Et que dire de cette jeunesse africaine qui ne demande qu’on l’aide à tracer les sillons où elle pourra enfouir les semis d’un avenir qui chante ?

Cela dit, 2010 aura été une année relativement calme et sans grand bruit. La grande vague des expéditions punitives de l’Oncle Sam, visant à répandre l’évangile démocratique sur fond de liberté et à se mettre à l’abri du mal, est retombée. On est loin, en tout cas, des années de braise incarnées par George Bush. Mais laissons à Atlas sa mission prométhéenne de porter le globe terrestre sur ses épaules, et intéressons-nous plus spécifiquement à ce que nous avons en commun : notre chère patrie, le Burkina Faso. Comment parler aujourd’hui du Burkina sans parler de sa diplomatie qui brille comme la pleine lune ? De la consolidation de sa place en Afrique et dans le monde, à sa contribution à l’intégration régionale, en passant par sa participation à la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique et dans le monde, ce pays aura été de bien des combats qui n’auront pas été vains. Loin s’en faut. Mais, s’il s’est construit une bonne réputation à l’étranger, le Burkina devrait se prémunir contre les périls qui le guettent à l’intérieur. Quant au quotidien indépendant "Le Pays", il réitère chaque jour sa fidélité au contrat de confiance qui le lie à ses milliers de lecteurs depuis un certain 3 octobre 1991. Bonne année à tous les Burkinabè. Heureuse année à toute la communauté adamique.

Cheick Beldh’or SIGUE, Directeur général, Directeur de Publication des Editions "Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 4 janvier 2011 à 02:08, par LeBurkidePuteau En réponse à : Editorial des Editions "Le Pays" : Afrique d’aujourd’hui, Afrique de demain, la quête d’un meilleur futur

    Le Burkina devra se prémunir contre les périls qui le guettent à l’intérieur. Et c’est à peu près tout dans cet edito pour ce qui concerne le Burkina.
    C’est vrai, l’exercice de l’édito est libre et l’auteur en fait ce qu’il veut.
    Mais quand je me remémore l’édito historique du père SIGUE l’année passée à la même période, je crois que celui ci est d’un piètre niveau navigant dans des lieux communs.
    Le père SIGUE avait eu le courage de prendre position contre la modification de l’article 37 annoncée.

    Au Burkina, on préfère voir la paille dans l’oeil du voisin ivoirien oubliant la poutre à nos yeux. Car il ne faut pas l’oublier, quant au fond, ce qu’est en train de faire Gbagbo en CI n’est pas différent de ce qu’a fait et compte faire Blaise Compaoré au Burkina, à savoir abuser de la légalité conférée par les textes pour usurper le pouvoir.
    Il faudra qu’on y réfléchisse.

    Bonne année à tous, à Lefaso.net et à tous les forumistes. En avant pour des débats encore plus constructifs et une vigilance démocratique sans faille en 2011.

  • Le 4 janvier 2011 à 12:51 En réponse à : Editorial des Editions "Le Pays" : Afrique d’aujourd’hui, Afrique de demain, la quête d’un meilleur futur

    Très compliqué à comprendre. Français trop lourd ! J’ai zappé.

  • Le 5 janvier 2011 à 07:30 En réponse à : Editorial des Editions "Le Pays" : Afrique d’aujourd’hui, Afrique de demain, la quête d’un meilleur futur

    Prochainement, faut sourire un peu quand tu prends foto.

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