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Pograwa Moumouni, président de CSAH : Faire de l’idéologie de Thomas Sankara une doctrine

Publié le mercredi 5 janvier 2011 à 03h33min

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Moumouni Pograwa est le président du collectif des sankaristes africains pour l’humanité qui est un mouvement sankariste. Ce mouvement a été mis sur les fons baptismaux le 15 aout 2010 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Actuellement au Burkina Faso, dans le cadre des contacts qu’il est en train de prendre avec les différents mouvements sankaristes d’Afrique, nous l’avons rencontré pour qu’il nous décrypte l’importance de ce mouvement.

Qu’est-ce qui vous a motivé à mettre en place ce collectif ?

L’idée nous est venue depuis 2006, lorsque nous avons participé au forum social à Bamako au Mali. Au cours de cette rencontre, Thomas Sankara a été désigné comme modèle de la jeunesse africaine. Et également en 2007 en Nairobi au Kenya lors de ce même forum. Nous nous sommes dit que s’il y a une telle unanimité sur la pertinence de la pensée et de l’idéologie de l’homme, alors pourquoi ne pas faire de cette idéologie une doctrine. Il y a certains problèmes que nous vivons aujourd’hui et que Thomas Sankara avait déjà identifiés et avait même proposé des solutions. Nous nous sommes donc posé la question de savoir comment nous pouvons adapter des chemins ou des solutions que Thomas Sankara avait tracés pour essayer de régler certains problèmes dans le contexte mondial d’aujourd’hui.

Quel est l’objectif de ce mouvement ?

L’objectif de ce collectif est de fédérer toutes les associations sankaristes afin qu’on puisse parler d’une seule voix et faire du sankarisme une doctrine. Il s’agit pour nous de mettre en place un mouvement que les dirigeants d’Afrique pourront consulter en cas de besoin. Ce mouvement va également nous permettre d’apporter notre contribution dans le règlement de certaines crises.

Au Burkina Faso, on compte plusieurs partis politiques se réclamant de l’idéal sankariste. Quels rapports particuliers entretenez-vous avec la famille de Thomas Sankara ?

Avant de mettre sur pied ce mouvement, nous avons cherché à rencontrer la famille politique de l’homme. Vu que c’est le nom d’une personnalité que nous allons utiliser, il faillait qu’on ait le consentement de sa famille. Nous avons cherché à rencontrer Me Bénéwendé Sankara qui est le porte parole de la famille de Thomas Sankara, puisqu’il est l’avocat de la famille. Il nous a donné sa bénédiction après avoir consulté madame Sankara. Mouvement au-delà de nos frontières.

Nous avons dit, collectif des Sankaristes africains pour l’humanité. C’est dans l’ensemble des pays africains que nous comptons implanter des sections de ce mouvement. Pour l’heure, il y a le Burkina Faso, le Bénin, le Gabon et la Côte d’Ivoire. Nous sommes toujours entrain de prendre contact avec les autres mouvements. Aujourd’hui, il y a plusieurs associations qui ont adhéré au mouvement.

Un tel collectif demande beaucoup de moyens. Comment vous vous organisez à ce niveau ?

Comme toute association ou mouvement de la société civile, nous vivons des cotisations et des dons de personnes de bonne volonté. Nous sommes dans un contexte mondial de crise économique, et ce n’est pas évident de bénéficier de fonds. Mais nous essayons tant bien que mal avec nos maigres moyens d’arriver à faire quelque chose en mettant en œuvre les objectifs que nous nous sommes fixés. Il y a certaines personnes qui nous ont promis des soutiens.

Concrètement quel peut être votre apport ?

Au Burkina Faso, on a l’impression que quand on parle de sankarisme, on ne voit que les partis politiques. C’est cette différence que nous sommes venus pour démarquer. Il y a des mouvements sankaristes politiques qui ont un seul objectif, c’est accéder au pouvoir d’Etat. Et des mouvements apolitiques qui ont un but bien précieux, c’est-à-dire la promotion de l’idéologie de Thomas Sankara. Il a vécu pour son peule et est mort pour son peuple. La différence, nous voulons nous démarquer des partis politiques. Notre mouvement n’est pas flexible. Nous accueillons des partis politiques. Nous avons un règlement intérieur très clair. Un parti politique qui veut s’associer à notre mouvement sera dans le cadre de son projet social. Mais pas dans le cadre politique. Notre mouvement est apolitique. Nous ne soutenons pas des partis politiques ni de personnalités politiques. Thomas Sankara a été un homme politique mais il a été un professeur pour son peuple.

Comment faire pour que ce qu’il a laissé comme livre puisse être utilisé aujourd’hui dans le contexte mondial pour permettre à nos populations de sortir de la misère ? Nous sommes dans le sankarisme par conviction et le collectif est le premier et le seul mouvement sankariste de la Côte d’Ivoire.
Quel regard portez vous sur l’élection présidentielle au Burkina Faso ?
La période de campagne et l’élection se sont passées dans la paix sociale et la courtoisie. Les résultats ont été déjà donnés et on voit que la paix sociale est toujours préservée. Mais nous pensons que c’est une bonne chose même s’il y a eu des petites coquilles à relever ici et là parce que l’opposition a réfuté l’élection et a eu raison auprès du tribunal administratif. Nous pensons que dans un pays il faut respecter les lois.
Un mot à l’endroit du peuple burkinabè.

Ce que nous pouvons dire au peuple burkinabè, c’est vrai que nous sommes basés en Côte d’Ivoire mais nous ne manquons pas au Burkina Faso. Nous sommes informés de la situation dans laquelle le peuple burkinabè vit. Nous pensons qu’il y a beaucoup à faire sur le plan de la démocratie, de l’économie car la majorité du peuple selon les statistiques du programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui a publié son rapport, vit difficilement au regard du rang que le pays occupe. C’est n’est vraiment pas honorable pour nous, burkinabè qui vivons en Côte d’Ivoire. Il y a des efforts encore à faire. Nous espérons que les années à venir, il y aura de l’amélioration. Le peuple vit dans l’extrême pauvreté mais le fait qu’il y ait la stabilité, c’est ce que nous voulons. Nous allons à notre humble niveau apporter notre pierre à ce que le pays aille de l’avant sur le plan de la démocratie, des droits de l’Homme, de la lutte contre l’impunité, de la promotion de la justice sociale.

Propos recueillis par Jules TIENDREBEOGO

L’Express du Faso

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