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LA CEDEAO et la Côte d’Ivoire : L’art de perdre son temps

Publié le vendredi 31 décembre 2010 à 02h27min

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Laurent Koudou Gbagbo est toujours au palais de Cocody, servant à souhait de larges sourires à ses visiteurs. Pendant ce temps, Alassane Dramane Ouattara, nouveau chef d’Etat selon la Commission électorale indépendante (CEI) et la Communauté internationale, reste retranché à l’hôtel du Golf sous bonne garde de l’ONUCI.

C’est dans cette situation malheureuse que se trouve le pays d’Houphou-Boigny, jadis havre de paix au moment où l’histoire, dans sa marche infinie, tournera dans quelques heures la page de 2010. Tout en menaçant d’un recours à la force militaire pour déloger l’enfant terrible de Mama du pouvoir qu’il usurpe depuis le 28 novembre 2010, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a envoyé mardi dernier une mission de haut niveau composée des présidents béninois, Boni Yahi ; Sierra Léonais, Ernest Koroma ; et Cap verdien, Pidro Pires.

Au vu des résultats escomptés, on ne peut pas dire que leur expédition ivoirienne a été concluante. Le ton était trop péremptoire, martial : quitte le pouvoir sinon... mais les menaces n’ont pas payé. L’affaire a même tourné à l’humiliation de l’instance sous-régionale lorsque le président sortant a exigé sa reconnaissance avant toute discussion. De retour à Abuja, les mandatés ont fait le point au président en exercice de la CEDEAO.

Good Luck Jonathan a édulcoré son langage : “Quand il y a une dispute, c’est le dialogue qui résout tous les différends, c’est ce dialogue qui est en cours”, avant de relever que les trois mousquetaires seront de nouveau à Abidjan le premier lundi du nouvel an. Est-ce que la semaine de réflexion aura servi à quelque chose ?

On peut déjà en douter parce que, jusqu’à présent, le mari de Simone s’est montré intraitable à toutes les sanctions, menaces et condamnations. L’heure est même à une offensive juridique pour justifier sa position en battant le rappel de grandsavocats français, notamment l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas et Jacques Vergès. Il faudra sans doute plus de deux (2) voyages pour lui faire lâcher prise. On se demande si ce n’est pas l’art de perdre le temps que trahit le désemparemment de la CEDEAO.

Puisque, après avoir bandé les muscles et brandi l’épouvantail de l’expédition punitive de l’ECOMOG, le ton s’est fait curieusement plus conciliant. Les optimistes y liront certes une évolution vers une solution négociée et pacifique de la crise, d’autres par contre y verront un aveu d’impuissance de la part de la Communauté ouest-africaine.

Il y a tout lieu en effet, de penser qu’elle ne sait plus trop ce qu’il faut faire entre les sanctions, qui peuvent être efficaces mais dont l’effet est particulièrement lent, et l’utilisation de la force, dont le coût (matériel logistique et surtout humain) apparaît trop élevé sans oublier le modus operendi dont, de surcroît, le résultat n’est pas garanti.

En attendant donc que les présidents mandatés par leurs pairs partent sur les bords de la lagune Ebrié pour une mission sinon impossible et inutile en tout cas particulièrement difficile, on redoute déjà la manifestation programmée par Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse, fraîchement nommé. Le vibriollant leader de la galaxie Gbagbo a, en effet, promis d’aller avec ses troupes libérer à mains nues l’hôtel du Golf qui abrite depuis le coup d’Etat électoral le président Alassane Dramane Ouattara et ses hommes.

Nouvelle épreuve de force en perspective qui rappelle l’assaut, le 17 décembre dernier, de la RTI par les partisans d’ADO. On peut se demander ce qui se passera demain si la manifestation a effectivement lieu. Reposons les questions que déjà nous formulions dans notre édition n°7778 du 15 décembre au sujet de la marche qui n’a pas atteint son objectif et qui a fait des dizaines de morts : “Dans ce contexte qui est aujourd’hui celui du pays d’Houphouët, une telle annonce ne vaut-elle pas une déclaration de guerre ?”.

Les manifestants seront-ils encadrées par les forces fidèles à Laurent Gbagbo ? Ne vont-ils pas à l’abattoir vu que l’hôtel est sous bonne garde de l’ONUCI ? Les interrogations sont nombreuses. C’est une journée chaude qui s’annonce, surtout que les partisans d’ADO ne veulent pas s’en laisser compter. Il faut espérer que la raison prévaudra et que de nouveaux morts ne viendront pas allonger la liste, déjà longue.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 31 décembre 2010 à 10:10, par malick En réponse à : LA CEDEAO et la Côte d’Ivoire : L’art de perdre son temps

    Ce n’est un secret pour personne, Laurent Gbagbo, que Alassane Ouattara a remporté cette élection.
    Mais le titre chosi pour cet article me pose problème. e l’histoire a toujours donné tort aux extremistes de tout bord. S’il y a, ne serait-ce qu’une seule chance d’obtenir ce qu’on veut par le dialogue, dialoguons. On peut toujours remporter une guerre ; mais on ne sait jamais si on aura la paix à la suite.
    L’Obs est un journal qui sait prendre e la mesure, ne la perdez pas. Une intervention militaire est toujours la dernière arme. Et dites vous que même s’il elle ne fait qu’un mmort, un blessé, ce sera toujours un mort de trop, un blessé qu’on aurait pu éviter

  • Le 31 décembre 2010 à 11:31 En réponse à : LA CEDEAO et la Côte d’Ivoire : L’art de perdre son temps

    Gbagbo est devenu fou et se comporte comme Hitler aujourd’hui. Si on veut éviter un génocide type rwandais, il ne faut plus perdre de temps à négocier avec un dictateur prêt à faire couler le sang des ivoiriens avec des mercenaires du Libéria et d’Angola. Il faut donc dès à présent prendre une option militaire radicale pour le déloger et, surtout, ne pas attendre que cela dégénère en guerre civile avec un autre fou fanitique qu’est Blé Goudé. C’est à la Cedeao de prendre ses responsabilités et, le plus tôt sera le mieux.

  • Le 31 décembre 2010 à 20:02, par ui En réponse à : LA CEDEAO et la Côte d’Ivoire : L’art de perdre son temps

    Je m’adresse a Malick qui s’erige ici en moraliste d’ un autre age. Aller chasser Gbagbo n’est pas faire preuve d’ extremisme. On a patiente avec ce gars depuis des annees. Et il continue de rouler les mecanismes. On a epuise notre reserve de patience. Ne pas agir sur son terrain, la force brute bete(deux mots differents ici), c’ est lui faire faussement croire que sa petite ruse de voyou de la rue peut toujours prosperer. La non- violence a ses limites. Au dela, vous envoyez le signal que vous avez peur. Alors qu’ une seule femme ne met pas au monde un bravo, un courageux ou un idiot. Le partenaire en idiotie du serpent, c’est le baton.
    Toutes mes felicitations au mediateur SEM Blaise Compaore qui a ete humilie dans cette affaire et qui garde son calme zen.

  • Le 31 décembre 2010 à 23:13, par zerbo dominique En réponse à : LA CEDEAO et la Côte d’Ivoire : L’art de perdre son temps

    ecoutez freres du faso
    j’aimerai bien comprendre pourquoi tous les pays de la cedeao ont fait voter leurs ressortissants en cote d’ivoire et le faso ne la pas fait ???
    c’est facile a deviner car certainenement les burkinabes de cote d’ivoire au nombre de+3.000.000 se sont confondus ,dissous dans l’abysse de cote d’ivoire et s’ils votaient ils seront indexes burkinabes et non utilisables par le candidat integre dramane ouattara .
    ne vous leurrez point ce pays malgré ces largesses aux etrangers restera un havre de bonheur pour tous les pauvres de l’interland mais aussi pour les ivoiriens d’abord.
    sivous le bruler on vous retourne juste 1.000.000 de vos freres et vous comprendrez l’importance de ce pays 46pc de l’umoa. zerbo dominique

  • Le 4 janvier 2011 à 17:00 En réponse à : LA CEDEAO et la Côte d’Ivoire : L’art de perdre son temps

    Le psychopathe : Certains utilisent le mot sociopathe mais c’est la meme chose. J’ emploierai les deux termes dans la meme acception. Les psychopathes savent la difference entre le bien et le mal. Ils ne sont pas des attardes mentaux. Cependant, quand il font le mal, ils ne ressentent aucune honte ni aucun remord. Ils peuvent donc tout justifier en accusant leur victime ou la geopolitique ou l’ etranger. ou le diable ou simplement les circonstances comme le temps qu’ il fait.
    Les Sociopathes font parfois "ce qu’ il faut— si cela leur apporte quelque chose a eux. Cela peut etre l’approbation du public ou une image rehaussee car ils sont laids moralement donc, physiquement pas beaux. Mais la raison pour laquelle ils le font est toujours basee sur ce qu’ ils pensent, pas sur ce qu’ ils ressentent. Faire du mal ne rend pas mal a l’aise un psychopathe. Faire le bien ne le rend guere plus heureux. Pourquoi ? Pour un sociopathe, la vie se reduit a gagner. Les autres sont justes la pour etre utilises ou pour servir de points dans leur jeu. La relation, ca n’ a pas de sens avec ces personnes-objects. Sauf si la relation les amene a gagner.
    Les sociopathes n’ ont aucune envie de changer, de s’ ameliorer. C’est d’ailleurs rarement qu’ ils s’ y essaient. Sauf quand on les contraint parce qu’ ils pensent qu’ il n’ a rien a reprocher a leur etat actuel. C’est le reste du monde qui est mauvais.
    Gbagbo est un sociopathe, come beaucoup de dirigeants africains malheureusement. Mais c’est un sociopathe des plus crus. Tous les sociopathes ne sont pas des dangers reels et effectifs pour les autres. Mais Gbagbo, lui, l’ est. Autant que tous ces illumines qui veulent nous faire la lecon de la resistance anti- colonialiste. En plus de leur manque de discernement.O l’ ignardise qui se masque dans le lettrisme !

    LOP

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