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Niger : Le « barreur » de Baré s’est barré

Publié le lundi 20 septembre 2004 à 08h08min

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C’était le 9 avril 1999. Le président nigérien, Ibrahim Baré Maïnassara venait de saluer les troupes sur le tarmac de l’aéroport militaire de Niamey et se dirigeait vers l’hélicoptère qui devait le conduire à Inates, vers la frontière du Mali, lorsque des coups de feu éclatèrent.

Deux témoins avaient, à l’époque, donné leur version de la scène. Premier témoin : « Il y a d’abord eu deux coups de feu, comme un signal, puis les mitraillettes ont crépité. Ça n’a pas duré plus d’une minute. Nous nous sommes couchés à terre. Lorsque nous avons vu rouler une grenade, nous nous sommes enfuis dans les broussailles ».

Second témoin : « Quatre voitures militaires de la garde présidentielle sont arrivées à l’aéroport, pendant que le président effectuait la revue des troupes. Ils se sont dissimulés sous les manguiers. Le président s’est écroulé sur le dos dès les premières rafales. Son chauffeur a tenté de venir le prendre et quand il l’a soulevé, on a vu une grosse blessure dans le dos ». « Le président a été attaqué, le président a été attaqué », a alors hurlé, dans un talkie-walkie, le chef de la sécurité présidentielle.

Ces actions avaient, à l’époque, scellé le destin du président, qui avait pris le pouvoir par les armes au Niger, le 27 janvier 1996. Certes, on dit que celui qui a régné par les armes périra par les armes, mais il n’en demeure pas moins que cette disparition brutale avait en son temps écœuré et surpris plus d’un observateur de la scène politique africaine.

Au lendemain de cette mort, tous les regards étaient tournés vers le responsable de la garde présidentielle, Daouda Mallam Wanké, qui, selon toute vraisemblance, a zigouillé celui qu’il était censé protéger, devenant calife à la place du calife, d’avril 1999 à novembre 2000. Après avoir « wanké » son maître, qu’il avait définitivement biffé, Daouda Mallam ne fera pas mieux que son prédécesseur. Il dirigea une des transitions les plus chaotiques, marquée par une pauvreté extrême des salariés nigériens qui, pendant neuf mois, n’ont eu droit qu’à un mois de salaire.

Il lâchera la patate chaude entre les mains de Mamadou Tandja, après quoi il se lancera dans les affaires, faisant notamment de fréquents séjours au Burkina. Le mercredi 15 septembre 2004 à 9 heures, celui qui a barré Maïnassara s’est également barré. Wanké a tiré sa révérence à 58 ans sur son lit d’hôpital, laissant une autre veuve désemparée : Clémence Aïchatou Baré, qui, suite à l’assassinat de son mari, avait déposé une plainte contre X jurant qu’elle ferait tout pour que lumière se fasse sur l’assassinat de son mari, dût-elle vendre, pour cela, son dernier bijou.

Hélas, avec la disparition du « barreur », si l’action publique n’est pas forcement éteinte, s’agissant d’une plainte contre X, c’est une partie du puzzle sur la mort de ce promotionnaire de feu Thomas Sankara, à l’école militaire d’Antsirabé, qui disparaît. Ainsi donc, Mallam Wanké emporte-t-il le secret dans sa tombe ? On a bien peur que oui. Et pour mieux enterrer le dossier, ceux qui ont pris la place de Wanké, depuis, sont toujours restés allergiques à la citation de l’affaire Baré. Un échange marchandise en somme. Mais Clémence Baré pourra toujours se consoler en pensant que c’est la justice immanente qui a fonctionné.

Rabi Mitibkèta

L’Observateur

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