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Editorial de Sidwaya : L’enfant, roi de Noël…

Publié le dimanche 26 décembre 2010 à 23h20min

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L’enfant est le roi de la nuit dans la tradition peuhle ; dans les traditions chrétiennes, l’enfant est le roi de Noël. La fête populaire que nous vivons chaque 25 décembre et qui se poursuit jusqu’aux premiers jours du nouvel an consacre une place importante à l’enfant. Le Papa Noël, les cadeaux, les sapins, les belles chansons religieuses comme laïques, c’est tout cela le décor de Noël. Bonne fête donc aux enfants.

Nous ne résistons pas à l’envie d’utiliser ces mots de la Bible, à l’occasion de cette fête, pour souhaiter à nos enfants de « grandir en âge et en grâces devant Dieu et devant les hommes. »

« Grandir ! » Tout n’est-il pas dit en ce mot rude, avec ce qu’il évoque d’effort, de contraintes, mais aussi d’espoir et d’aventure ? Aux années pimpantes du féminisme européen, Simone de Beauvoir écrivait dans son livre, « La force de l’âge », qu’il est absurde de mettre des enfants au monde.

Rien ne justifie, selon elle, les efforts et les sacrifices que les parents consentent pour, au bout du compte, jeter des enfants malheureux dans un monde absurde. Il était naguère facile de dire que de telles idées sont loin de notre culture. Est-ce aujourd’hui le cas ? Ces « manières occidentales » ne sont-elles pas en train de s’étendre sur nous, sur notre culture, notre vision du monde, de l’homme et de l’enfant ?

Par leurs propres chemins, certains de nos contemporains et compatriotes commencent à rejoindre Simone de Beauvoir dans ses convictions philosophiques. Les familles nombreuses sont de moins en moins nombreuses au Burkina et en Afrique. Et il n’est pas dit qu’il n’y a que la pauvreté qui en est la cause. Notre manière de considérer la famille nucléaire se rapproche très rapidement de celle des Occidentaux.

En plus, l’éducation solidaire a disparu, chacun s’occupe maintenant de ses propres enfants. Personne, par exemple, n’osera dire à son voisin friqué et « généreux » de ne pas donner 10 000 FCFA chaque matin à son enfant pour la journée.

On connaît la réponse qu’un tel intrus mérite : « Je ne suis pas pauvre comme toi. » Barack Obama qui peut en faire autant, est-il aussi prodigue pour ses enfants ? Même si, d’évidence, on sait qu’aucun enfant, élève de la classe de 6ème qui va chaque matin à l’école avec tant d’argent dans sa poche ne réussira pas, au sens noble du terme, on se tait et on regarde. Sur ce point, les burkinabè sont « en avance » sur les Européens. Eux au moins ont des institutions qui relaient les parents défaillants. Un autre exemple : nous pouvons discuter certaines compréhensions de ce qu’on appelle le « Travail d’enfants ». Les parents qui forment leur enfant aux champs méritent-ils d’être poursuivis par la justice ? Et pourquoi pas ceux qui les forment à l’école ? Par contre, on ne peut pas tolérer que des enfants soient exploités, dans des sites aurifères et autres ateliers dangereux.

La société africaine et burkinabè donne-t-elle la place qu’il convient à ses enfants ? La réaction normale est d’abord celle qui demanderait à l’Etat de jouer son rôle dans l’éducation des enfants, des jeunes et même des adultes. Avant l’école, point de démocratie, d’industries et de révolutions en Europe. Qu’on en évalue donc les conséquences devant les résultats de l’école burkinabé.

On peut penser, ensuite, que nos communautés devraient créer de nouvelles formes d’éducation solidaires. Le moi de l’enfant grandit quand il trouve un « nous » devant lui. Dans les foyers, dans la rue et à l’école, parents d’élèves et enseignants sont débordés par l’éducation spontanée et sauvage de la télévision et des nouvelles anodines de la presse pornographique, diffusée pour exciter et non pour éduquer.

Il est utile, enfin, d’interroger nos propres pratiques : un sapin de Noël, est-il vraiment nécessaire ? Du champagne pour Tonton Noël, est-ce indispensable ? Se recroqueviller dans son égoïsme, pour célébrer un bonheur universel, la naissance de Jésus, ne peut-on pas faire mieux ? Bonnes fêtes de fin d’année, nos chers enfants ! Au cours des années qui vous verront grandir, ayez le courage de corriger en vous ce que vous reprochez à vos aînés et parents

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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