Ce jour 21 décembre 2010 marque la naissance "d’une nouvelle Guinée.... Paroles du président intérimaire Sékouba Konaté, qui résume à merveille la spécificité de cette investiture solennelle.

Avant les réquisitions du procureur général et la réception du serment par le 1er président de la Cour suprême, c’est un général de corps d’armées, fier et soulagé d’avoir conduit cette transition à terme qui s’est adressé à l’assistance. Un discours historique, s’il en est qui peut servir de référentiel à tous les galonnés qui font irruption dans l’arène politique et qui ne veulent plus en sortir.

Vibrant hommage au facilitateur Blaise

Morceaux choisis "Nous venons de loin, de nos erreurs nous tirerons nos forces, la Guinée d’aujourd’hui est différente de celle d’hier et celle de demain est en marche le 15 janvier 2010 à Ouagadougou, nous avons franchi une étape importante de notre histoire, ce jour-là, le président Blaise Compaoré a réussi à faire signer l’accord pour une transition apaisée en Guinée, hommage à Blaise Compaoré qui n’a ménagé aucun effort pour que la Guinée retrouve la paix. Le Burkina Faso est à l’avant-garde de l’intégration, car il vit en paix et œuvre à éviter la guerre dans les autres pays, au moment où une page sombre de notre histoire se tourne, j’ai une pensée fraternelle pour Dadis Camara, il a pu commettre des erreurs mais a entendu raison ni la peu, ni la brutalité ne peuvent réduire un pays au silence".

Sékouba Konaté a rendu hommage aussi à ses devanciers et demander pardon en leur nom. Sans oublier son successeur à qui il a invité à résoudre le tissu social déstructuré du pays. Clin d’œil à Dalein Diallo qui a fait preuve de sagesse pour la démocratie puisse s’installer. Bref, Sékouba devient aussi un exemple (voir encadré).

Mamadou Sylla dit Syma, le 1er président de la Cour suprême dans sa mercuriale a signifié que "la gestion solitaire du pouvoir est exclue en Guinée "j’espère, dira-t-il que vous serez un bon limonier qui saura tenir le gouvernail du vaisseau guinéen, qui pourra alors voguer tranquillement".

Après avoir prêté serment à 15h10, Alpha Condé prend la parole pur son mot d’investiture : "Je suis fier d’être élu par un peuple qui, malgré les vicissitudes a su garder son honneur". Puis dans un propos relativement bref, il évoquera l’avènement d’une justice impartiale afin de "mettre fin à l’impunité". Les intérêts suprêmes du pays seront toujours sa boussole dira-t-il en substance. De même, il a salué le début de réforme de l’armée entamé par le général Sékouba Konaté.

Il a promis conformément à son programme et à son serment de changer la Guinée. Il est le président de tous les Guinéens et au-dessus des partis politiques (cf : article 46, alinéa 5 de la Constitution). En tout cas, le "château d’eau" de l’Afrique de l’Ouest a désormais un président démocratiquement élu, qui promet de chambouler tout dans ce pays dans le bon sens. Il est attendu au pied du mur car les Guinéens ont hâte de goûter du bonheur, cette "carpe diem" dont ils ont trop longtemps été sevrés de par l’impéritie et la boulimie, du pouvoir.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Ils ont dit au sujet du nouveau président

* Sidya Touré, président de l’UFR, candidat malheureux :"Nous étions lors de la campagne électorale dans un débat démocratique, ce n’est pas la guerre. Les élections sont terminées, le président légal a été élu, c’est le président de tous les Guinéens, c’est le couronnement du combat que nous avons mené dans l’opposition. Nous donnerons nos conseils et nos avis pour que le pays aille de l’avant. Nous serons candidats aux législatives, ainsi va la démocratie. C’est trop tôt pour dire si nous serons présents à la présidentielle de 2015, mais l’UFR sera présente sur le plan politique, les années à venir".

* Madame Rabiatou Serah Diallo, présidente du Conseil national de transition (CNT) : "Je suis satisfaite aujourd’hui, car nous avons un président civil élu. Je rends hommage au Burkina Faso avec à sa tête le médiateur Blaise Compaoré que j’admire bien. Nous sommes retournés aujourd’hui à l’ordre constitutionnel normal, et il faut s’en féliciter. Il faut rendre hommage aussi au général Sékouba Konaté, un jeune militaire qui a respecté sa promesse avec toute l’armée guinéenne. C’est un grand acquis pour la Guinée et l’Afrique. Pour le moment, le CNT continuera d’exister, car il n’y a pas d’Assemblée nationale, nous n’allons pas créé un vide juridique. Nous allons continuer à aider le président élu jusqu’à la mise en place de l’Assemblée nationale".

* Mario Giro, représentant de la Communauté Sant’Egidio : "Ce sont des sentiments de satisfaction et d’attente après cette investiture. Car San’Egidio a fait un travail ici en Guinée, en accompagnant la transition à travers une participation à la finalisation de l’accord politique de Ouaga, l’appel de Rome. Pour la première fois, la Guinée est arrivée à ce stade, c’est une démocratie naissante. C’est pourquoi, nous attendons, car le véritable travail commence maintenant. La présence du président Blaise Compaoré est un gage pour accompagner ce processus qui débute. Mais avant tout, il revient aux Guinéens de se mettre au travail".

* Laonseny François Fall, porte-parole de la coalition arc-en-ciel : "C’est un grand jour pour la coalition arc-en-ciel, mais pour surtout le peuple de Guinée, et pour l’Afrique. L’ancrage démocratique est en marche. Une page nouvelle s’ouvre et nous souhaitons qu’elle soit marquée du sceau de la démocratique et du développement national et de la réconciliation. Avec le programme du professeur Alpha Condé, nous sommes certains de relancer la Guinée".

Les à-côtés de l’investiture

* Pagaille au palais des congrès

Non seulement la salle du palais des congrès paraissait exiguë pour recevoir le monde en ce 21 décembre, mais la discipline était la chose la moins partagée ce jour-là. La pagaille était telle que malgré ni le gouverneur de Conakry qui se promenait en personne dans les rangées pour mettre de l’ordre, ni l’invitation des premiers responsables du RPG, aux Conakryrais à céder leur place aux invités n’y changeront rien. Ainsi par exemple, lorsque Sékouba parlait ou même Alpha Condé, de petites disputes bruyantes se faisaient entendre.

* Blaise Compaoré, n’est plus capitaine SVP !

Le M.C. a toutes les fois qu’il présentait le président du Faso, disait "le capitaine Blaise Compaoré", et jusqu’à la fin de la cérémonie, le rectificatif n’a pas été fait, car s’il a été capitaine, l’intéressé a pris sa retraite depuis des lustres.

* Le French Doctor était là...

Gbagbo Laurent à son frère jumeau blanc, Guy Labertit, Alpha Condé a le sien : Bernard Kouchner ci-devant ministre des Affaires étrangères de France. Mardi passé, ce fut de longues embrassades entre les deux qui se connaissent depuis très longtemps.

* Le Vatican aussi

Le Cardinal Robert Sara, représentant du Vatican trônait en bonne place à cette cérémonie d’investiture du professeur Alpha Condé. La Guinée est un pays laïc et l’Eglise par sa présence compte accompagner par ses bénédictions cette ère nouvelle.

* Lassiné Diawara : d’un avion présidentiel à l’autre

Lassiné Diawara, vice-président de la Chambre de commerce du Burkina Faso est arrivé à Conakry dans Mali Air one, autrement en compagnie du président malien, Amadou Toumani Touré (ATT). Au retour hier 22 décembre, c’est dans l’avion du président du Faso qu’il a atterri à Ouaga.

* Conakry by night

Les chansons où on loue le courage du nouveau président ont eu pignon sur maquis la nuit du 21 décembre. Notamment, celle de Tiken Jah Fakoly, exigeant la libération du leader du RPG, alors croupissant dans les geôles de Lansana Conté. Une autre chanson dite en matinée de l’oncle d’Alpha Condé est très prisé actuellement par les Conakrykas.

ATT, Ely ould vall et Sékouba Konaté : des exemples à suivre

Ils sont cités en exemple comme des militaires qui, face aux dérives politiques de leurs pays se sont emparés du pouvoir suprême, pour faire œuvre de salubrité politique et s’éclipser après. Quitte à revenir après comme ce fut le cas pour ATT. Désormais, il faudra ajouter le nom du général guinéen Sékouba Konaté à la liste des "militaires démocrates". L’image de ce dernier donnant l’accolade à Alpha Condé et celle montrant les deux personnes, main dans la main levée vers le ciel, resteront gravées dans la mémoire des Guinéens.

En ce 21 décembre 2010, il a remis comme il l’a promis le pouvoir à Alpha Condé, "une entreprise à laquelle je n’étais pas préparé, ainsi va la vie". Aujourd’hui Sékouba, demain Salou Djibo du Niger. On aimerait que cela face boule de neige, vue que les coups d’Etat ont encore de beaux jours devant eux.

Z.D.Z.

L’Observateur Paalga