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Moussa Dadis Camara : Il y a 2 ans de cela

Publié le jeudi 23 décembre 2010 à 01h22min

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Si Dadis Camara n’avait pas connu un destin hors du commun, cela ferait 2 ans jour pour jour qu’il est au pouvoir. En effet, c’est le 23 décembre 2008, à la faveur du décès du président Lansana Conté (1984-2008), qu’il a fait irruption sur la scène politique guinéenne. Après le régime dictatorial du successeur de Sékou Touré qui, soit dit en passant, fut lui aussi un dictateur tristement célèbre, on croyait qu’avec le nouveau venu une page de l’histoire serait tournée. Mais à peine l’ancien chef de la section carburant a quitté l’intendance militaire qu’il tient un autre langage que la classe politique, dans son ensemble, n’apprécie pas.

Pendant que celle-ci exige à cor et à cri que les militaires retournent dans les casernes afin que le pays se démocratise, Dadis, à la tête d’un Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), reste sourd à son appel.

En homme dévoré d’ambition, le patron de la junte, dans son quartier général au camp militaire Alpha Yaya Diallo (du nom d’un farouche combattant peul anticolonialiste) avait affirmé que « personne » ne pourrait lui interdire de se présenter à l’élection présidentielle. Dadis va même plus loin et ajoute que si les Forces Vives (coalition rassemblant les partis politiques, les syndicats et la société civile) veulent l’empêcher d’être candidat, c’est qu’elles n’ont rien compris à la démocratie.

Entre-temps, il s’était mis la communauté internationale à dos. Visiblement, le respect des engagements dès la prise de pouvoir ne figure pas dans le vocabulaire de la junte. Mais un sort implacable va se dessiner le 28 septembre 2009 : une manifestation tourne au vinaigre au stade du 28-Septembre, où on dénombre une centaine de morts et plus de 1200 blessés selon les organisations locales de défense des droits humains.

Depuis lors, l’enfant de Lola (sud-ouest de la Guinée) et ses hommes sont dans le collimateur du Tribunal pénal international (TPI). Des divergences apparaissent au grand jour entre des membres de la junte et c’est dans ce contexte que, le 3 décembre 2009, le lieutenant Aboubacar Diakité, dit Toumba, tire sur son patron, qui reçoit une balle au niveau de la tempe (au dire de l’ex-aide de camp). Après des soins intensifs au Maroc, le capitaine est aujourd’hui au Burkina malgré lui et les choses sont allées très vite dans son pays.

Pendant sa convalescence, la transition s’est mise en marche à Conakry grâce à un général qui porte sur son visage un air de lassitude : Sékouba Konaté. Un homme d’honneur par qui la démocratie est devenue une réalité. Personne n’aurait parié, au départ, que la Guinée serait un Etat démocratique après 26 ans de régimes militaires.

C’est incroyable, ce que vivent les Guinéens ! Le général a montré l’exemple et peut-être qu’un jour, des historiens lui consacreront un ouvrage.

Dadis, qui a suivi de loin ce changement, en a-t-il eu le souffle coupé ? Aujourd’hui, il compte rentrer au pays, où des chantiers attendent le nouveau président. Selon lui, il veut être utile à son pays et son ambition pour le moment, ce n’est pas de faire la politique. Avec le souvenir lancinant du 3 décembre 2009, il prendra peut-être le temps qu’il faut pour se lancer dans l’aventure.

Justin Daboné

L’Observateur Paalga

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