LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

Publié le jeudi 23 décembre 2010 à 01h22min

PARTAGER :                          

La candidate à la présidence du Front National en France, Marine Le Pen, n’est pas allée du dos de la cuillère pour dénoncer vendredi dernier à Lyon « les prières de rue » des musulmans en évoquant la Seconde Guerre mondiale. « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c’est une occupation du territoire ». Cela a soulevé un tollé général dans l’opinion nationale française et même mondiale. Ce d’autant que la question se pose avec acuité dans notre pays. Alors, les occupations de la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sous le coup de la loi ? Deux sons de cloche.

IL FAUT REGLEMENTER POUR QU’ON EN FINISSE

Au Burkina la question de l’occupation de la voie publique est réglementée par la loi N° 10 ADP de 1992. Elle garantit la liberté d’association, de culte et de manifestation sur la voie publique avec tout de même certaines conditions. Les organisateurs doivent adresser une demande à l’autorité compétente qui peut être l’Administration territoriale ou les mairies. Il y aussi des arrêtés qui condamnent les nuisances sonores, les tapages nocturnes et l’occupation illégale des voies. Mais l’on constate que certaines confessions religieuses, notamment les musulmans, occupent très souvent les voies publiques pour des prières collectives surtout les vendredis. Marine Le Pen qui aurait martelé devant 250 à 300 militants du FN : « C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation.

Certes, y a pas de blindés, y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants », dit tout haut là-bas ce que certains pensent tout bas ici. Le Parti Socialiste français s’est même prononcé contre les prières sur la voie publique. Et il faudrait que l’on repose la question sérieusement dans notre pays parce que ça perturbe sérieusement la circulation et les habitudes de certains citoyens. Il y a quelques années, Laurent Bado, le fondateur du PAREN, n’avait pas hésité à changer de quartier parce qu’il estimait que le Muezzin de son quartier perturbait sa quiétude et son sommeil par l’appel à la prière du matin. Il avait soulevé un problème que beaucoup pensaient être un non-évènement. Aujourd’hui, le sujet revient sous une autre forme et cela pose un problème de droit au point de perturber.

Et si l’on peut occuper illégalement la voie publique pour des prières, les bandits en font ou en feront autant pour dépouiller les honnêtes citoyens. Une différence cependant entre Marine Le Pen et les autorités du Burkina, c’est qu’elle a fait cette déclaration alors qu’elle est contre la construction de mosquée. Si les musulmans sont interdits de mosquée par Marine Le Pen en France, comment éviter l’appel de la rue ? Au Burkina, par contre, les mosquées pullulent mais les rues ne désemplissent pas cependant. Si l’on ne règle pas très vite cette situation, ce sera la pagaille. Et il ne sera pas étonnant que les animistes avec à leur tête Naaba Tartempion occupe chaque mardi matin quelques voies pour des sacrifices rituels. On ne parlera même pas des Protestants et des Catholiques ou même des naturalistes qui traverseraient Ouagadougou dans la tenue d’Adam ! Vite une loi additive pour réglementer cela.

TOMI


C’EST UN FAUT DEBAT AU BURKINA

En Afrique, prier dans les rues est entré véritablement dans les habitudes et il ne faudrait pas que par réflexe mimétique, on veuille exporter chez nous des problèmes qui n’ont rien à y faire. Depuis des années, les communautés religieuses vivent ensemble dans une parfaite entente et tout le monde sait qu’il faut éviter d’emprunter certaines voies le vendredi parce que les musulmans en bloquent certaines pour la prière. C’est tout à fait religieux et culturel ; donc cela ne pourrait en aucun cas être à la base de polémique qui serait d’ailleurs inutile. Les musulmans sont majoritaires dans ce pays et il faut compter avec eux. Ce n’est ni des rassemblements politiques ou subversifs qu’il faudrait interdire mais bien des rencontres pour prier Dieu.

Et la prière du vendredi étant sacrée, on peut assez aisément accepter et le reverser dans les habitudes de nos sociétés. Dans toutes les communautés religieuses, existent de tels faits et c’est accepté. L’occupation de la voie publique obéit déjà à certains critères et les populations s’y soumettent. Les baptêmes chrétiens, les mariages, les décès de personnalités et même de citoyens lambda, donnent souvent l’occasion aux populations d’occuper la voie publique pendant un certain temps sans se préoccuper de ce que dit la loi et c’est assez courant. Faut-il voter une loi pour ça ? Ce serait se détourner de vraies questions d’existence de nos compatriotes et des vrais sujets de développement. Il faut cesser de se moquer des autres par des réflexions de bas-échelle et se retourner vers les choses essentielles. Et puis il faut qu’on se dise la vérité.

L’occupation de la voie publique pour un court temps (seulement 15 mn) ne vaut pas celle que fait qui, le SIAO qui, le FESPACO et même le CDP pendant son congrès à la Maison du peuple. Il ne faut pas se voiler la face, le contexte français ne pourra jamais être comparé au nôtre. Marine Le Pen est une nationaliste qui fait dans le populisme et qui cherche des voies pour commencer une présidence supposée à la tête du FN. Et c’est pour elle une entrée en matière pour les élections de 2012. Elle cherche à occuper le terrain médiatique alors qu’ici ça nous n’avons jamais eu un problème d’identité nationale. Nous sommes unis par le même destin depuis des centaines d’années. C’est un faut débat au Burkina, il faut vite arrêter ça ! Nous avons tant de choses plus sérieuses à gérer.

TOZI

San Finna

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 23 décembre 2010 à 08:06 En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

    Ma réaction s’adresse à la partie dont l’auteur est TOMI. Monsieur, je crois que vous vous méprenez car visiblement vous ne savez pas ce que c’est que la liberté de culte. Le Burkina Faso est un pays laïc, chose que vous ne semblez pas savoir. Je ne suis point un illuminé, mais que ceux qui trouvent que les prières du vendredi effectuées sur la voie publique dérangent tant que ça changent de pays. Ce sont des journalistes comme vous qui créent des polémiques sur des sujets qui ne valent même pas la peine d’être abordées. J’étudie dans un pays étranger et je suis fier quand je vois que dans mon pays, chaque citoyen fait en sorte de ne pas ériger des barrières entre lui et ses concitoyens juste pour une différence d’ethnie ou de religion. Dans nombre de pays nous voyons des conflits fratricides juste pour la défense de quelque considération religieuse, et si vous ne souhaitez pas que notre pays tombe dans ce genre d’impasse, cessez d’écrire de pareils articles. Les hauts responsables burkinabè vont travailler les vendredi et je suis sûr qu’il voient les musulmans faire leur prière, mais il ne disent rien contre cela. Rappelez-vous que des éminences chrétiennes vont saluer les musulmans les jours de fêtes musulmanes et que les musulmans en font autant pour les chrétiens à l’occasion des fêtes de ces derniers. Ces deux confessions religieuses s’attèlent à montrer aux yeux de tous que la guerre des religions n’a aucun sens. Alors s’il vous plaît, ne nous conduisez pas sur des sentiers de non-retour car nous aurions tout à y perdre.
    Loin de moi l’idée de vous dire comment faire votre travail, mais je suis juste une personne qui se soucie de son pays. La vie en société est faite de concessions de la part des uns et des autres afin que tout aille pour le mieux. Si ces quelques minutes d’occupation de la voie publique,chaque vendredi par les musulmans, était si perturbatrices, eh bien je crois que les autorités prendraient les mesures qui s’imposent. Je tiens à vous dire qu’à certains endroits, ce sont même des dispositifs de la mairie centrale qui barrent la route aux passants afin que les musulmans puissent faire leur prière dans la quiétude. Merci.

    • Le 26 décembre 2010 à 20:58 En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

      Moi je suis protestant et ne trouve aucun probleme a ce que des gens manifestent leur foi en priant dans les rues. Je loge a Paglayiri et chaque fois qu’ il y a une autorite d’ un autre pays qui vient a Ouaga, c’est la croix wet la banniere. Je peux meme metrre plus de 2 heures pour rejoindre mon service a Zogona. Et cela, sans meme explication. Ce est imprevisible. Les musulamns ont leur grande priere tous les vendredis vers 1heure. Je peux eviter d’aller la ou je veux aller a cette heure -la. Peut- etre que leurs prieres vont faire que certains meme vont etre de meilleurs citoyens. Ecoutez, les hommes ultra- legalistes, les lois sont crees pour qu’ on vive mieux. Pas pour nous emmerder.
      On ne va pas chaque fois essayer de faire comme les blancs, bon sang !

      LOP

  • Le 23 décembre 2010 à 10:33, par ZORRO En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

    "Il faut cesser de se moquer des autres par des réflexions de bas-échelle [...]".

    S’il y a bien une chose qui m’insupporte. c’est bien ce genre de propos qui ne sont rien d’autres que des injures. Je n’ai cesse de le dire dans ce forum comme dans d’autres, on peut avoir des avis divergents et avoir un langage respectueux. Et à mon humble avis - et au-delà de l’intérêt du sujet traité - un article de ce genre ne doit pas être posté sur lefaso.net.

    La modération a priori, ça sert pour ces articles et non pour censurer les posts des ZORRO et compagnie !

    Pour revenir au sujet, je suis d’accord avec TOZI que la question de l’occupation des voies publiques ne se pose pas dans les mêmes termes au Burkina et en France. Nous avons la chance de voir plusieurs confessions religieuses coexister en paix, et nous devons sauvegarder cet acquis. La majorité des Burkinabè l’a compris et certaines choses sont acceptées, notamment l’occupation des voies publiques pour la prière du vendredi.

    Il faut néanmoins dire qu’il appartient aux musulmans de faire en sorte à limiter les nuisances résultant de la pratique de leur culte. C’est trop facile de dire que tout le monde sait que les routes sont barrées les vendredis. Tout le monde ne connaît pas tous les quartiers et toutes les mosquées. Il appartient donc aux Musulmans de s’organiser pour que l’information soit donnée, notamment par un petit spot télé et/ou radio.

    Une question à TOZI : trouvez-vous normale que l’on place des haut-parleurs sur les mosquées pour réveiller tout un quartier dès 4h du matin ? Non, non, non et dix mille fois non !C’est justement ce genre de situation qui amènent les riverains des mosquées à avoir vis-à-vis des Musulmans une attitude désagréable nuisible à la coexistence pacifique de toutes nos religions.

    Je suis d’accord avec vous pour autre chose : on n’a pas besoin de légiférer pour ça, les textes actuels ont vocation à s’appliquer. Il appartient surtout aux Musulmans, au premier rang desquels les intellectuels musulmans, de faire en sorte à pratiquer leur culte dans le respect des autres.

    Nous aurions tous à y gagner !

  • Le 23 décembre 2010 à 13:23, par MS En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

    les occupations sur la voie publique je ne suis pas contre mais "prevenir vaut mieux que guerrir"le nombre de fidele musulman augmente de jour en jour ,un drame peut survenir si la mairie ne fait pas quelques chose.Imaginons un peu un vehicule sans frein ou un chauffard ou bien un soulard au volant.
    je voudrais demander à la mairie et les dignitaires religieux de s’asseoir ensemble pour discuter de ce problème et trouver des solutions afin d’amoindrir les dangers que les fidèles s’exposent

  • Le 23 décembre 2010 à 15:19, par Adams En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

    Sans vouloir jeter de l’huile sur le feu, je dirait qu’il est temps qu’on arrête de dire "ce sont des habitudes" et continuer sur des chemins glissants. Le droit de culte est reconnu mais il serait judicieux de l’appliquer dans des espace réservés pour cela. Je ne vois pas en quoi la rue est un espace pour le culte. Dans ce cas, qu’on détruise les mosquée et églises et autres lieux de cultes et qu’on admettent tous ensemble que c’est dans la rue qu’il faut prier. Une habitude peut bien être mauvaise mais faut il la garder simplement parce que c’est une habitude ? prier dans la rue est dangereux et pour les fidèles et pour les passagers. c’est parce que nous au pays ici on ne connais pas nos droits qu’on laisse libre cours a certaines dérives. si une voie est bitumée et que des gens la bloque sous prétexte qu’ils veulent prier, imaginez simplement qu’en faisant le détour, un passager fasse un accident mortel ! qui est responsable ? ceux qui ont barré la voie ? la mairie ?
    Quand des brigands le font et que cela entraine mort d’homme on dit que c’est mauvais. mais quand c’est une communauté religieuse, on trouve qu’il n’y a pas de problème. La VIE EST SACREE et rien ne peut justifier que par nos actes on prive autrui de sa vie. Il est temps qu’on réfléchisse et qu’on accepte que les lieux de cultes doivent être bien aménagés et suffisamment spacieux pour éviter une telle situation. Je reste convaincu qu’une zone aménagée en périphérie dérangerait moins car il n’y aurait pas de nécessité de barrer des voix et l’appel du muezzin ne réveillerait pas tout le quartier. "La liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres" souvenons nous en !!!!!!

    • Le 24 décembre 2010 à 11:22 En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

      C’est plus que grave de comparer la prière des musulmans sur des endroits publics à l’attaque des bandits. Tu réfléchis comment là pour y voir un rapport ? Les intentions sont-elles les mêmes ? Le chemin de croix des catholiques se font où ? N’est-ce pas dans les rues ? Tu penses que cela ne gêne pas la circulation ? Est-ce pour autant que tu compares ce regroupement avec celui des bandits, comme tu le fais du regroupement des musulmans, un vendredi ?
      Tu as choisi d’être blessant vis-à-vis des musulmans en faisant cette comparaison indigne d’un homme respectueux des autres et épris de justice !
      Pour ta gouverne, sache quand même que les musulmans prient dans la rue faute de place à l’intérieur de la mosquée et les mosquées ne s’agrandissent pas d’un coup parce que quelqu’un à fait un post sur le net. Au cas où tu ne le saurais pas, il faut de l’argent et un espace plus grand.

  • Le 24 décembre 2010 à 02:27, par Damson_b En réponse à : Les occupations sur la voie publique par les confessions religieuses tombent-elles ou non sur le coup de la loi ?

    La prière sur la voie publique me donne envie de poser un certain nombre de questions.
    Quelle est la cause principale de prier sur la voie publique ? Sommes nous surpris par l’heure de la prière ?
    La prière s’est un dialogue entre Dieu et celui qui prie. Quelle concentration pouvons nous avoir en priant sur la voie publique ?
    Prenons-nous à temps pour aller prier sans divertir ou être distraits.
    En prenant les dispositions idoines de prière ,on gagnerait mieux
    Que Dieu nous aide à trouver la meilleure formule où tout le monde trouverait son compte.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?