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Détournements de fonds : ces rapaces qui se repaissent de la misère des pauvres.

Publié le mercredi 22 décembre 2010 à 00h55min

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La revue de l’actualité de la semaine écoulée nous conduit à mener une réflexion sur le casse-tête que représente le mois de décembre pour le monde scolaire au pays des hommes intègres avant de nous pencher sur les fonds des malades détournés au Mali.

Burkina Faso : la déraison scolaire de décembre

Ce n’est plus un secret pour personne, au pays des hommes intègres, les acteurs de l’éducation ont une peur bleue du dernier mois de l’année. Et ce, depuis de longues années. Décembre est le mois de toutes les dérives et nul ne sait à l’avance comment l’appréhender. Il est pratiquement impossible à un quelconque établissement scolaire de mener un programme normal : les élèves désertent volontiers les classes dès la première semaine au motif de commémorations diverses et perlées : on parle des dates du 6, du 9, du 11 et bien sûr de celle du 13 qui représente le summum fatidique et qui est la date de tous les possibles.

Si on ajoute à cela l’euphorie de l’ambiance de Noël et des fêtes de fin d’année le constat est vite établi : décembre est un mois chômé dans le milieu scolaire burkinabé. Peu importe le calendrier programmé par les ministères des enseignements. Cela est devenu une quasi-tradition, les classes seront désertes en décembre, et tout autant dans le public que dans le privé.

Et malheur aux têtus qui se risqueraient à braver les mots d’ordre de grève : ils s’exposeraient à la vindicte des élèves qui, en l’occurrence, ne font pas dans le détail. On comprend alors les mesures prudentes des fondateurs qui préfèrent congédier leurs élèves et fermer les portes de leurs établissements dès l’approche de la date du 6 décembre. Tout le monde s’en plaint, mais personne n’ose vraiment aborder la question. Existent des relents politiques à la chose. Et ils suffisent pour expliquer de tels mutismes sans doute.

Mais à y voir de près, le phénomène est suffisamment sérieux pour qu’on le prenne enfin à bras le corps. Et ce, d’autant que tout le monde constate avec désolation la baisse du niveau des scolaires. On ne peut pas se permettre le luxe d’en ajouter : un mois chômé, au moment-même où le premier trimestre prend son envol, plus que de l’inconscience, c’est de la folie pure et simple. Comment y remédier demeure cependant la grosse équation, et elle gagnerait à être pensée à des niveaux divers. Par les élèves eux-mêmes tout d’abord.

Sans entrer dans le débat autour de la justesse ou non de leurs revendications, on se doit de leur suggérer de revoir leur mode opératoire dans le but de le rendre plus raisonné, méthodique et civilisé. Les coups de sifflets assourdissants, les jets de pierres ainsi que les démolissages de portails ne peuvent en rien rendre légitime une quelconque revendication.

Bien au contraire, à supposer que la cause invoquée soit juste, elle se trouve entachée par les procédés utilisés. Sans compter que c’est injuste de leur part d’interdire le chemin des classes à ceux parmi eux qui ne partagent pas leur point de vue. Car, au final, ce sont ces mêmes élèves qui paient, en fin d’années, le plus lourd tribut à ces vacances anticipées qu’ils s’auto-octroient en début de premier trimestre. Un mois entier de cours « séchés » pèse énormément dans le calendrier d’une année scolaire.

Les parents d’élèves devraient faire preuve d’organisation et de préoccupation du sort de leurs progénitures. Car, après tout, ce sont eux qui paient la scolarité de ces enfants. Nul ne peut raisonnablement croire que cela leur fasse plaisir de les voir chômer tout le mois de décembre sans raison, avec, en bout de ligne, tous les risques d’une année scolaire tronquée qui, généralement, a pour conséquence, quasi inéluctable, ou le redoublement d’une classe ou l’échec programmé à un examen. Alors, pourquoi les parents d’élèves restent-ils muets et de marbre face à la question ? Passivité, impuissance ou complicité ?

Mais il revient sans doute aux ministères en charge des enseignements d’appliquer la fermeté qui sied. Le droit de grève pour reconnu qu’il soit, obéit à des règles. Nul ne peut obliger à la grève autrui qui ne le veut pas. Le fait relève de l’évidence même : ce ne sont pas tous les élèves qui ont envie de « sécher » les cours du mois de décembre. Il leur revient de droit, à ceux qui le désirent, de se rendre en classe, en toute liberté, en toute sécurité. Cela demande sans doute que l’on évalue à nouveau la question, en vue de prendre les mesures qui s’imposent, mais il est certainement urgent de le faire. L’enfant étant le père de l’homme, c’est tout de même l’avenir de l’éducation dans ce pays qui est en question. Et il faut assurément accepter d’y faire face. Résolument et avec la fermeté qui convient.

Détournements de fonds : ces rapaces qui se repaissent de la misère des pauvres.

Il y a quelques jours seulement, démissionnait le ministre malien de la Santé. Si à l’époque, la nouvelle était surprenante, on sait un peu plus, à présent, sur ce qui avait été à l’origine du jet d’éponge de cette personnalité politique. Le partenariat mondial basé à Genève a annoncé dans un communiqué officiel le détournement de 2 milliards de francs cfa par de hauts responsables de la santé au Mali.

Et dans la foulée, l’institution a décidé de la suspension de 11 milliards cfa d’aide prévus pour ce pays. Du beau gâchis. De l’argent destiné à secourir des malades qui se retrouve enrichissant des bien-portants déjà riches. Renversant, irritant, malheureux. L’affaire en rappelle d’ailleurs une autre qui avait, il y a quelques années, elle aussi, défrayé la chronique, au pays de la Téranga. Une ONG avait à l’époque « traficoté » des ARV que des pays européens consentaient à expédier, à prix réduit, au bénéfice de malades du continent africain.

Une grande partie des médicaments était renvoyée en Europe pour y être vendus au prix réel et le produit de cette vente renvoyé au patron de ladite ONG qui avait sans doute de gros besoins d’argent qui justifiaient sans doute qu’il se nourrisse ainsi du sang de pauvres victimes innocentes et impuissantes. Ahurissant, tout de même. On se rappelle aussi, dans un tout autre domaine, la visite papale de Benoit XVI au Cameroun. Les fonds destinés à la couverture médiatique s’étaient retrouvés bien au chaud dans quelques placards de villas ministérielles, très en sécurité.

Les détournements de fonds, un sport dont sont friands une kyrielle de hauts responsables sous nos tristes tropiques. Plutôt que d’en rire, il faudrait sans doute en pleurer. Car le paradoxe en est déprimant. Voici des pays qui chantent misère et crient famine sur tous les toits de continents plus nantis.

Et lorsque ces derniers consentent et déposent l’aide dans la sébile tendue, les sous disparaissent comme par enchantement, pour se retrouver ou dans quelques comptes bancaires personnels sécurisés, ou dans d’hermétiques coffres-forts incrustés dans de solides murailles de palais cossus et décidément déjà trop luxueux. Car, enfin, comment peut-on en arriver à détourner de l’argent destiné à sauver des vies humaines ? N’eût été le cynisme, on dirait que l’on préfère qu’on vole partout, mais que l’on épargne tout de même les fonds destinés à lutter contre le paludisme, la tuberculose et le sida.

Dans ce cas bien précis, le chef d’Etat malien a promis de s’occuper personnellement de la question. Cela ne devra pas être un vœu pieux. Car –les exemples sont hélas nombreux- laisser faire ou occulter la manœuvre fonctionne comme un encouragement à produire des émules. Combien sont-ils, sur le continent noir, des chefs d’Etat qui s’attaquent de manière effective au phénomène du détournement de fonds dont des membres de leur gouvernement ou certains de leurs proches se rendent volontiers et régulièrement coupables ?

Ce n’est pas que des enquêtes ne soient pas menées, ce n’est pas que des commissions d’investigations ne soient pas érigées. Fort malheureusement, elles sont toutes et assez souvent destinées à mettre les faits sous l’éteignoir, et on passe à plus sérieux. Et l’on comprend alors les vraies raisons qui poussent certains responsables qui jouent des coudes, tout le temps qu’il faut, pour, un jour, arracher enfin ces bien fameux portefeuilles ministériels. Malheureusement, ils en oublient jusqu’à l’étymologie du terme, qui signifie « service ».

Et voilà un autre combat –un de plus- que les dirigeants du continent noir devraient s’efforcer de remporter. Il est de taille et il leur faudrait se munir de l’armure qui convient pour en venir à bout. Pour redorer leur propre blason et regagner la confiance de leurs nations.

Ashley Mathilda

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2010 à 03:00 En réponse à : Détournements de fonds : ces rapaces qui se repaissent de la misère des pauvres.

    Quelle hypocrisie Mlle la journaliste,

    au lieu de voir loin au Mali, n as tu pas vu l histoire des detournements au BF, Drissa du Conseil constitutionnel, les ministres et ambassadeurs avec les villas de la CNSS a Ouaga 2000. Le Burkinabe est trop hypocrite, il denonce les derives chez les autres (vols, viols, fraudes), election en Cote d Ivoire, mais ne dit rien sur le BF

  • Le 30 décembre 2010 à 10:03, par Lafricain En réponse à : Détournements de fonds : ces rapaces qui se repaissent de la misère des pauvres.

    Vraiment de l’hypocrisie ! Et c’est cela le mal de l’Afrique.Ce sont ces genres de journalistes qui ont chanté les louanges de sinistres personnes commes Mobutu, Eyadema ou Conté, et une fois mort ces meme "journalistes" sont les premiers à prendre leurs plumes pour traiter ces personnages de dictateurs, sanguinaires, etc.J’aimerais voir la reaction de ces "journalistes" lorsque le président Compaore ne serait plus au pouvoir.
    Des GRANDS comme Norbert ZONGO, on en trouve rarement.
    Nous voyons toujours la paille qui se trouve dans les yeux du voisin.

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