LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

Publié le vendredi 17 décembre 2010 à 03h44min

PARTAGER :                          

La démission annoncée de l’Archevêque de Bobo-Dioulasso, Mgr Titianma Anselme Sanou a suscité des interrogations auprès de nos nombreux lecteurs qui se demandent ce que peut bien vouloir dire une telle « démission »... Dans le vocabulaire civil, ce mot est souvent entaché d’un non-dit qui laisse penser à un désaveu. Qu’en est-il dans l’Eglise Catholique ? L’Archevêque aurait-il été victime de quelque chose dans les hautes sphères de la catholicité, à Rome ?

Que tant de burkinabé, toutes tendances religieuses confondues continuent à s’interroger sur le départ à la retraite de Titianma ( : … celui qui a la vérité ou encore celui qui est du côté de la vérité…) Anselme Sanou est la preuve que cet homme vif, d’allure à la fois athlétique et ascétique, ne manquent pas d’intriguer. Plus d’une fois, même sous l’orage, il a donné avec abnégation sa pierre pour la construction de la Maison commune, le Burkina Faso. Il est normal, pensons-nous, que ses compatriotes se demandent ce qui lui arrive. Pour rassurer les uns et les autres, la démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso n’est pas l’expression d’un désaveu de son Eglise.

En effet, au terme des deux paragraphes de l’article 401 du Droit Canon, tout évêque de l’Eglise Catholique doit rendre sa démission lorsqu’il a 75 ans accomplis. Il peut présenter sa démission au Pape avant ses 75 ans pour raison de convenances, pour lui-même, pour son diocèse et pour Rome, car il s’agit de favoriser le passage de témoin à un successeur au moment favorable.

Le terme canonique pour traduire cette démission, c’est l’expression « renonciation à la charge pastorale », afin qu’elle puisse être confiée à une autre personne... Toute renonciation de la fonction d’évêque ou d’archevêque exprimée auprès du Pape fait l’objet d’un double examen : le Pape et ses conseillers examinent d’abord le bien fondé de la requête, et ils examinent ensuite les questions liées au remplacement et surtout au remplaçant. Celui-ci est désigné sur une liste de trois noms que le Nonce Apostolique présente au Pape. Et ce, après consultation du collège épiscopal et d’autres responsables d’église (prêtres, religieux) du pays et du diocèse concerné. Pour le cas présent, Monseigneur Paul Ouédraogo, évêque de Fada N’gourma a fait partie de cette liste sélective et a eu les faveurs de Rome pour être nommé Archevêque de Bobo-Dioulasso.

Dans les conditions normales de la gestion vaticane des ressources humaines, l’élu est informé de sa nomination. Son point de vue compte, mais c’est l’intérêt général qui l’emporte, que ce soit pour Fada-Ngourma, Bobo-Dioulasso, Cotonou ou de Sarajevo. Ce qui donne à l’Eglise son « caractère universel » qui n’est pas très éloignée de « l’idée d’humanisme ». Le Droit Canon est la Loi fondamentale de l’Eglise catholique, une des plus vieilles Constitutions du monde. Le Droit Canon, qui s’est sans doute parfois revigoré pour raison d’inculturation, est contemporain du droit romain.

Intronisation le 19 décembre 2010

Comment se fait alors l’installation du successeur de l’archevêque démissionnaire ? L’installation de Mgr Paul Ouédraogo sur le trône de l’archevêque de Bobo-Dioulasso, aura lieu le 19 décembre 2010. Ce sera au cours d’une messe, dite Messe d’installation. Au cours de cette Célébration, les prêtres relevant de l’archidiocèse de Bobo-Dioulasso prêtent obédience au nouvel archevêque, une manière pour eux de manifester leur adhésion au choix de leurs supérieurs et leur soutien à leur supérieur entrant. Au cours de la messe, Mgr Paul Ouédraogo se verra remettre sa crosse, celle qu’il avait à Fada, par le Nonce apostolique, représentant du Saint-Père. La crosse est le symbole, dans l’Eglise Catholique, de la fonction ecclésiale de berger, de pasteur, de guide spirituel.

Il s’agit d’une messe de passation de responsabilité, pour employer une expression plus prosaïque, bien sûr dans une logique de succession et non de remplacement. Car, après le 19 décembre 2010, l’administrateur apostolique, titre intérimaire de Monseigneur Titianma Anselme Sanou, va jouir d’une retraite bien méritée.

Devenu évêque à 37 ans, cas plutôt rarissime, il peut maintenant s’adonner à des tâches sans doute aussi nombreuses et importantes qu’avant, dans sa vie active, mais tout de même moins contraignantes sur le plan administratif. Habituellement, l’évêque catholique à la retraite prêche des retraites, guide et soutient les jeunes, surtout ceux qui se laissent tenter par la vie sacerdotale, anime des conférences, accompagne des couples chrétiens, s’implique dans l’organisation d’associations qui s’ouvrent à lui. Voilà ce à quoi celui que le Vatican honore déjà du titre d’archevêque émérite de Bobo-Dioulasso va se donner corps et âme, comme il savait déjà le faire.

Le souhait de nombreux burkinabè et non-burkinabè est de voir l’archevêque émérite de Bobo-Dioulasso prendre du temps pour écrire et surtout publier. Titianma Anselme Sanou a fait des études remarquables sur les traditions de sa famille culturelle. C’est une personne ressource sur les traditions africaines et les approches d’inculturation de l’Eglise catholique. Ses publications pourraient maintenant être servies aux générations futures comme nourriture spirituelle pour leur maturation humaine. Sa thèse de doctorat a porté sur ce difficile passage du « Do au Credo », c’est-à-dire du dieu de ses pères à l’affirmation de la foi chrétienne catholique.

Il a été honoré, selon nos informateurs, de la Mention « Cum Maxima Laude ». Pour ceux, qui, comme nous, n’entendent pas grand-chose au latin, on peut traduire : Mention, « on dit pas », une mention qui récompense rarement les candidats au doctorat de théologie, à Rome. Du reste, il a montré, par la suite, à travers l’enseignement au grand séminaire de Koumi notamment, dans ses nombreuses prédications, l’accompagnement des jeunes, le rayonnement dans la gouvernance nationale dont il a fait montre, que dans la course à l’excellence, il mérite la plus haute distinction.

Ibrahiman SAKANDE


L’église catholique, une organisation…

Dans la hiérarchie des responsabilités et le découpage administratif chez les Catholiques, le Curé est à la tête d’une paroisse (la paroisse de Kokologho par exemple). L’Evêque dirige un diocèse, composé d’un ensemble de paroisses. L’archevêque ne dirige pas… Il coordonne la pastorale sur plusieurs diocèses (province ecclésiastique).

C’est pourquoi les évêques de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou, par exemple, sont appelés archevêques. Ils ont, chacun, plusieurs diocèses sous leur autorité et 4 à 5 fois par an, ils ont des rencontres avec les évêques qu’ils coordonnent. Celui de Bobo-Dioulasso a sous son ministère les diocèses de Dédougou, Banfora, Dédougou et Nouna. Le Pape est le guide spirituel de tous les diocèses de la chrétienté catholique mondiale.

I. SAKANDE


Que devient Fada N’gourma ?

Jusqu’à la date du 19 décembre 2010, autant Mgr Paul Ouédraogo ne peut intervenir à Bobo comme archevêque, autant il reste le patron du diocèse de Fada. Ce ne sera qu’après la messe par la prise de possession canonique du siège, dimanche 19 décembre prochain, qu’il deviendra le premier responsable de l’église bobolaise. Dès lors, les fidèles de l’église de Fada devront, sous une semaine, se donner un administrateur, pendant que le prêtre le plus âgé gère les instances…

On sait que pour avoir déjà été administrateur, il ne peut être élu, quel qu’en soit la forme, par le collège des consulteurs de l’église de Fada N’gourma. Celui-ci sera chargé d’administrer la vacance du siège jusqu’au jour où le Pape décidera, par le truchement du Nonce Apostolique, de « donner à Fada », un Evêque… Les pouvoirs de l’administrateur diocésain sont très différents de ceux d’un évêque. Il est tenu de s’adresser à son archevêque métropolitain pour toutes les questions qui le dépassent. C’est le cas, par exemple, pour la « bénédiction des huiles bénites » pour les prêtres…, pour les baptêmes, pour les malades.

I. SAKANDE


CURRICULUM VITAE

- 03 mai 1948 : Naissance à Treichville (Côte d’Ivoire)

- 1954-1960 : Ecole primaire à Bobo-Dioulasso

- 1960-1967 : Petit Séminaire de Nasso

- 1967-1968 : Lycée Ouézzin COULIBALY de Bobo-Dioulasso

- 1968-1974 : Grand Séminaire de Koumi

- 1974-1975 : Vicaire à la Paroisse de Tounouma

- 1975-1976 : Vicaire à la paroisse de Bama

- 1976-1980 : Etudiant en Sciences Sociales/Université Nationale de Côte d’Ivoire - 1980-1983 : Curé de la Paroisse de Banfora

- 1983-1986 : Secrétaire Général de la Conférence Episcopale Burkina-Niger

- 1986-1993 : Secrétaire Général de la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel

- 1993-1997 : Curé de la Paroisse Cathédrale de Bobo-Dioulasso

- 1997 à nos jours : Evêque de Fada N’Gourma

Diplômes
- 1960 : Certificat d’Etudes Primaires

- 1964 : Brevet d’Etudes du Premier cycle
- . 1968 : Baccalauréat A3

- 1974 : Baccalauréat de Théologie

- 1980 : Maîtrise en Sciences Sociales

Expériences et Distinctions

- Vice-Président de la Conférence Episcopale Burkina Niger (1991-1997)

- Président de la Commission Episcopale de Pastorale Sociale et de l’OCADES (1997-2007)

- Président de la Commission de Pastorale Sociale pour la Conférence

- Episcopale Régionale francophone de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) 2000-2007 .

- Membre de la Commission Constitutionnelle (Burkina Faso : 1990)

- Membre du Collège de Sages (1999)

- Grand Maître de l’Ordre National du Lion (Sénégal : 1992)

- Officier de l’Ordre National (2003)

Certifié conforme le 13/12/2010

Paul Yembuaro OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2010 à 12:17 En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

    C’est le curriculum Vitae (CV) de qui ?

  • Le 17 décembre 2010 à 13:07 En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

    Mr sakandé a fait un travail remarquablement bien il est a féliciter,mais la seule fausse note c’est le cv dont on ne pouvait savoir à qui il appartiens jusqu’à la fin,mais ça c’est pas monsieur sakandé.

    • Le 21 décembre 2010 à 10:28, par jo En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

      cela a pourtant bien été cité à a fin. Par contre, ce que je ne comprends pas, ce que Monseigneur Anselme Sanou est né en 1937.Il n’a pas les 75 ans revolus ?!?!
      dans son discours pour passer le témoin à son successeur, on a senti qu’il y a anguille sous roche. Il parlait de la vérité qui va triompher.de la justice sociale, de bon débaras. Qu’est-ce que c’est ?

  • Le 17 décembre 2010 à 13:35 En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

    Très bien pour avoir éclairé les uns et les autres de cette situation qui semblait bizarre. en quelque sorte le monsieur aa pris une retraite parce qu’il à 75 ans.

  • Le 18 décembre 2010 à 20:55, par Merdicus En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

    Merci pour l’article ! Juste rectifier une erreur concernant la traduction de la mention "cum maxima laude". Vous avez traduit par "on ne dit pas", c’est pas une mention ça ! Mes 5 ans d’études du latin même si c’est un peu roué, vu que ça fait longtemps que j’en parle plus me permettent de traduire ainsi :
    cum : avec, en compagnie de/
    maxima : maximum, grandiose/
    laude : louange/
    Donc "cum maxima laude" peut se traduire par "avec de grandes louanges" c’est un peu l’équivalent français de mention "très honorable" ! Mais c’est vrai, c’est une mention qui est rarement donnée dans son domaine d’études !

  • Le 8 janvier 2011 à 14:15 En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

    l’article est d’une grande opportunité en ce sens qu’il se veut une réponse aux préoccupations de nombre de gens(chrétiennes ou non)même s’il reste un tout petit peu superficiel-notamment sur les raisons exactes de ladite renonciation- mais on comprend:l’auteur n’est certainement pas un spécialiste de la chose ecclésiastique...une remarque pour finir:l’archidiocèse de Bobo-Dioulasso regroupe les diocèses de Bobo-Dioulasso,Diébougou, Dédougou et Nouna(l’article mentionne deux fois Dédougou, sans doute par erreur de frappe) !

  • Le 4 février 2011 à 20:50 En réponse à : Démission de l’archevêque de Bobo-Dioulasso : Le sens d’une retraite pastorale

    La vie m’a fait cadeau d’avoir rencontré, la même année et durant le même mois : Mgr Paul Ouedraaogo, alors abbé à la Fondation Jean-Paul II, à Ouagadougou, puis, Mgr Anselme Titiana Sanou ou Sanon en octobre 1987, à la grande Mission de Bobo-dioulasso. L’accueil que ces deux hommes ont accordé au jeune grand séminariste que j’étais alors, ainsi que les contacts que j’ai pu avoir avec eux par la suite, m’ont montré, si besoin en était, qu’ils sont de cette rare catégorie d’hommes et de produits d’Eglise : êtres vivant leur existence éthique en accord courageux et en cohérence remarquable avec leur intelligence et leur foi christiques. Grâce à eux, l’amour de cette cohérence a fait irruption dans ma vie et m’a résolument permis d’orienter mon existence incarnée à satisfaire tant que faire se peut cette exigence qui nous rend aptes au bien-être ou au bonheur durable :à savoir développer encore et encore, la réalisation de notre conscience identitaire christique. Heureux ceux qui, sur leur chemin, les auront connus et fréquentés comme pasteurs et/ou comme frères en Christ. Alors, dans ma vie universitaire de philosophe, je vous dis chaque jour, merci d’avoir éveillé en moi cette qualité de vie et de m’avoir ainsi initié au plaisir de faire comme vous, aînés édifiants en toutes qualités.
    Etienne Modou YATT, sénégalais vivant à Strasbourg (France)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique