Par exemple, dans sa posture de deuxième producteur mondial de cacao, il talonne sérieusement la Côte d’Ivoire empêtrée dans une crise politique depuis huit ans. C’est dire donc que les recettes du pétrole serviront à renforcer ces succès. Le pays de Kwamé N’Krumah a tout pour éviter de tomber dans la "malédiction" de l’or noir. On sait, en effet, que la mauvaise gestion des revenus du pétrole est la source de bien des conflits à travers le monde. Etant donné le sérieux dont ce pays fait preuve dans sa gouvernance, on est fondé à croire qu’il saura éviter les écueils qu’ont connus bien d’autres pays africains producteurs de l’or noir.

Pour ce faire, il devra s’employer à éviter la mauvaise gestion des recettes de cette exploitation en évitant soigneusement des fléaux comme la corruption et les détournements dans ce secteur. Le président Atta Mills en a, d’ailleurs, appelé à la responsabilité des dirigeants pour relever ce défi. En outre, le Ghana est, dans cette optique de bonne gestion de son secteur pétrolier, allé à l’école de pays exemplaires comme la Norvège. Tout cela prouve, si besoin était, que l’ancienne Gold Coast est décidée à faire en sorte que son pétrole serve vraiment à sa prospérité. On peut compter sur le Ghana qui est un véritable exemple de démocratie pour réussir ce pari.

Les succès économiques de ce pays, il faut le dire, sont solidement adossés à des succès politiques indéniables. Les leçons de démocratie que ce pays ne cesse d’administrer au reste du continent, ont achevé d’en faire une vraie référence pour les démocrates convaincus et une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers. C’est le genre d’Etat où la bataille pour l’émergence n’est pas un vocable creux mais une volonté réelle parce que les jalons de cette émergence sont vraiment posés et perceptibles.

Une chose, et non des moindres, qui marque l’observateur de ce pays, c’est le sérieux dont font montre ses dirigeants. Des hommes politiques qui se respectent, qui ne perdent pas leur temps dans des voyages onéreux et aux retombées hypothétiques, à travers le monde, contrairement à bon nombre de leurs homologues. Il y a également une population qui sait ce qu’elle veut. Sur des sujets qui polluent le climat démocratique dans d’autres pays comme la participation des chefs traditionnels aux batailles politiques partisanes, les Ghanéens ont su accorder leurs violons. Ces chefs bénéficient d’un statut particulier qui les met à l’abri du besoin, leur donne les attributs de leur autonomie vis-à-vis des hommes politiques. Les Ghanéens ont également résolu, en tout cas pour l’heure, le problème de l’alternance au sommet de l’Etat, cause d’instabilité dans certains pays de la zone.

En quelques années, ils ont vu se succéder les présidents Rawlings, Kuffor et Mills, et tout cela, dans le calme et la sérénité. On retient donc, de ce pays, certaines images marquantes dont celle de ses dirigeants bataillant ferme pour le bonheur des populations, elles-mêmes mobilisées à cet effet. Cet esprit, entre autres, de combativité, de rigueur dans la gestion de la chose publique est peut-être un élément de l’héritage anglo-saxon du pays, mais aussi une valeur tirée des tréfonds de sa culture. On ne peut que souhaiter bon vent au Ghana, d’autant plus que son succès peut avoir un effet d’entraînement sur les autres pays de la sous-région.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays