Le 18 octobre 2010, la presse relatait la mort de El Hadj Djiguemkoudré Hamadou âgé de 63 ans à Yourga, village situé dans la commune rurale de Sanga dans la province de Ourgaye. Informé de cet évènement tragique, le Point focal du Réseau ouest-africain des défenseurs des droits de l’Homme (ROADDH), en sa qualité de rapporteur permanent sur la situation des droits de l’Homme au Burkina Faso pour l’ONG, a effectué une mission d’enquête en vue de l’établissement des faits du 08 au 09 novembre 2010 dans le but d’informer l’opinion nationale et internationale. Il a, dans ce cadre, rencontré la famille de la victime et recueilli des témoignages auprès de plusieurs personnes.

Sur la base des informations obtenues, il ressort que El Hadj Djiguimkoudré Hamadou a été assassiné lors d’une attaque criminelle de son domicile par un groupe d’individus de son village. Il a été battu, égorgé puis brûlé dans sa chambre en même temps que plusieurs concessions causant d’importants dégâts dont la perte de biens divers et des récoltes. Les auteurs de cet acte criminel ont été identifiés et connus des victimes. En effet, des querelles d’ordre religieux subsistant depuis un certain moment dans le village seraient à l’origine du drame. Cette situation avait déjà occasionné des incidents antérieurs où les menaces et les agressions s’étaient concrétisées par la destruction d’une mosquée et l’incendie d’un hangar servant de lieu de prière appartenant aux Jiguimkoudré et leurs proches. Les autorités policière, administrative et politique de la localité s’étaient impliquées à maintes reprises sans que des solutions à même d’éviter le pire y soient trouvées.

Le Tribunal de Grande Instance de Tenkodogo s’est saisie de l’affaire et une enquête judiciaire a été diligentée. Toutefois, la famille de la victime et des proches vivent dans la peur et leurs vies sont en danger. Ceux-ci font l’objet de menaces téléphoniques et d’agressions physiques venant d’individus reconnus comme ayant participé à la manifestation ayant occasionné le crime. Mais ces derniers circulent encore librement dans le village, narguant leurs victimes. Les membres de la famille du défunt et leurs proches sont désormais dans l’impossibilité de vaquer à leurs travaux champêtres, d’accomplir la prière en assemblée et de dormir, la nuit, dans leurs domiciles par mesure de précaution. Plusieurs d’entre eux continuent de recevoir des messages anonymes en provenance du territoire togolais, les menaçant de mort.

"La situation reste toujours préoccupante"

Deux mois après l’assassinat crapuleux et sauvage de El Hadj Djiguimkoudré Hamadou, la situation reste toujours préoccupante au regard des différentes formes de menaces et d’agressions à l’encontre des membres de la famille de la victime et leurs proches. Tenant compte de ce que les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets, comme ce fut le cas de l’horrible assassinat du 18 octobre, et constatant que l’environnement d’insécurité persistant toujours en ces lieux pourraient être à nouveau, sources de violations graves des droits de l’Homme à Yourga, les organisations de la défense des droits de l’Homme que sont le Collectif devenons citoyens (CDEC), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO-Burkina), le Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS) et le Forum des organisations de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (FOSCAO- Burkina) demeurent profondément inquiets et préoccupés. Un Comité de travail a été créé pour suivre de près l’évolution judiciaire du dossier et la gestion du problème sur le terrain. En tout état de cause, le Comité :

 Demande aux autorités nationales et locales compétentes de prendre les dispositions conséquentes pour protéger les personnes menacées et de faire cesser toutes les situations susceptibles d’entraîner de nouvelles atteintes aux droits de l’Homme dans ce village,
 Réclame toute la lumière sur l’assassinat de El Hadj Djiguimkoudré Hamadou et que justice soit faite,
 Exige que toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette affaire aussi bien les exécutants, les commanditaires que les complices, qui, qu’ils soient et où qu’ils se trouvent, soient arrêtés, jugés et condamnés.

Ont signé :

1- Mathias TANKOANO Président/RADDHO-Burkina

2- Lookmann SAWADOGO SG CDEC/Point Focal ROADDH

3- Alexandre PAGOMZIRI Président/MBEJUS

4- Siaka COULIBALY FOSCAO/Burkina

Le Pays