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Théâtre africain : Vers une dérive nudiste !

Publié le jeudi 16 décembre 2010 à 01h50min

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De plus en plus, on verra des comédiens nus sur les scènes de théâtre. Ce n’est ni le réchauffement climatique ni la raréfaction des subventions qui en sont cause. C’est dans l’air du temps ! Il y a quelque temps, nous avons suivi deux spectacles de théâtre où les comédiens jouaient à demi-vêtus, laissant leurs costumes accrochés aux cintres dans les loges. Dans le premier spectacle, pendant une vingtaine de minutes, la comédienne, une plus que quadragénaire, et un jeune comédien simplement vêtu d’un string se livraient à une chorégraphie obscène digne d’un strip-tease dans un tripot clandestin.

Dans l’autre, un monologue, la comédienne avait tombé le haut et débitait son laïus, le torse enduit de bleu comme un personnage d’Avatar. Et cette nudité était totalement gratuite. Elle n’apportait aucun supplément de sens à la mise en scène ; c’était juste un bonus de viandes offertes au voyeurisme des spectateurs.

Cette subite inclination pour la nudité est logique pour qui suit l’évolution du théâtre francophone. En effet, ces dernières années, les nouvelles écritures dramatiques africaines sont infestées par un discours obscène où fleurissent les références au cul et à la culbute. C’est à croire que la qualité de ses œuvres se juge au nombre de « merde », « foutre » et de « cul » dans le texte.

La filiation littéraire de ses dramaturges se situant plus du côté du pornographe que du poète. Sade détrônant Shakespeare ! Ainsi, l’effeuillage des comédiens participe d’un lent processus d’envahissement du théâtre africain par la pornographie.

Mais que l’on s’en offusque et il s’en trouve toujours, des thuriféraires du nu, pour arguer que la nudité est naturelle en Afrique et qu’elle n’a jamais posé problème parce que des jeunes filles dansent la poitrine au vent dans les villages. Pour eux, s’inquiéter de cette dérive nudiste, c’est pactiser avec les intégrismes religieux, islam et christianisme, qui sont à l’œuvre pour brider la liberté de création.

C’est oublier que si cette nudité-là ne dérange pas dans les soirées villageoises, c’est parce que le corps n’est pas érotisé dans certains milieux, ce qui n’est pas le cas des spectateurs des villes. Ce qui ne fait pas d’eux de demi-Africains. Cet argument est spécieux parce qu’il a une vision essentialiste de l’Africain. Tout est une question de regard !

Même si cela était vrai, la scène de théâtre n’est pas une salle de musée où exposer des mœurs antiques. Le théâtre n’est pas l’art de l’analogie, mais celui du simulacre, de la métaphore et du symbole. Il y a mille moyens de suggérer la nudité sur scène sans nous imposer les viandes du comédien !

Quant à ceux qui disent que la nudité participe de la modernité du théâtre, laissons-les entrer dans cette modernité et restons à la lisière. Quand le comédien baissera sa culotte pour laisser un joli tas de merde sur scène, ils applaudiront cette modernité scatologique !

En réalité, le recours à la nudité résulte plutôt de la volonté de masquer la nullité de la mise en scène. Souvent, le metteur en scène pense que là où notre intelligence n’adhère pas, nos instincts peuvent nous faire succomber.

C’est regrettable que le théâtre qui, comme tout art, doit s’adresser à la meilleure part de l’homme, c’est-à-dire à son intelligence, soit réduit à le chatouiller en dessous de la ceinture. Heureusement qu’il reste des créateurs, et ils sont nombreux, qui tentent de donner conscience aux hommes de la grandeur qu’ils ont en eux, à travers le théâtre.

Barry Saïdou Alceny

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 16 décembre 2010 à 15:46, par patrick En réponse à : Théâtre africain : Vers une dérive nudiste !

    c’est fatiguant ce genre d’article non ?

    moi ça me soûle

    un francophone responsable de tout partout et toujours

  • Le 16 décembre 2010 à 20:13, par gene En réponse à : Théâtre africain : Vers une dérive nudiste !

    Comment des gens peuvent accepter de régresser au lieu d’évoluer.Voilà pourquoi notre pauvre faso n’émergera jamais. Il faut empêcher ça, s’ils sont comme des animaux alors qu’ils restent dehors mais pas dans les théatres.Et aprés ça on s’étonne des agressions, des viols ; Ce sont ces gens là qui sont la honte de toute société.

  • Le 18 décembre 2010 à 16:38 En réponse à : Théâtre africain : Vers une dérive nudiste !

    Merci pour tirer la sonnette d’ alarme. Voila des scenes qui ne sont en fait que des fioritures meme dangereuses. Est-ce ue sans ca, le message que la piece entendait vehicukler allait en patir ? Mais moi le sauvage MBaTenga oubliait que pour faire moderne il fallait singer le blanc europeen. Le journaliste a raison d’ etre outre. Nous pouvons entrer dans la globaliosation sans ce mimetisme pitoyable. Sachez que tous les enjeux de la globalisation tourne nt autour de l’ economie. Nous pouvons rester nous memes. C- a- d, africains meme si cela n’est pas un einvite a etre un africain du 16 eme siecle que personne d’ ailleurs ne connait reelllement.
    Art, oui, bordel, non. Vous avez toute latitude de faire tout ce que vous voulez dans l’intimite des 4 murs de votre chambre. Ou alors si vous persistez avec ce "voyeurisme", j’ en concluerai que vou etes des impuissants et autres frigides qui se trouvent le besoin de demontrer en public que eux aussi, ils peuvent. Regardez en france ou les couples s’ embrassent a tort et a travers dans les rues comme pour demontrer plus aux passants qu’ ils s’ aiment que vivre un amour venu du fond du coeur. Plus jamais ca.

    LOP

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