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Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

Publié le jeudi 16 décembre 2010 à 01h51min

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Me Jacques Vergès ne cesse d’étonner. A 86 ans , il plaide toujours. D’autres auraient déjà raccroché. Mais , lui , il continue de traverser l’Histoire. Cet ancien député communiste de La Réunion est un "mercenaire du Droit". Avocat franco-algérien (né en Thaïlande de père réunionnais et de mère vietnamienne) de réputation mondiale , il aime les dossiers où nombreux sont ceux qui pensent que la cause est déjà perdue . Avocat du diable ? de la terreur ? Grande gueule, orgueilleux ? Ou simplement un homme fier de lui-même ? Il répond à tous ces jugements, en faisant une halte sur la crise ivoirienne , la (l’in) justice internationale.

Convaincu comme il est , il n’a pas de mots assez durs contre le Tribunal pénal international et invite au passage les Africains à résister face à certaines situations. L’homme qui va défendre son prochain dossier (les Khmers rouges) à 86 ans apprécie à sa façon le Burkina. Nous l’avons rencontré à l’hôtel Sheraton d’Alger le 13 décembre 2010 à l’occasion de la Conférence internationale sur la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

"Le Pays" : Me Vergès, avocat franco-algérien, né en Thaïlande d’un père réunionnais et d’une mère vietnamienne ; finalement, vous êtes un homme multiple…

Me Jacques Vergès (Avocat) : Tout à fait ! Les gens disent que je suis déchiré. Ce n’est pas vrai. Je suis un homme simplement double.

Me Vergès est un avocat bien connu à travers le monde. Qu’est-ce qui vous amène vers vos clients : l’argent ou la simple volonté de défendre votre semblable ?

Ce n’est pas l’argent. La preuve, je suis fauché (rires..). C’est la passion de défendre qui m’amène vers mes clients. Quand quelqu’un est dans le malheur, il a besoin qu’on le considère comme un être humain.

Fauché alors que vous avez défendu des clients pas ordinaires et qui ont beaucoup d’argent…

L’avocat Isorni a défendu le Maréchal Pétain. Il aurait pu être très riche. Mais il m’a dit un jour : "Jacques, par une déformation de mon esprit, je n’ai pas été l’avocat des grandes fortunes, mais des grandes infortunes". Il a défendu des ouvriers accusés de viol qu’ils n’avaient pas commis, mais il était heureux. Je vous assure que je suis fauché. Je n’ai pas de maison de campagne, je n’ai pas de voiture.

D’aucuns vous traitent de "grande gueule", de quelqu’un qui veut se faire voir. Comment percevez-vous ce jugement ?

Ceux qui le disent sont des jaloux et ils n’ont pas le courage de défendre.

Et ceux qui vous apprécient positivement sont quoi ?

Je pense qu’ils ont raison (rires…)

Voulez-vous donner raison à ceux qui pensent que vous n’êtes pas humble ?

Je ne suis ni humble, ni orgueilleux. Je suis simplement fier.

Les causes que vous défendez souvent sont perdues d’avance...

Il n’y a jamais de causes perdues à l’avance parce qu’il y a une image. On peut toujours sortir grandi dans un procès même si on est condamné. Si j’étais médecin, je préférerais avoir affaire à une greffe du cœur qu’à 50 cas de grippe.

Travaillez-vous à rendre justice à vos clients ou travaillez-vous à obtenir des circonstances atténuantes pour eux ?

Tout dépend du dossier.

De tous les dossiers que vous avez défendus, lequel a retenu le plus votre attention ?

Tous ! Il y a des procès dont on parle et des procès dont on ne parle pas. Ces derniers m’ont beaucoup touché aussi.

Parmi les procès dont on a parlé, il y a par exemple celui de Tarek Aziz….

Pour le procès de Tarek Aziz, je n’ai pas pu avoir une autorisation de visa iranien et je n’ai pas pu avoir l’autorisation des Américains- parce que ces derniers sont des patrons- de le voir. Alors, je me suis contenté d’envoyer une lettre ouverte aux juges. Dans cette lettre, je disais : "Messieurs, vous êtes les mêmes qui avez condamné Saddam Hussein à mort. Cette condamnation est illégale. Je sais que vous avez une excuse. Ce n’est pas pour votre connaissance du droit qu’on vous a choisis, mais c’est pour votre obéissance. Si vous le condamnez à mort, vous commettrez un crime dont vous allez répondre un jour".

Mais vous avez renoncé à défendre le dossier Saddam Hussein alors que vous étiez prêt pour ça…

J’ai renoncé parce que la famille était divisée. J’ai rencontré des membres de la famille de Saddam Hussein à Genève, à Beyrouth et au Yémen, mais la fille de Saddam était l’invitée d’honneur du Roi de Jordanie. Elle s’est opposée. Je me suis donc dit que si la famille est divisée, ce serait un désastre. C’est pourquoi je me suis retiré.

Est-ce pour tout cela que vous vous considérez comme un « salaud lumineux » ?

C’est un journaliste qui a dit ça de moi. On a pris ça pour ironie, pour moquerie.

Etes-vous l’avocat du diable ou de la terreur ?

Je ne suis pas l’avocat de la terreur, mais l’avocat des terroristes. (Rires...). Hippocrate disait : "Je ne soigne pas la maladie, je soigne le malade". C’est pour vous dire que je ne défends pas le crime mais la personne qui l’a commis.

Où étiez –vous entre 1970 et 1978 ? Vous aviez disparu...

J’étais sur terre. Je ne peux pas vous le dire parce que la police veut savoir où j’étais. La police est aveugle. Elle ne savait pas où j’étais.

Que vous reprochait-on pour que vous vous cachiez ?

Rien du tout ! Il y avait en ce moment une mode en France. Les gens exposent leur vie privée. Ce n’est pas mon genre. Quand je me manifeste, c’est pour défendre un client. Or, pendant ces années-là, je n’étais pas avocat. Je n’ai donc aucune raison d’en parler.

Quel est le dossier qui vous a mis mal à l’aise dans votre carrière ?

Je n’ai jamais été mal à l’aise. Prenons l’exemple du procès Barbé. J’avais en face de moi 39 avocats. En plus du procureur, cela faisait 40. Le procès a duré 8 semaines. J’étais seul face à 40 pendant 7 semaines. Malgré cela, je me sentais bien. La dernière semaine, j’ai demandé à un avocat du Congo et à un autre de l’Algérie de venir avec moi. De sorte à dire à ceux qui étaient en face qu’ils prétendent parler au nom de l’humanité. L’humanité n’est pas entièrement blanche. Elle est noire aussi. Elle est jaune aussi. L’humanité est sur le banc de la défense.

Vous perdez votre maman quand vous aviez 3 ans, vous obtenez votre BAC à 16 ans, vous êtes un gaulliste à fond, bref, Me Vergès semble être un homme aux mille facettes.

Décidément, vous avez mené une enquête précise sur moi ! J’ai perdu effectivement ma maman lorsque j’avais 3 ans. J’ai un vague souvenir d’elle parce que à 3 ans, on ne se rend pas compte. Après sa mort, j’ai été tout de suite pris en main par la tante de mon père qui a joué le rôle de grand-mère. Je ne joue pas les victimes. On ne dit même pas que j’ai souffert. J’ai été engagé dans les Forces françaises libres de 17 à 20 ans. Je vous dit que sortir de l’adolescence en faisant la guerre, c’est la plus belle sortie possible, surtout sous les ordres d’un Général condamné à mort car le Général De Gaulle était condamné à mort.

Avez-vous déjà défendu un dossier burkinabè ?

Non ! J’ai été à Ouagadougou, mais pour défendre Diawara de l’ex-CEAO qui était déjà condamné. Je suis intervenu pour qu’il soit libéré contre une caution et il a été libéré.

Vous ne connaissez donc pas grand-chose du Burkina Faso ?

Vraiment, pas grand-chose. Je sais seulement que c’est un pays agréable où les gens sont gentils. C’est un pays des deux roues. A l’époque, j’ai rencontré Sankara…

… Lequel des Sankara ?

Le président Thomas Sankara. J’ai trouvé qu’il était sympathique et séduisant. Ensuite j’ai rencontré le Président Blaise Compaoré. J’ai trouvé que c’était un homme très fort...

.. C’est-à-dire ?

C’est-à-dire un politique, un homme d’Etat.

Avez-vous perdu plus de procès que vous en avez gagné ?

Je n’ai jamais perdu de procès parce que je suis réaliste. Je suis capable de dire à mon client de ne pas compter sur des circonstances atténuantes parce qu’il sera condamné à perpétuité. Ceci étant, on va faire du procès quelque chose de respectueux de votre personne.

A 86 ans, vous plaidez toujours ...

Toujours ! Je suis jeune plus que jamais.

Quel est votre prochain dossier ?

C’est celui des Khmers rouge (ndlr : régime sanguinaire d’Indochine qui a rasé tout ce qu’il y avait d’opposants).

N’avez-vous pas d’appréhensions à ce niveau ?

Le chef du gouvernement du Cambodge a dit qu’avant de juger les Khmers rouges, il faut juger l’ONU et les pays occidentaux qui ont reconnu les khmers rouges comme la France et l’Amérique. D’ailleurs, j’ai demandé –et il a accepté - que le ministre des Affaires étrangères français de l’époque, Roland Dumas, soit témoin de la défense au procès.

Comment l’avocat que vous êtes perçoit-il la démocratie en Afrique ?

Elle n’est pas parfaite. Elle n’est parfaite nulle part. Il y a des gens qui se donnent comme exemple de démocratie. Aux Etats-Unis, cette démocratie commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité comme au Guantanamo et en Irak. La France est une démocratie. Mais si vous allez en ce moment à Paris où il fait froid, vous trouverez des gens qui dorment dans la rue. Alors, en ce moment-là, les démocraties occidentales n’ont pas de leçons à donner aux autres démocraties.

Quelle lecture faites-vous de la situation en Côte d’Ivoire ?

A mon avis, les Occidentaux ont poussé à faire des élections en Côte d’Ivoire. On fait des élections pour confirmer un consensus. Il n’ y a pas de consensus en Côte d’Ivoire. Il vaut mieux attendre 12 ans que d’arriver à la situation actuelle. D’autre part, l’Occident appui un candidat. Je pense que c’est une erreur. Ce candidat apparaît comme un candidat de l’étranger.

Pour vous, le candidat auquel vous faites allusion n’a pas gagné les élections ?

Je n’en sais rien. Même s’il a gagné… Je n’habite pas la Côte d’Ivoire, je ne connais pas exactement la Côte d’Ivoire. Je ne peux pas, comme les Occidentaux, rester à l’étranger et dire que c’est comme ci ou comme cela.

Quelle appréciation faites-vous de la justice internationale ?

Je préfère parler plutôt d’injustice internationale. Vous savez, les colonialistes ont toujours un masque. Ils ne disent jamais du bien de vous. Ils pillent vos ressources naturelles. Ils ont commis des génocides à l’égard des Indiens d’Amérique, détruit des civilisations comme celle des Aztèques. Au nom de la liberté du commerce, ils ont imposé à la Chine trois guerres d’opium. Au nom de l’esclavage, ils sont venus imposer le travail forcé en Afrique. Aujourd’hui, c’est au nom de la justice qu’ils interviennent. Quelle est cette justice ? J’ai travaillé pour le tribunal de la Yougoslavie et pour celui du Cambodge. Les magistrats appliquent des règles, mais eux n’ont pas de règles. Ils font leurs règles eux-mêmes. Au Burkina ou en France, un juge dit que telle personne est gardée à vue 30 jours. La loi dit que c’est le délai maximum. Mais le juge dit que je veux le garder plus longtemps.

La loi est faite par le Parlement et non pas par le juge. Dans le cas de Milosevic (ndlr, il était un de ses clients) au tribunal pour la Yougoslavie, on a changé la loi 22 fois. Ils violent le principe de Montesquieu. C’est la première chose. Au Cambodge, le tribunal vient de décider de faire appel à des donateurs privés. Quand un homme riche vous donne de l’argent, ce n’est pas pour rien. Vous vous vendez. Quand vous acceptez l’argent de n’importe qui, vous faites n’importe quoi. Je prends l’exemple du tribunal pour le Liban. Il y a 4 ans, les commanditaires de ce tribunal ont dit qu’il faut mettre en cause les Syriens. On a arrêté 4 Généraux réputés pro-Syriens. Il n’y avait rien contre eux. Les commanditaires ont dit ensuite que les Syriens ne les intéressaient plus, mais cette fois c’est le Hezbollah. On a libéré les captifs et on a essayé de mettre en cause le Hezbollah.

Un tribunal est responsable devant l’opinion. On a fait le procès de Milosevic sans un Serbe dans le tribunal. On fait un procès au Cambodge où le chef du gouvernement dit qu’il ne veut pas qu’on accuse d’autres personnes, autrement il y aura la guerre civile. Le procureur qui est Canadien dit qu’il a le droit d’avoir une opinion. Les magistrats de la Cour internationale sont atteints de ce qu’on appelle un daltonisme au noir. Le dalton ne voit pas certaines couleurs. Ils ne voient que le noir. Si vous allez à la Cour internationale, tous les inculpés sont noirs, pas parce qu’il ne s’est rien passé à Gaza, pas parce qu’il ne s’est rien passé à la prison d’Abugraïb. La question que je me pose maintenant est : Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle cela ? Je ne dis pas que tout le monde est innocent, mais si ces gens sont coupables, c’est aux Africains de les juger. Pourquoi l’Afrique accepte-t-elle que ses dirigeants soient jugés par une bande de cosmopolites qui la méprisent. Il y a le cas de Béchir au Soudan. Je pense que les pays africains ont raison de ne pas appliquer le mandat international. L’Afrique n’est plus sous tutelle. Les Américains accepteront-ils qu’un pays africain juge Georges Bush pour sa guerre d’agression contre l’Irak ?

… Comme c’est le cas de Hissène Habré ! Mais le Sénégal dit vouloir s’en débarrasser...

Et où va-t-il être jugé ?

La Belgique serait prête à accueillir ce procès…

La Belgique ! Ils ont tué Lumumba. Ils l’ont fait dissoudre dans de l’acide et c’est eux qui vont donner des leçons aujourd’hui ?

Vous êtes donc anti-TPI ?

Ce n’est pas à un ramassis de gens venus de toute sorte de pays de juger les Africains, surtout que tout est orienté vers le noir.

Avez-vous la conviction que les Etats africains sont-ils vraiment indépendants 50 ans après leur accession à l’Indépendance ?

Certains, oui, d’autres non. La raison est simple. Certains ont encore trop de liens avec cette métropole.

Vous considérez-vous comme Algérien ou comme Français ?

Je me considère comme les deux.

Et si on vous demandait de choisir…

Qui va me le demander et à quel titre (rires) ?

Vous sentez-vous lorsque vous venez en Algérie ?

Vous avez vu comment les Africains et les Algériens m’accueillent. C’est la plus belle récompense qu’on puisse avoir.

L’avocat de nos jours est-il toujours le défenseur de la veuve et de l’orphelin ?

Certains continuent de l’être. D’autres, par contre ne le sont plus.

Cela peut-il être dû à quoi ?

L’Homme est faible. Il ne sait pas résister à la tentation. Il veut devenir riche. Quand tu nais dans la case et tu prends l’ascenseur social, tu es dans la vie noble. Mais dans un ascenseur, il n’y a pas de vie. On doit accepter de défendre même un fou parce qu’il reste un être humain.

Propos recueillis à Alger par Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 16 décembre 2010 à 07:45, par BURKINABE AUX USA(BIG SOU) En réponse à : Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

    si ya la verite plus q ca c q c du mensonge. il a tout dit, c vraiment un connaisseur cm on le dit plus svn ds l jargon.DIEU t BENISSE

  • Le 16 décembre 2010 à 09:40, par Yeti En réponse à : Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

    Quand vous acceptez l’argent de n’importe qui, vous faites n’importe quoi.
    a dit Verges......

  • Le 16 décembre 2010 à 10:58, par ORAN En réponse à : Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

    Bel interview de Alex le grand. Je pense que notre journaliste s’exerce mieux dans ce registre que dans l’exposition photo avec les grands (même s’il est grand lui-même) de ce pays.

    Bonne chance pour la suite.

    • Le 16 décembre 2010 à 22:29 En réponse à : Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

      En ma qualité d’auxiliaire de justice burkinabé, j’aimerai savoir la différence entre le procès de rupture et le procès de connivence et quelle est le mode usité par Me VERGES ?
      Cet interview est populiste même si Me VERGES reste figé sur ses mêmes convictions.

  • Le 17 décembre 2010 à 10:52, par Hamane En réponse à : Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

    "Je n’ai jamais perdu de procès parce que je suis réaliste. Je suis capable de dire à mon client de ne pas compter sur des circonstances atténuantes parce qu’il sera condamné à perpétuité. Ceci étant, on va faire du procès quelque chose de respectueux de votre personne." si tel est votre stratégie, beaucoup d’avocat peuvent aussi dire qu’ils n’ont jamais perdu de procès.

  • Le 7 mai 2013 à 15:16, par SALELA En réponse à : Me JACQUES VERGES (AVOCAT) : "Je n’ai jamais perdu de procès"

    SOS
    Aidez-moi !!!!!!!!!!!!!
    Mon message est adressé à l’avocat des victimes, maitre jacques vergers.
    Je suis un enfant de 9 ans, j’ai subi et je subis de la violence physique et morale au sein de mon établissement scolaire.
    Ma famille a tout fait, en vain, je suis devenant la bête noire et le bouque émissaire depuis la plainte que ma maman a engagée contre ma maîtresse en 2011/2012, celle-ci est classé sans suite.
    Il y a d’autre plainte et mains courantes en cour, et j’ai besoin d’aide car ma maman est dépassée de tous ces événements.

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