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Les Burkinabè de France célèbrent le cinquantenaire de l’indépendance

Publié le mercredi 15 décembre 2010 à 02h09min

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Dimanche, 5 heures du matin. La salle "La Victorieuse" d’Asnières Sur Seine, dans la banlieue parisienne, où environ 150 Burkinabè de France et leurs amis sont venus célébrer le cinquantenaire de l’indépendance de leur pays, se vide lentement. Le comité d’organisation est déjà à l’oeuvre pour ranger les tables pendant que les derniers décibels viennent de s’échappent des appareils du DJ Kristi, l’animateur de cette soirée dansante qui a clos les manifestations organisées par l’ambassade du Burkina à l’occasion du jubilé d’or du Burkina. Une soirée marquée par la prestation de quelques artistes burkinabè dont Opportune Tapsoba, Ousmenez ou encore Kandy et l’organisation d’un loto, le gros lot étant deux billets aller-retour Paris Ouaga sur Air Burkina, remportés par Régis Conombo, un lycée de seconde et par Alain Nonguierma, technicien chef chez le concessionnaire automobile Land Rover.

Grâce aux bons soins de Maré Mamadou, sans doute le meilleur ambassadeur actuellement dans la promotion de la musique burkinabè en France, on a pu swinguer au rythme des sonorités nationales des années 80 et de celles en vogue depuis une décennie (voir Vidéo).
Un peu plus tôt dans la matinée, ils étaient nombreux à avoir pris place dans la salle des fêtes de la représentation diplomatique pour suivre la retransmission en direct depuis Bobo-Dioulasso, du défilé militaire et civil, puis la diffusion du message à la nation du président Blaise Compaoré. Grâce à la magie de la technique, de nombreux Burkinabè de l’étranger n’ont rien raté de cette parade qui a duré près de deux heures : les figures acrobatiques de la gendarmerie mobile, la parade des troupes étrangères, des producteurs des différentes régions du Burkina ou encore l’arrivée tardive des présidents sénégalais Abdoulaye Wade et Equato-Guinéen Théodoro Obiang Nguéma.

Commentaire indigné d’un sexagénaire : "Eux aussi, comment peut-on arriver en retard à une telle cérémonie".
En début de soirée, près de 800 personnes avaient répondu présentes à la réception offerte par l’ambassadeur et son épouse, au pavillon d’Armenonville, dans le 16e arrondissement de Paris. On notait la présence d’une dizaine d’ambassadeurs africains dont Henri Lopes du Congo-Brazzaville, Albert Agossou du Bénin, de trois consuls du Burkina en France, de personnalités françaises comme Charles Million, ancien ministre de la Défense de 1995 à1997, Hervé Bourges, ex-patron de TF1 et du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ou le cathodique avocat Francis Szpiner.

L’ancien ambassadeur de notre pays à l’Onu, Frédéric Guirma, était aussi là avec ses accoutrements habituels. Quand un « Koro » suggère à l’auteur de ces lignes qui souhaite obtenir des informations sur l’histoire de l’immeuble abritant l’ambassade et sur les premiers pas de la diplomatie de notre pays à l’Onu, d’aller le voir, celui qui se fait appeler Excellence veut bien répondre à nos questions, mais veut d’abord s’assurer qu’il s’adresse à une personne convenable .
« Etes-vous voltaïque ? », demande-t-il, de manière incongrue
Moi : Non, je suis Burkinabè
Lui : Ah, mais moi, je suis voltaïque !
Moi : Dommage !
Lui : Je me méfie de ceux qui ont été burkinabétisés. Quand vous deviendrez voltaïque, vous reviendrez me voir ».
Moi : Ok, adieu

On n’est pas du tout mécontent de quitter cette caricature du parfait réactionnaire, surtout que la cérémonie allait bientôt commencer
Après l’exécution des hymnes burkinabè et français, l’ambassadeur Luc Adolphe Tiao a prononcé un discours dans lequel il a rappelé que notre pays, qui célèbre comme bien d’autres, le cinquantième anniversaire de son indépendance, a connu des périodes de tourments, notamment lorsqu’il a été décapité en 1932 au profit de pays voisins mieux lotis par dame nature, "une parenthèse douloureuse de notre histoire", mais "qui aura eu le mérite de montrer la détermination des fils de cette terre d’Afrique à voir exister leur territoire", puisqu’ils obtiendront en 1947 la reconstitution de l’ancienne Haute-Volta dans ses territoires actuelles.

Après le président Compaoré, il a salué la mémoire de grandes figures qui se sont battus pour préserver la liberté et l’identité de notre pays : le Mogho Naba Saga II, Philippe Zinda Kaboré, Ouezzin Coulibaly, Nazi Boni, et rendu hommage aux anciens présidents, MauriceYaméogo, Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo et Thomas Sankara. Il a aussi salué les bonnes relations de coopération entre le Burkina et la France et, au titre de l’accord sur la gestion concertée des flux migratoires signé par les deux pays (voir Lefaso.net du 3 février 2009 et du 9 septembre 2010), formuler le vœu de voir régulariser les quelque sans-papiers burkinabè vivant en France « d’autant plus que la communauté burkinabè compte à peine cinq mille personne, soit presque le même nombre que les Français vivant à divers titres au Burkina ».

A l’endroit de ses compatriotes, il leur a exprimé sa fierté pour leur bonne conduite dans leur pays d’accueil et loué les qualités qui sont les leurs : « abnégation au travail, sérieux, intégrité, modestie et discrétion » qui font d’eux « l’une des communautés les plus respectées à travers la France ».
Le repas, composé de mets burkinabè en partie fournie par des familles burkinabè, a été servi dans une ambiance très conviviale. Au menu : couscous de mil, beignets, tô et ignames, le tout arrosé avec des boissons burkinabè et du champagne !

« Globalement, tout s’est bien passé. Les conférences que nous avons organisées début décembre et les manifestations d’aujourd’hui ont attiré du monde », se réjouit le président du comité d’organisation du cinquantenaire en France, le colonel Allassane Monè, par ailleurs attaché de défense à l’ambassade. Pour les plus chanceux, rendez-vous en 2060 pour le centenaire !

Joachim Vokouma

Lefaso.net


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