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CONDAMNATION DE MAME MARIE FAYE : Un nouveau coup porté à la démocratie sénégalaise

Publié le mercredi 15 décembre 2010 à 02h08min

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Mame Marie Faye

"Du fait de la maladie, Abdoulaye Wade est déjà dans l’incapacité de continuer à assurer correctement la charge de président". Voilà les propos qui ont valu à l’ophtalmologue sénégalaise, Mame Marie Faye, un an de prison avec sursis et une amende de 500 000 F CFA. "Diffusion de fausses nouvelles, actes et manoeuvres visant à troubler l’ordre public" sont les chefs d’inculpation retenus contre la pauvre dame. Pourtant, interrogé dans nos colonnes du mardi 7 décembre dernier sur cette affaire, Wade s’était mis dans la posture du vrai démocrate : "Pour ce qu’elle (Mame Marie Faye) a dit sur moi, il n’y aura pas de poursuites judiciaires. Croyez-moi."

Mais rien de surprenant que "Gorgui" revienne sur sa décision. En effet, la constatation revient, lancinante, comme une méchante ritournelle : qui critique Abdoulaye Wade s’attire inéluctablement les foudres de ce dernier.

Ses ex-Premiers ministres Macky Sall et Idrissa Seck, son ex-ministre des Affaires étrangères Cheickh Tidiane Gadio, etc. qui ont osé trouver à redire sur la gestion du pouvoir d’Etat de Wade, en ont eu pour leur compte. Aussi, depuis le 30 novembre dernier, date à laquelle la victime Faye a fait ses déclarations, Wade est à la fois au four et au moulin, comme pour montrer que malgré ses 84 ans, même Hercule, ce demi-dieu de la mythologie gréco-latine qui est le symbole de la force physique, n’était pas autant en forme que lui. Pour preuve, la télévision sénégalais passe en boucle son pèlerinage à la Mecque, avec un Wade courant par moments. Comme pour montrer aux yeux du monde qu’il est loin d’être ce vieillard fatigué qu’il faut mettre au garage.

Et, pour tenter de balayer complètement cet argument de l’âge, le président sénégalais, qui n’est jamais à court d’idées, va jusqu’à user du syllogisme du genre :"Ma grand-mère a vécu 121 ans. Mon père est mort à 101 ans, en gardant toutes ses facultés mentales. Donc, je me sens en forme à tous points de vue". Mais Wade a-t-il besoin de toutes ces démonstrations, pour prouver son aptitude à diriger le Sénégal ? Assurément non. La question de son inaptitude à diriger le Sénégal, s’il briguait un nouveau mandat reste, malgré tout, posée. En effet, en 2012, il aura officiellement 85 ans. Il est donc évident qu’à l’instar de Faye, d’autres se poseront cette question pour le moins raisonnable : "Gorgui" est-il vraiment apte à présider correctement aux destinées de toute une nation à un âge aussi avancé ? A croire donc que Faye ne sera pas la dernière victime de Wade.

A tout le moins, en condamnant cette dame pour avoir osé dire plus haut ou plus tôt ce que beaucoup pensent plus bas mais qui s’affichera plus tard avec acuité, Wade vient de donner un coup dur à la démocratie sénégalaise et, partant, à celle africaine. La santé des chefs d’Etat africains dont on parle moins ou presque pas, parce que relevant des sujets tabous, risque de le demeurer pour longtemps. A travers la condamnation de Faye, d’autres personnes en tireront des leçons. Manifestement, Wade continue de surprendre désagréablement, en se montrant allergique aux critiques, lui qui a longtemps porté l’étiquette d’opposant historique du Sénégal, avec tout ce que cela comporte comme galère, avant de venir aux affaires. Par cette condamnation de Faye, Wade vient de donner entièrement raison à Wikileaks qui estime que sous son règne, la démocratie sénégalaise est faiblissante.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2010 à 21:45 En réponse à : CONDAMNATION DE MAME MARIE FAYE : Un nouveau coup porté à la démocratie sénégalaise

    Bon, tous les indicateurs sur la démocratie au Sénégal sont de couleur orange pour ne pas dire en train de virer au rouge vif avec un vieux président qui a oublié le sopi "le fameux ou fumeux changement" à la sauce sénégalaise, particulèrement indigeste pour cette jeunesse sacrifiée. Il ressort clairement qu’un vieux de + de 80 ans, quelle que soit ses qualités (et les défauts de ces qualités), est en déphasage avec sa jeunesse qui représente plus de la moitié de la population. Il suffit de voir la crise ivoirienne aujourd’hui pour se dire que :
    1 - le Sénégal est sur la pente descendante d’un point de vue d’une véritable démocratie et pourrait se retrouver dès 2012 dans une situation à l’ivoirienne avec Karim le fils de Wafed,
    2 - Côté le pays des sois disants hommes intèges, que le même scénarii pourrait se reproduire avec la modification du funeste article 37 en 2015.
    En conclusion, j’espère un sursaut en Côte d’Ivoire mais, je suis très sceptique avec nos dirigeants actuels qui sojnt prêts pour rester au pouvoir par tous les moyens y compris en sacrifiant leur peuple.

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