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DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU BURKINA : "Une stabilité de 100 ans est nécessaire"

Publié le mardi 14 décembre 2010 à 02h28min

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"Le Burkina a besoin d’une stabilité de deux cycles de 50 ans, dans les conditions actuelles, pour se développer". C’est le verdict de Issiaka Sawadogo, qui s’en explique dans l’écrit ci-dessous.

La caractéristique principale de notre époque est la répartition achevée des peuples en Etats indépendants identifiés et matérialisés. La compétition aujourd’hui se déroule donc sur le plan économique. En effet, les Etats se classent maintenant selon leurs performances économiques, selon leur capacité à créer la richesse au profit de leurs populations.

Cette faculté, c’est la croissance économique qui désigne l’augmentation de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, généralement une période longue. A long terme, la croissance économique a un impact important sur le niveau de vie des sociétés qui en sont le cadre. Il y a donc un lien fort entre le long terme et la croissance économique. Selon l’économiste François Perroux, "la croissance économique correspond à l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension pour une nation, le produit global net en termes réels." Le concept du long terme nécessaire à la croissance économique fait appel à la notion de stabilité économique. La stabilité économique en tant que phénomène socio-économique fait référence à une absence de fluctuations excessives dans la macroéconomie. Une économie avec une production en constante augmentation, une inflation faible et stable, sera considérée comme économiquement stable.

Si donc aujourd’hui, les enjeux de tout un pays constituent la recherche de la croissance économique et que dans le même temps, la stabilité économique et juridique est une condition nécessaire au bon développement des affaires, l’équation première est d’abord la recherche de la stabilité économique et politique. A ce propos et selon le Fonds monétaire international (FMI), "promouvoir la stabilité économique revient notamment à prévenir les crises économiques et financières. Cela signifie, en outre, éviter les fortes fluctuations de l’activité économique, les poussées d’inflation, la volatilité excessive des taux de change et des marchés financiers. Ces facteurs d’instabilité peuvent accroître l’incertitude et décourager l’investissement, faire obstacle à la croissance et compromettre les niveaux de vie".

"Inventer le développement"

L’attitude des banques illustre bien cette préoccupation en établissant, pour leur propre besoin et pour celui de leurs clients, des listes de pays en les classant en différentes catégories en fonction des risques qu’ils représentent. Ces listes sont réactualisées régulièrement. Sur le plan mondial, la configuration des économies est claire : il y a d’un côté, les économies développées et d’un autre les pays sous- développés. Dans les deux cas, les approches de la croissance ne sont pas posées de la même façon. Dans les pays développés, on a un travail déjà fait tandis que dans la deuxième catégorie, on a un travail à faire. En d’autres termes, Barack Obama ou Nicolas Sarkozy ont moins de travail que Blaise Compaoré qui doit inventer le développement pour son peuple et son pays. C’est pourquoi dans les deux cas, les questions de stabilité ne peuvent s’appréhender de la même manière.

Dans le document "la qualité de croissance" éditée en 2000, la Banque mondiale fait remarquer que "le revenu moyen des vingt pays les plus riches du monde a doublé par rapport à celui des vingt pays les plus pauvres au cours des quarante dernières années et représente trente fois son montant". Cela montre les écarts et les efforts relatifs à faire surtout pour les pays sous- développés tels que le Burkina Faso. Si l’on retient le Produit intérieur brut par tête d’habitant (PIB/h) comme référence de la mesure du progrès parcouru, il faudra, toute chose restant égale par ailleurs, environ 180 ans au Burkina (1 300$) pour rattraper le niveau en 2006 de l’Afrique du Sud (13 000$). Le même raisonnement peut être fait avec les autres pays. Les délais seront plus longs pour rattraper Taïwan (29 000$) ou les USA (43 500$). Il faut donc ramener la pensée théorique à l’économie et au développement du bien-être. Dans ces conditions, si l’on redonne la parole au planificateur, il est capable de discernement dans ses prescriptions.

En effet, dans une économie développée, la croissance est auto-entretenue du fait de l’existence de certaines conditions non exhaustives (progrès technique, expertise du capital humain, niveau de la capacité de production, etc.) Dans ces conditions, la direction de l’économie s’apparente à une gestion administrative qui peut s’accommoder de cycles courts. A contrario, dans le cas des pays sous-développés où il faut créer la croissance, le planificateur va envisager des cycles longs tels que les cycles Kondratieff d’une durée de cinquante ans. Le Burkina Faso a besoin d’une stabilité de deux cycles de cinquante ans dans les conditions actuelles pour se développer. Les conditions actuelles sont l’existence d’un taux de croissance positif, d’une stabilité des hommes et des structures.

A ce propos, la Banque mondiale, dans l’étude sur la qualité de la croissance, démontre que la plupart des pays en bas du tableau, en termes de tendance affectant le revenu par tête d’habitant, sont en proie à la guerre civile ou à un autre processus de dislocation. Dans ce tableau, on se rappelle qu’au plus fort de la crise, la Côte d’Ivoire a enregistré des taux de croissance négatifs. Dans le même temps, la stabilité macro-économique de l’Angola a été mise en relief par les organismes internationaux et constitue un exemple à suivre par les pays africains ayant peu de ressources financières. Après 50 ans d’indépendance, le Burkina Faso a trouvé la voie du développement de l’économie de marché qu’il construit. Il faut donc éviter une instabilité à court terme des hommes et des structures là où il faut deux cycles longs de 50 ans chacun soit 100 ans de continuité.

Issiaka SAWADOGO aphyto@fasonet.bf

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2010 à 13:05, par Maria En réponse à : DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU BURKINA : "Une stabilité de 100 ans est nécessaire"

    Ce qui est sur, il ne faut pas modifier l’article 37.

    C’est le principal.

  • Le 14 décembre 2010 à 13:48 En réponse à : DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU BURKINA : "Une stabilité de 100 ans est nécessaire"

    Excusez mon inculture. Qui est Monsieur Issiaka SAWADOGO. C’est par curiosité et non pour lui dénier quoi que ce soit.

  • Le 14 décembre 2010 à 21:16 En réponse à : DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU BURKINA : "Une stabilité de 100 ans est nécessaire"

    Le Burkina même les bonnes années ne dépasse pas 5% de croissance du Pib par an alors que la Chine depuis des années est toujours autour de 10 % par an. Maintenant, quand le taux de croissance de la population est de 3% par an au Burkina ; on atteint péniblement une petite croissance de 2% alors que les chinois en enlevant leur 1% de croisance de population leur este un taux de croissance par habitant de 8 à 9% par an. Il faudrait d’abord se poser la question pourquoi le Burkina arrive qu’à 5% par an les meilleures années. De plus, il faut rapidement baisser le taux de croissance de cette population car en 2030, il y aura à peu près 30 millions de bouche à nourrir. Comment fera t’on si les terres se dégradent, l’environnement continue à se dégrader par la faute de l’homme sans oublier les conséquences du réchauffement climatique qui commencent à se faire sentir.
    A moins de trouver un filon miraculeux pour développement économiquement le Burkina, je pense que l’on va tout droit dans un cul de sac d’ici 10 ans ! Alors, ne parlons même pas de rêver d’être émergent car si rien n’est fait, on se battra pour survivre au jour le jour dans ce pays.

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