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Editorial de Sidwaya : Objectif, émergence !

Publié le lundi 13 décembre 2010 à 00h19min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Le Conseil constitutionnel, en date du 7 décembre, a confirmé la victoire du candidat Blaise Compaoré à l’élection présidentielle du 21 novembre 2010. Cela met fin aux joutes oratoires diverses, les arguments de bonne ou mauvaise foi et autres empoignades verbales. Pleins feux, désormais, sur l’argument du candidat élu, argument qui aurait sans doute, contribué à la victoire du candidat Blaise Compaoré à Kosyam, en lieu et place d’un autre prétendant : « Faire du Burkina Faso, un pays émergent dans les 5 années à venir ». Est-ce vraiment impossible à réaliser ? Ou serait-ce, dans le sens péjoratif de ce terme, une promesse électorale ?

Le candidat-président, sans doute, sait de quoi il parle. Il sait à quels saints se vouer dans les années qui viennent. Il se souviendra de ce proverbe yadga : « L’orphelin ne vomit pas la nuit. Quand l’envie lui vient, il soulève le menton et renvoie ». Autrement dit, dans le rude contexte mondial, ni lui, ni son peuple n’ont le choix, ils sont condamnés à réussir. Nous voudrions souligner trois domaines nécessaires à cette émergence dans le programme politique du Président du Faso : le politique, l’économique et le social.

Le Burkina est-il loin d’être un pays émergent en démocratie, si nous considérons que la démocratie est la pointe ultime de nos efforts en politique ? Toute passion maîtrisée, on peut soutenir que l’élection présidentielle de 2010 s’est déroulée dans un cadre satisfaisant du point de vue de la pratique démocratique, mais a donné des résultats légitimement contestables, par endroits. Le cadre de cette élection, c’est la réalité du multipartisme au Burkina, l’existence d’une véritable liberté d’expression nécessaire au fonctionnement de ce multipartisme, la régularité de l’organisation des élections, la reconnaissance de l’autorité des urnes et la possibilité de contester les résultats dans les conditions légales reconnues.

Ce cadre est la vraie charpente et le vrai héritage de la démocratie. Que ce soit avec Blaise Compaoré ou avec un autre, tous ceux qui aiment à pinailler sur des détails, devraient être capables de porter sur eux, les durs sacrifices nécessaires à la préservation de ce cadre sacré dans lequel est seulement possible, l’exercice de la démocratie dans ses détails. Des exemples existent, montrant qu’on peut être démocratiquement virulent contre « l’anti-démocratie », pour une fois au pouvoir, instaurer une démocratie de la terreur, une démocratie ivre, sans frontières reconnues par la loi du peuple. Suivez notre regard….

Le Burkina émergent en démocratie consentira, non seulement à préserver le cadre de la gouvernance déjà existant, mais s’appliquera aussi à être plus professionnel dans l’organisation des élections dans les années à venir. Il entreprendra surtout de donner à l’électorat burkinabè, les outils nécessaires à l’expression de cette liberté démocratique qu’il a, mais qui équivaut pour l’heure et à peu près, à une coquille vide.

Des opérations vigoureuses seront très vraisemblablement organisées pour que les conditions d’une démocratie continuellement effective soient réunies : des populations fortement alphabétisées, une culture politique généralisée, une éducation permettant aux populations de comprendre les projets de développement dans lesquels elles sont impliquées, une réappropriation communautaire de la décentralisation, une formation à la citoyenneté propre à donner à tous, la capacité de « remercier » ceux des dirigeants devenus indignes sans passer par la violence, l’éducation des franges marginalisées des populations, la vulgarisation des savoirs vitaux se rapportant à la vie et à l’évolution de l’honnête homme du 21ème siècle, une généralisation des moyens de lutte contre la corruption, etc.

Cela nous semble bien plus important pour la réalisation du programme du président Compaoré, que les problèmes ponctuels liés à l’organisation des élections.

Ensuite, le Burkina a des chances d’être un pays économiquement émergent dans les cinq années à venir. Avec le grand bol d’air que la capitale économique (Bobo- Dioulasso) vient de recevoir à la faveur de l’organisation du cinquantenaire du pays et, pour bien d’autres raisons, telles que la réalisation des projets financés par le Millenium challenge account (MCA), la mise en œuvre du programme du chef de l’Etat, etc., le Burkina ira assurément mieux les mois et les années à venir. Sans doute, le Burkina ne sera pas hic et nunc la Chine , l’Inde ou le Brésil dans ce laps de temps.

Et l’émergence à laquelle il faut prétendre n’est pas le synonyme d’une vie artificielle qui se signale par des buildings, des supermarchés surchargés de produits de luxe, une jeunesse livrée aux vents de la drogue et d’une liberté immense et nulle. Le candidat élu, heureusement, n’a promis à personne, ni le ciel, ni la terre, ni le lait, ni le miel à moindre frais. Il nous a promis à tous, du travail : un travail organisé, persévérant, efficace, collectif, éclairé, pour qu’avant les cinq années à venir, tout Burkinabè puisse se nourrir, se loger, se soigner, scolariser ses enfants, avec la contribution des partenaires et amis du Burkina. Et c’est cela l’émergence qui est à notre portée.

Enfin, sur le plan social, la clef de voûte de notre émergence, c’est la paix. La quiétude et la sérénité de tous et de chacun dans la conduite de notre destin commun. Pour chaque Burkinabè en particulier et pour tous les Burkinabè considérés dans la souveraineté de leur unité et de l’affirmation de leur présence au monde, une telle paix est indispensable, elle est sacrée. Il ne nous sert à rien d’être des observateurs passifs de ce qui se passe chez les voisins, si nous ne pouvons en tirer des leçons pour notre vie commune. La démocratie contient en elle, la paix et son contraire. Elle n’apporte réellement la paix qu’à ceux qui, pour des raisons supra-démocratiques, savent se soumettre aux exigences de la paix.

Nous devons nous attacher à la démocratie et, au-delà du formalisme de ce type de régime, aux valeurs immortelles de respect de la vie, de l’éthique, de la communauté humaine. Sans cela, celui qui émerge, c’est pour sombrer qu’il émerge. La constance des hommes dans la recherche de ces biens précieux, ne va pas sans la stabilité du socle communautaire

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 décembre 2010 à 06:52, par L’Africain En réponse à : Editorial de Sidwaya : Objectif, émergence !

    "Sans doute, le Burkina ne sera pas hic et nunc la Chine , l’Inde ou le Brésil dans ce laps de temps". le francais n’est pas correct. Hic et nunc veut dire ici et maintenant et que vient faire "dans ce laps de temps" a la fin de la phrase ? DG il faut relire tes ecrits sinon on va commencer a douter de vous.

  • Le 13 décembre 2010 à 07:01, par L’Africain En réponse à : Editorial de Sidwaya : Objectif, émergence !

    Faire du Burkina un pays emergent dans 5 ans ? Non les elements fondamentaux tels l’education, la sante et l’acces a l’eau potable ne peuvent etre corriges en 5 ans et nous amener a l’emergence. Il ne faut pas se chatouiller et rire. On aurait du commencer il y a 10 ans a les corriger serieusement pour parvenir a un niveau acceptable. Si le president affirme qu’il prendra ce probleme au serieux des ces 5 ans , moi je vais l’applaudir en esperant que dans 15 ans nous serons un pays emergent mais pas dans 5 ans. Avec tout le respect.

  • Le 14 décembre 2010 à 20:47 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Objectif, émergence !

    Une petite minorité croit à ce que vous dites (un peu plus d’un million de burkinaè ont voté). La démocratie est en régression. En 2010, il y a eu moins de votants que pour l’adoption de la constitution en 1991 alors qu’il y a 2 fois plus d’habitants ! Le Burkina ne sera pas émergent dans 5 ou 10 ans et même dans 50 ans avec le régime de Blaise où rien n’avance. Il y a beaucoup trop de paramètres qui sont mauvais au Burkina. Comment faire un pays émergent dans un pays d’analphabètes à 80 % ? dont encore presque un enfant sur 2 ne va pas à l’école. L’autre moitié va à l’école où la qualité de l’enseignement est déplorable... Bref, on pourrait écrire 10 pages de ce qui ne va pas dans ce pays. Par ailleurs, le pays est complètement gangréné par l’affairisme, la corruption et la gabégie de ceux qui sont dans la sphère autour de ce pouvoir. Enfin, vous oubliez le problème de 2015 avec la révision ou pas de l’article 37 et dont les risques seraient en aussi mauvaise posture que la Côte d’Ivoire actuellement. Vous vantez la paix au Burkina et vous oubliez la justice pour Norbert Zongo dont c’est le 12ème anniversaire de sa mort hier...

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