Le Conseil de sécurité des Nations unies a finalement annoncé dans une déclaration son soutien à Alassane Ouattara comme président élu de Côte d’Ivoire. Dans un avertissement clair au président sortant Laurent Gbagbo, ses membres ont condamné, dans les termes les plus forts possibles, tout effort pour violer la volonté du peuple.

Dans le même registre, prenant position pour la première fois, le pays de Nelson Mandela a demandé à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Et le revirement le plus inattendu est venu de la Russie, qui a d’abord joué au protecteur de l’orphelin géopolitique qu’est devenu l’enfant terrible de Mama, avant de le lâcher sans parachute en levant son veto pour permettre d’éventuelles sanctions contre ce pays déjà exsangue d’une dizaine d’années de crise.

C’est en effet un truisme que d’affirmer que les organisations internationales et bien des pays, occidentaux notamment, en ont gros le cœur contre Laurent Gbagbo. Quelque part, cette attitude se justifie fort aisément, sachant qu’ils y ont mis de leur stratégie et surtout de leurs moyens pour que la crise soit jugulée à travers une élection apaisée censée ramener la paix.

Tel n’a malheureusement pas été le cas et si, aujourd’hui, un des acteurs de cette crise (à savoir le président sortant, Laurent Gbagbo) se permet de crier sur tous les toits que « la Côte d’Ivoire est souveraine », il y a de quoi désarçonner le plus flegmatique des bailleurs de fonds. Si ce n’est pas de l’ingratitude, c’est quoi d’autre alors, bonnes gens ?

C’est sûr que les sanctions continueront de pleuvoir. La toute première est tombée avec la CEDEAO, qui a suspendu la Côte d’Ivoire de ses instances. D’autres suivront. Peut-on pour autant se réjouir de cette situation ? Difficile d’y répondre déjà. Toujours est-il que les pressions doivent être exercées avec doigté, car il reste à savoir si, pour déboulonner Laurent Gbagbo, il n’y aura pas de gros dégâts collatéraux.

Si fait qu’aujourd’hui, l’on se demande par quel bout prendre cette affaire qui a mal tourné depuis la proclamation des résultats par la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire (CEI). La préoccupation de beaucoup est la stratégie qui sera utilisée pour ramener l’époux de Simon à de meilleurs sentiments : sanctions économiques, diplomatiques, financières, militaires ou interdictions de voyager ? Quelles options pour une solution efficace ? Bien malin qui saura le dire.

Des interrogations d’autant plus pertinentes que nul n’ignore la position jusqu’au-boutiste du président autoproclamé, ou du moins qui a été investi par le Conseil constitutionnel. Quelle riposte a-t-il prévue au cas où il serait acculé ? Nul ne le sait jusque-là, sauf peut-être lui ou le cercle restreint qui gravite autour de lui. Alors, dans ce concert de condamnations et cette batterie de sanctions prévisibles, la communauté internationale et les pays qui la composent doivent user de beaucoup de tact.

Issa K. Barry

L’Obserbateur Paalga