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Afrique de l’Ouest : Blaise face au trio Eyadéma-Gbagbo-Taya

Publié le samedi 18 septembre 2004 à 18h39min

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La participation au sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Union africaine sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté a été jugée globalement satisfaisante.

Le triptyque engendré par la rencontre de Ouagadougou ouvre la porte des espoirs, pour peu que les idées se transforment à court et moyen terme en actes.

Il s’agit d’abord de la déclaration de Ouagadougou qui est un engagement des chefs d’Etat à traduire justement dans le champ du concret les idées émises. Il y a ensuite le plan d’actions, une sorte de carnet de route. Vient enfin la mise sur pied du comité de suivi.

Mais il est des moments où la forme a autant de valeur que le fond, au moins pour un temps. C’est le cas de ce conclave qui a enregistré des absences très remarquées. Certains chefs d’Etat pris dans les vertiges de leur difficile actualité politique ont jugé prudent de rester collés à leur fauteuil présidentiel. D’autres, qui n’ont pas encore épousé l’idéologie de l’Union africaine, ont préféré somnoler chez eux. Il reste cependant un groupe très restreint qui ne chérit pas l’enfant terrible de Ziniaré.

Le général Gnassingbé Eyadéma a boudé le sommet de Ouagadougou. Il faut dire que deux raisons majeures ont mis l’enfant du Nord togolais dans le rang des ennemis ou du moins des adversaires diplomatiques du Burkina. Depuis que l’Union européenne a décidé de suspendre ses perfusions au Togo pour cause de démocratie claudicante, le président Eyadéma - manquant d’oxygène - est aigri, surtout quand il voit les civilités financières que la même UE fait à son voisin Blaise Compaoré. Il va donc de soi que le chef de l’Etat togolais, qui courait depuis longtemps après le leadership, au moins dans la sous-région, est amer.

Tout est ainsi lié. C’est pourquoi le général togolais a accueilli avec ferveur la délégation mauritanienne qui a précipitamment quitté le sommet de Ouagadougou. Ould Taya n’est pas venu mais il a envoyé son ministre des Affaires étrangères. Quoi de plus normal. On ne peut accuser quelqu’un de vouloir le poignarder et courir quelques jours plus tard chez lui, même si c’est pour une bonne cause. Mais pourquoi le détour par Lomé de la délégation mauritanienne ? Taya et Gbagbo sont les "amis" de Gnassingbé Eyadéma et, partant, les "ennemis" de Blaise Compaoré.

Il est aujourd’hui clair comme l’eau de roche que le trio Gbagbo-Eyadéma-Taya a longuement échangé avant le sommet extraordinaire de l’UA à Ouagadougou. Cela a donné de la force à Laurent Gbagbo qui, dans un discours de ces derniers jours, s’est élevé contre les chefs d’Etat africains qui "mettent leur nez dans les affaires des autres". Pour lui, chacun doit gouverner chez lui selon ses textes, ses traditions, et les communautés étrangères ont tout intérêt à suivre la voie, les us et les coutumes de la Côte d’Ivoire. Selon Laurent Gbagbo, aucun sommet ne peut se targuer de pouvoir résoudre le problème.

Il faut reconnaître que lorsque l’on se sent soutenu quelque part, on est en droit de pousser des ailes. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, du Togo et de la Mauritanie, on se soutient entre parias de la sous-région ouest-africaine. Rejetés par les uns, justement vilipendés par les autres, ces pays se trouvent esseulés dans un paysage africain où les lianes diplomatiques sont nécessaires à l’essor économique d’un pays.

Les trois absences groupées et probablement concoctées constituent presqu’une déclaration de guerre à Blaise Compaoré. La lueur dans les relations entre le Burkina et les trois pays n’est pas pour demain.

M. J. Mimtiiri
Journal du Jeudi

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