LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

DEMISSION DU MINISTRE MALIEN DE LA SANTE : Que la lumière soit !

Publié le mercredi 8 décembre 2010 à 01h33min

PARTAGER :                          

Oumar Ibrahima Touré

Le ministre malien de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, a rendu son tablier. Cette démission fait suite à une série de révélations accablantes sur la gestion des fonds alloués par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ces révélations sont le fruit des enquêtes nationale et internationale menées dans ce pays et qui ont déjà donné lieu à des arrestations dans le secteur de la santé au Mali. On se souvient que les autorités maliennes ont saisi la justice dès qu’elles ont été au parfum des conclusions de ces enquêtes.

La démission de cette personnalité considérée proche du président malien, est une preuve que les choses bougent au pays d’Amadou Toumani Touré (ATT) en matière de transparence dans la gestion de la chose publique. Dans certains Etats africains, des proches des chefs d’Etat ont acquis ou se sont taillé un statut d’"intouchables". Pour ces gens, la confiance dont ils jouissent auprès du premier responsable politique de leur pays est une porte ouverte à tous les abus. En d’autres termes, leur lien avec le président leur donne le droit de faire tout ce qu’ils veulent sans avoir à répondre de quoi que ce soit.

L’exemple malien est donc à saluer. Ce, d’autant plus que le ministre Touré a, selon la version officielle en tout cas, démissionné de son propre gré. Cela est suffisamment rare sous nos tropiques. C’est donc tout à son honneur et cela pourrait être un atout pour lui, étant donné qu’il est perçu comme un candidat potentiel à la magistrature suprême de son pays en 2012. A présent, il s’est mis à la disposition de la justice de son pays qui a manifesté la volonté de l’entendre. Alors, que la vérité éclate, que la lumière soit ! Cela permettra à l’intéressé d’être blanchi s’il s’avère qu’il n’est pas trempé dans ces détournements, et au Mali, de redorer, quelque peu, son image éclaboussée par ce scandale. Car, il faut avouer que le détournement de ressources allouées à la lutte contre une maladie est suffisamment grave, immorale et donc de nature à ternir la réputation du pays incriminé.

De plus, avec l’incapacité de certains pays à mobiliser des ressources à l’interne pour lutter contre les maladies, il y a, pour eux, au moins une obligation de bien gérer ce que la communauté internationale s’évertue à mettre à leur disposition. C’est une question de bon sens, de décence, bref, de responsabilité. Les autorités maliennes ont donc fait preuve de courage, en prenant le taureau par les cornes. Il faut souhaiter que ce qui se passe au Mali fasse tache d’huile dans tous les autres pays bénéficiant de ces fonds. Car, il n’est un secret pour personne que les détournements révélés au Mali ne sont pas exclusifs à ce pays. Un peu partout en Afrique, des gens s’engraissent sur le dos des pauvres malades du sida, du paludisme et de la tuberculose et ce, en toute impunité.

Il faudra dorénavant plus de vigilance et de rigueur dans les audits faits sur l’utilisation de ces fonds au regard de l’ingéniosité dont les uns et les autres font montre, pour détourner les fonds publics. En tout état de cause, cette affaire de détournements au Mali tombe mal pour les pays africains en cette période où les fonds pour la lutte contre ces maladies se raréfient. Les conditions et les procédures d’allocation de ces ressources s’en trouveront encore plus durcies, ce qui risque d’avoir un impact négatif sur la lutte contre les maladies concernées. Cela est prévisible et, sans nul doute, regrettable.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique