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Soudan : La partition est déjà scellée

Publié le mercredi 8 décembre 2010 à 01h33min

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C’est peut-être présentement que se joue l’unité du Soudan à l’occasion du référendum prévu pour le 9 janvier conformément à la mise en œuvre de l’accord de paix global qui a mis fin en 2005 à deux décennies de guerre entre le gouvernement central au nord et le Mouvement populaire de libération du Soudan.

Plus d’un million de morts entre 1983 et 2005. Pour ce référendum de début janvier, à en croire les observateurs, ce ne serait qu’une simple formalité. Le panel de l’ONU chargé de surveiller ce référendum d’autodétermination est déjà sur place. Mais pour en arriver là, que d’embûches !

C’est, disons-le, après une vingtaine d’années de guerre, 22 longues années exactement qu’Omar El Béchir, le président Soudanais s’est résolu à lâcher du lest. Le célèbre inculpé de la Cour pénale internationale n’aurait aucunement voulu de l’indépendance du Sud, qui semble pourtant inéluctable

Si donc l’issue de ce scrutin laisse peu de doute quant à la partition du Soudan en deux entités indépendantes, au Sud, on en est déjà à la recherche de la nouvelle dénomination que prendra cette république en création, même si personne n’ignore que l’indépendance implique un lourd tribut : tout ou presque reste à faire.

Et on pense qu’avec le pétrole qui commence à jaillir des entrailles du sous-sol, la tâche sera alégée. En effet, il y a seulement quelques années, Juba, la nouvelle capitale du Sud-Soudan, ne possédait ni transports publics ni d’industries dignes de ce nom.

Qui pis est, c’était des containers de bateaux qui faisaient office de bâtiments administratifs : une capitale et un Etat où tout était à construire. De nos jours, la circulation y est dense et de nombreuses ruines ont été transformées en villas ou en hôtels.

C’est un grand saut dans la modernité pour une population qui ne pratiquait presque pas d’activités économiques hormis l’élevage des vaches, il y a moins d’une décennie.

Aujourd’hui, le Sud-Soudan semble s’être installé dans une logique de société de consommation et cet attrait pour les produits manufacturés est soutenu par l’argent du pétrole reversé par le gouvernement d’union nationale à celui du Sud en vertu de l’accord de paix, ainsi que l’aide internationale.

Depuis trois ans, l’éventualité de cette indépendance, surtout avec le pétrole qui coulera à flots, a aiguisé l’appétit d’investisseurs de tout bord, et déjà, les Chinois, qui sont toujours à l’affût des bonnes affaires, ne rechignent pas à y injecter des milliards de dollars. Et à entendre certains observateurs, le grand perdant de cet essor économique n’est autre que Khartoum, la capitale du Soudan, qui a perdu le monopole du commerce avec le Sud.

Que deviendra le Nord-Soudan sans cette éponge à pétrole qu’est le Sud –Soudan ?

Probablement comme un arbre presque sec dont on aurait extrait la sève nourricière et qui balance au gré des vents. C’est dire que c’est avec une vraie angoisse que Khartoum vit cette marche inéluctable du Sud vers l’indépendance. Eriger d’autres barrières sur ce long chemin pour empêcher ou du moins retarder l’indépendance du Sud-Soudan reste toujours du domaine du possible.

C’est certainement ce qui a décidé le président Barack Obama et l’onusien Ban Ki-moon à faire signer par le gouvernement soudanais l’acceptation des résultats dudit référendum Mais signer un engagement, c’est une chose, en respecter l’esprit et la lettre, une autre.

Par Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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