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ELECTIONS EN AFRIQUE : Le "Tuk guili" à l’égyptienne

Publié le mardi 7 décembre 2010 à 01h54min

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L’Egypte vient de terminer le second tour des élections législatives qui vont conduire plus de 500 représentants du peuple à l’Assemblée nationale. Les résultats définitifs sont attendus aujourd’hui même. Mais d’ores et déjà, le break est fait puisque le PND (Parti national démocratique), avec 209 sièges au premier tour est assuré d’une majorité écrasante. L’absence des Frères musulmans qui ont décidé de boycotter le second tour, n’a pas suffi à expliquer le ras-de-marée dont ce parti est coutumier depuis quelques années.

Les Frères musulmans que le régime Moubarak surveille comme de l’huile sur le feu, n’ont pas voulu cautionner des élections pipées d’avance. Avec zéro député au premier tour, ils ont fini par se résoudre à ne pas jouer les faire- valoir d’un système qui veut les ridiculiser. Comme dans tous les pays du Maghreb, tous les moyens sont bons pour casser de l’Islamiste, même quand celui-ci accepte de se soumettre au jeu de la démocratie. La crainte que les partis islamistes se servent de la démocratie pour tuer la démocratie est peut-être justifiée. On a vu comment la victoire du FIS (Front islamique du salut) a été volée en Algérie.

C’est un exercice délicat. Mais il faut bien s’arrêter un jour et se demander si on doit se servir de la démocratie de cette façon contre des adversaires politiques, même venant de barbus enturbannés. Au nom de la lutte contre l’islamisme politique, certains pays poignardent les vertus démocratiques sous le regard bienveillant des pays occidentaux. Ces derniers sont enfermés dans un pragmatisme qui fait qu’ils occultent volontiers les agissements de leurs alliés tant que ceux-ci servent la "bonne cause", c’est-à-dire les intérêts géostratégiques ou purement économiques. La réponse n’est-elle pas dans le renforcement de la démocratie par la bonne gouvernance et le développement économique qui ôtent tout argument au radicalisme islamique ?

On le voit avec Laurent Gbagbo qui se prévaut du soutien de la Chine et de la Russie pour couvrir son hold- up électoral. Il est difficile de considérer l’Egypte comme un pays démocratique. Si le critère est d’avoir des institutions et d’organiser les élections de façon périodique, alors le Burkina Faso aussi est un grand pays démocratique. N’empêche qu’ici, tout comme au Caire, il n’y a qu’un seul parti qui se confond à l’Etat et qui rafle tout, quel que soit le scrutin. Au Burkina, ce phénomène s’appelle le "Tuk guili" (rafler tout).

Dans ces conditions, les chances d’alternance sont piégées, à moins d’événements exceptionnels. La Côte d’Ivoire de Houphouët-Boigny et le Zaïre de Mobutu Sessé Seko sont de parfaites illustrations. Le Nord du continent n’est pas encore passé par-là. Mais ses dirigeants ne sont pas assez myopes pour ignorer ce risque. Malgré le boycott des Frères musulmans en Egypte, et le fait que la victoire du PND soit inéluctable, les partisans du parti au pouvoir, ou plutôt le système à travers la fraude, ont même tenté d’aider certains candidats indépendants ou des dissidents des Frères musulmans pour donner un peu de couleur à l’hémicycle. Des figurants en somme. Dans ce cas, à quoi servent les élections ?

Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2010 à 15:40, par Ivoirien En réponse à : Quelques Interrogations sur la crise en CI

    Merci pour ton analyse il est toujours bon de compléter les faits.

    La Commission Electorale Independante (CEI)n’est pas une juridiction, en plus elle n’est chargée que de rendre des résultats provisoires.

    Pour rappel elle est composée a 72% des membres de l’opposition et de la rébellion. Son président est issu de l’opposition(PDCI-RDA)

    Étrange !le président de la CEI seul donne des résultats provisoires non pas a son siège (CEI)mais dans hôtel (par ailleurs QG de la rébellion, QG du candidat du RHDP)et devant des journalistes étrangers(Reuters, France 24, Africa 24...)
    et ces résultats provisoires que l’on considère comme définitifs sans tenir compte des exactions et des crimes commis dans les zones centre nord ouest(CNO) reconnus dans les rapports de tous les observateurs des élections au second tour !

    Je m’interroge ????

    Même s’il a gagner pourquoi le RHDP n’a pas élaborer des requêtes en béton au conseil constitutionnel pour contrecarrer ses adversaires ? Il aurait eu plus de légitimité dans leur démarche et aurait contraint le chef en place a quitter le pouvoir.

    Au lieu de cela ils n’ont chercher qu’a pleurnicher, contester la décision du conseil constitutionnel sans preuve valable.
    Avec tous les experts qu’ils ont ? quelle ignorance politique ?quelle naïveté ?

    Fait étrange ! le candidat du RHDP apres son investiture a l’hotel envoie par courrier au conseil constitutionnel qu’il ne reconnait pas ? allez y comprendre quelque chose.

    Il faut reconnaître que le Pâtissier a fait du très bon Pain avec l’opposition Maïs !!!

    A présent la loi est dure et parfois injuste il faut s’y soumettre.

    Les ivoiriens n’attendent que cela.On a trop souffert et nous attendons que nos frères ivoiriens s’asseyent et discutent.

    Je n’attends rien de surprenant d’une UA ou d’une CEDEAO qui ne s’alignant pas sur leurs pourvoyeurs d’aide publique au developpement(APD) se verront sans sou pour le fonctionnement de leurs etats.

    Bien Cordialement,

    Ivoirien

    Ivoirien2010@gmail.com

  • Le 7 décembre 2010 à 18:01 En réponse à : ELECTIONS EN AFRIQUE : Le "Tuk guili" à l’égyptienne

    Tu te perds dans ton raisonnement petit boulanger

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