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Editorial de Sidwaya : Dur, dur, d’avoir deux têtes

Publié le dimanche 5 décembre 2010 à 23h24min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

La Côte d’Ivoire, au terme d’une élection présidentielle d’enfer se retrouve avec deux présidents. En une semaine, l’histoire de ce pays a couru plus vite que son ombre. Qui l’eût cru ? Un être, fût-il social, ne peut avoir deux têtes et avancer dans la même direction. Il faut donc s’attendre, dans les semaines qui viennent, à des précipitations, à des joutes oratoires telles que le diable lui-même ne veut pas, à un gaspillage d’énergie de toutes origines, à une inflation pléthorique des accusations ethniques, à une chasse aux sorcières classique. La Côte d’Ivoire convulse, et la sous-région retient son souffle.

Au nom des valeurs traditionnelles et des vertus républicaines qui sont les nôtres, au Burkina Faso, nous savons que les Burkinabè, plus que jamais, saisiront l’occasion de manifester leur solidarité et leur fraternité au peuple frère ivoirien. C’est dans l’épreuve que l’on reconnaît ses véritables amis. Avec Houphouët, nous avons retenu que "la paix est un comportement." Nous ne savions pas que ses héritiers presqu’immédiats livreront la paix au péril du débordement. Sans conteste, en cette fin d’année 2010, il y a la rage et de l’orage dans la maison ivoire.

Le poète allemand Hölderlin dit : "Là où le péril grandit, là s’accroît ce qui sauve." Voici donc l’heure, le jour, la semaine et l’année pour le montrer. Tous ceux qui croient en l’homme, en sa capacité de transformation et de transfiguration, en sa véritable grandeur qui consiste avant tout à vaincre en lui la "Bête", en la beauté éternelle de son avenir, tous, qu’ils soient de Côte d’Ivoire ou d’ailleurs, devront se recueillir et puiser au plus profond d’eux-mêmes, les vraies règles qui ont toujours fait que le droit est droit ! Parce que le fondement dernier du droit est éternel.

En attendant, c’est « l’Afrique tout entière » qui dégringole vers « ses ancêtres du Cro-Magnon ». Tous les peuples, sauf certains d’Afrique, ont perdu le réflexe de fermer leurs frontières pour dire le droit, leur droit. Comment cela est-il encore possible ? Nous sommes pris de vertige, et ce vertige s’approfondit à la pensée que ceux qui, de la sorte, font éclater des ballons pour effrayer des fantômes, sont de grands intellectuels africains, des sommités intellectuelles. Que de tels hommes et femmes nous poussent vers le non-sens, il y a de quoi réfléchir, ou désespérer, ou se révolter, ou se surpasser dans le sens de la vraie grandeur.

Pourtant, dans le mémorable face-à-face Gbagbo-Ouattara le 26 novembre 2010 à la télévision ivoirienne, le premier nous a rappelé que c’est la géographie qui fait l’histoire. Comment ne pas reconnaître, en ce rappel si judicieux, que la géographie a donné au Burkina et à la Côte d’ivoire, les deux versants de la même histoire. Le mariage que la géographie a scellé est indissoluble, l’histoire ne saurait le briser par le divorce. Quel pays, en effet, a-t-il jamais déménagé parce qu’il n’aime plus son voisin ? Et quel autre a-t-il jamais emménagé parce que son voisin le trouverait galeux ? Comme la géographie nous a obligés à nous unir, pourquoi ne pas contraindre l’histoire à nous suivre ?

Nous voudrions dire aux Ivoiriennes et Ivoiriens, qu’au Burkina Faso, nos mains, nos pensées, nos cœurs ne restent pas inactifs pendant cette période d’orage qu’ils traversent. Ce ne sont pas seulement nos dirigeants qui se rencontrent pour continuer à nous faire rêver à notre unité. Jusqu’à la base la plus populaire de nos populations, nous vous manifestons notre soutien indéfectible : des nuées de SMS vont de nos jeunes aux vôtres, vous implorez l’aide de Dieu dans les églises et les mosquées, nous sollicitons également sa miséricorde et son amour pour la Côte d’ivoire. Le poète anglais John Donne a dit :" N’envoie pas demander pour qui sonne le glas, il sonne pour tous."

Car voici le temps du doute et de l’incertitude. Que nous réserve demain ? Nous souhaitons que dans un proche avenir, ces angoisses ne relèvent que d’un passé récent

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2010 à 01:52, par Ali Bayane En réponse à : Editorial de Sidwaya : Dur, dur, d’avoir deux têtes

    Bravo Mr. Sakandé,
    Nous seront aux cotés des Ivoiriens dans cette epreuve. C’est dommage que vos confrères du journal San Finna n’aient pas compris la particularité et la gravité de ce qui ce joue actuellement Cote d’Ivoire et continuent à soutenir Gbagbo et ses agissements. Je leur ai d’ailleurs adressé une correspondance à ce effet dont le contenu suit :

    J’ai été en hamonie avec les idées de Maitre Herman Yaméogo dans les années 90 et je garde une grande estime pour cet homme politique. J’ai toujours défendu votre journal auprès de nombreux amis et compatriote vivant en Europe et en Amérique. Cependant j’ai quelque peu été abasourdi à la lecture de votre SPECIAL DOSSIER COTE D’IVOIRE dans San Finna N°594 du 06 au 12 décembre 2010. J’ai en effet été choqué par la manière dont vous traitez ce sujet, en essayant de trouver une légitimité à cet hold up électoral que Gbagbo Laurent vient de commettre en cote d’ivoire. La soif de justice ne saurait prendre des formes multiples en fonction des peuples. La démocratie que l’UNDD demande à Blaise Compaoré ne saurait être différente de celle que les ivoiriens demandent à Gbagbo travers leur implication dans ce processus électoral. Quel message voulez-vous donner aux défenseurs de la liberté et surtout à nos enfants ? Soutiendrez-vous une telle forfaiture si elle avait lieu au Burkina ? Quel message voulez-vous donner aux Burkinabés pendant même que vous décriez les élections qui viennent de se tenir dans notre pays. Aucun défenseur de l’alternance démocratique ne peut tolérer une telle imposture. Je ne sais quel contrat vous lie à ce régime xénophobe que vous sentez le besoin de soutenir vaille que vaille. Les amis doivent être capables de se dire la vérité. Vous savez que Gbagbo vient d’emprunter le chemin qui le conduira à sa perte, espérons seulement qu’il n’y laissera pas sa vie, quand à la Cote d’ivoire elle en sortira debout mais en souffrira énormément. Vous et moi savons que tout ce cafouillage ne durera que quelques jours. En suivant cette ligne éditoriale San Finna se disqualifie dans la lutte, sa lutte pour l’avènement de la démocratie et de l’alternance au Burkina Faso, et ne peut porter la voix d’un démocrate et défenseur de la liberté. Devons-nous donc conclure que Me Yaméogo n’en est pas un ? Devons-nous aussi voir en San Finna un media à l’image de cette presse mensongère à la solde Gbagbo ou autre radio mille collines en soutient à un homme et à un clan plutôt qu’à celui d’une idéologie de paix ? Je suis à la fois déçu et inquiet pour notre chère Patrie le Burkina Faso car les germes de ce qui se passe en Cote d’ivoire ne demandent qu’à y trouver sol fertile. Si je me suis permis de vous adresser cette correspondance car la confiance qui me liait à votre journal vient d’être sérieusement effritée et je me sentais le devoir de vous le faire savoir.

    • Le 6 décembre 2010 à 10:37 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Dur, dur, d’avoir deux têtes

      Votre ecrit est tres poignant mais adresse a quelqu’ un comme Hermann , je ne ais pas si vou n’avez pas perdu votre sommeil. Depuis dexcembre 1991, Hermann a brule tous les espoirs du Burkina. On ne le connaissait pas bien. Il a tout fait pour nous montre qu’ il etait tout sauf un politicien qui a de la vision, un projet de societe, un sur qui on pouvait compter. C’est son impatience, son gout a se fraire entrternirqui va le perdre, et qui l’ a deja perdu. Donc, frere, ne gaspillez pas vos conseils poiur des rates de l’ histoire. Le seul merite de beaucoup de ses soit- disant hommes politiques, c’esgt leur geniteur. Ce merite est bien maigre.

  • Le 6 décembre 2010 à 12:27, par Tuensi En réponse à : Editorial de Sidwaya : Dur, dur, d’avoir deux têtes

    Arrêtons de nous préoccuper par trop de la paille qui est dans l’oeil des autres sans voir la poutre qui est dans le nôtre.

    Ici, le conseil constitutionnel s’est hâté de déclarer sans effet sur les élections présidentielles du 21 novembre 2010, les cartes d’électeurs "illégales", pendant que le conseil d’Etat lui se hâte lentement pour délibérer sur l’appel de la décision du juge administratif. Tout cela, afin de permetre à Blaise de prêter sermon lors des festivités du 11 décembre !
    Ce hold up est-il plus petit, moins significatif ? Ou bien parce que les burkinabé sont "sages" que c’est un non événement ?

    A méditer.

    Tuensi (la vérité est bonne)

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