LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Autant le dire… : Ces deux pays poudrières-là m’inquiètent

Publié le mercredi 1er décembre 2010 à 01h37min

PARTAGER :                          

La Guinée Conakry, depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle il y a de cela plus d’une semaine n’arrive pas à publier les résultats définitifs. Tout ce qu’on sait, c’est que Alpha Condé est donné vainqueur selon les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ce qu’on sait aussi, c’est que le chef d’Etat-major adjoint de la gendarmerie a été limogé pour des raisons que personne ne sait. Sauf ceux qui l’ont limogé. Ce qu’on sait aussi, c’est que les frontières terrestres du pays sont fermées jusqu’à nouvel ordre et la Guinée est en état d’urgence. Ce qui veut dire que la situation est préoccupante.

Aujourd’hui, l’opinion internationale et guinéenne n’attendent que la publication des résultats et retient de ce fait son souffle. Si la Cour constitutionnelle confirme le résultat de la CENI, il est évident que les partisans de Cellou Delein Diallo, qui l’ont déjà démontré, ne se laisseront pas conter. Ils le manifesteront sans doute par tous les moyens dans les rues de Conakry. Surtout que leur champion ne fait rien pour les convaincre que l’élection présidentielle au deuxième tour oppose toujours deux candidats et que de ce fait, c’est un jeu politique où qui ne gagne pas perd forcément. Et qu’en allant à ce deuxième tour, il fallait s’attendre à gagner ou à perdre.

Si de son côté, Alpha Condé qui a longtemps attendu son heure venait à perdre après l’examen des recours introduits auprès de la cour constitutionnelle guinéenne, ces partisans ne le digéreront pas du tout. Surtout que lui est si sûr d’avoir gagné qu’il ne peut en aucun cas penser que les choses peuvent se renverser. Ce qui est grave pour des politiciens d’une si grande trempe.

En Côte d’Ivoire, pays voisin de la Guinée Conakry, la situation n’est pas meilleure au lendemain du deuxième tour de la présidentielle tenue dimanche 28 novembre dernier. En effet, avant même la tenue de l’élection, le président Laurent Gbagbo, sur demande expresse de l’état-major de l’armée, a instauré un couvre-feu. Pour dit-on, parer à toute éventualité. Quelle éventualité ? Du côté de la lagune Ebrié, on estime que les incidents préélectoraux sont si sérieux et graves qu’il faut prendre des mesures pour sécuriser le processus électoral, mais également les citoyens et leurs biens. Du coup, on crée tout de suite une autre situation de ni guerre ni paix. Ce qui est sûr, les Ivoiriens ne sont pas rassurés par ce couvre-feu qui peut bien couvrir autre chose dans le cadre de la présidentielle.

Ce qui, en même temps crée la suspicion quant à la volonté réelle du camp présidentielle de rendre transparent, équitable et incontestable le processus électoral.

En effet, Laurent Gbagbo par ce couvre-feu a créé tous les éléments qui, si on n’y prend garde, pourraient faire basculer de nouveau la Côte d’Ivoire dans ce qu’elle a connu il y a dix ans. S’il perd l’élection, on ne l’accusera pas d’avoir triché. Mais au cas où il gagnerait, on l’accusera d’avoir bourré les urnes, d’avoir tripatouillé les résultats. Et il lui sera difficile de se justifier.

On voit dans les deux cas, que personne ne veut perdre. Alors que tous savent bien qu’au moins deux doivent perdre. Par un tel comportement, ils contribuent à rendre difficile la tâche du facilitateur pour la Côté d’Ivoire et du médiateur en Guinée, Blaise Compaoré. En même temps, ils contribuent à mettre inutilement leurs pays respectifs en retard et dans une situation d’incertitudes politique, économique et surtout sociale. Et on attend. Comme on aime attendre en Afrique.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique