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ELECTIONS AU BURKINA : Donner le bon exemple

Publié le mardi 30 novembre 2010 à 01h14min

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C’est entendu. L’élection présidentielle du 21 novembre 2010 a peu de chance de figurer parmi les plus belles du Burkina. En plus des imperfections purement politiques, il y a celles organisationnelles. On peut en citer quelques-unes. Des lampes-tempête qui ont manqué dans des bureaux de vote alors que le substantif le plus utilisé dans toute élection est la clarté. Des membres de bureau de vote absents ont, entre-temps, été remplacés par des électeurs qui n’y comprennent rien. Cela peut sembler anodin, mais il faut noter en passant que la restauration de ces travailleurs des bureaux de vote n’était pas des plus … appétissantes et quand on sait que ventre vide n’a point d’oreille.

Des bulletins de vote insuffisants par-ci ou non conformes par-là. De l’encre indélébile pas très indélébile dans certaines localités. Et que dire de ces cartes d’électeurs qui n’en sont pas unes ; de ces cartes d’identité indispensables mais indisponibles et de ce fichier électoral qui n’est pas applaudi par tous ? Bref, les insuffisances se sont bousculées à cette élection du 21 novembre. Même si elles sont déclarées "ne pas être de nature à affecter la régularité du scrutin", cela n’est cependant pas honorable pour un pays comme le Burkina.

Ce ne serait pas malin d’avancer cette sempiternelle rengaine de l’apprentissage de la démocratie. On n’apprend pas en reculant. Et d’ailleurs, seuls des pays comme la Guinée ou la Côte d’Ivoire pourraient s’en prévaloir, car eux au moins ont l’excuse de sortir de crises. Mais chez nous, quel argument peut résister à la massue dont la matrice est faite de ce solide et célèbre slogan : "le Burkina, pays de paix et de stabilité" ? On peut comprendre qu’on ne puisse pas filer du bon coton dans un bateau qui tangue sous une orageuse tempête, mais difficilement lorsqu’on se trouve sur une plateforme calme et fortement arrimée au sol. A présent, le Togo, la Guinée et la Côte d’Ivoire peuvent se permettre de nous faire des clins d’œil ironiques. Il n’y a rien de plus illogique que la dextérité d’un décorateur qui enseigne avec brio l’ordre chez les autres alors qu’il habite dans une maison sens dessus dessous.

Mais le vin est tiré. Il faut à présent le boire et tirer des leçons pour faire mieux aux prochaines échéances. Pour laver cet échec, il faut se fixer pour objectif de briller dorénavant d’excellence en excellence, d’autant plus que notre pays a une réputation en matière organisationnelle qui a allègrement franchi les frontières. Que la Commission électorale nationale indépendante s’organise pour que les Burkinabè n’aient plus l’impression à l’avenir que leurs sous (12 milliards de F CFA pour cette élection) sont jetés par la fenêtre. Qu’on recrute des membres de bureau qui sachent lire et écrire. C’est vrai que l’analphabétisme gangrène encore une grande partie de notre population.

Que l’opposition aussi cesse de se tromper d’adversaire en se combattant elle-même plutôt que le parti (les partis ?) au pouvoir et qu’elle s’organise un peu mieux pour jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir. Y a-t-il eu des fraudes ? En tout cas, même si les électeurs ne se bousculent pas devant les urnes, que ces dernières ne soient pas non plus trouées au point de laisser échapper les quelques bulletins de vote recueillis. Vu l’aura supposée du Burkina à l’extérieur (tant tambourinée), c’est maintenant une question d’honneur que de donner le bon exemple. 2012 devrait nous en donner l’occasion.

Sidzabda

Le Pays

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