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Présidentielle 2010 : Et maintenant on fait quoi ?

Publié le vendredi 26 novembre 2010 à 02h16min

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C’était l’événement dans le non-événement. Alors que tous les médias le guettaient depuis l’ouverture des urnes pour recueillir, à l’image des six autres prétendants, ses impressions après qu’il eut accompli son devoir de citoyen, le candidat Bénéwendé Stanislas Sankara s’est pointé en fin de journée pour dire qu’il n’accomplirait pas son acte.

Il protestait ainsi contre l’inorganisation du scrutin matérialisée notamment par l’absence de certaines données d’identification sur la carte électorale, jugée de ce fait illégale à ses yeux. Son commissaire général de campagne, le député Yamba Malick Sawadogo avait de ce fait introduit une requête auprès du tribunal administratif le 17 novembre 2010. Et le docteur (en droit) Salifou Dembélé de se demander, dimanche nuit sur le plateau de la TNB, ce qui se passerait si la requête du plaignant était acceptée. Il ne pensait pas si bien dire.

Hier en effet, alors que les yeux étaient déjà braqués sur la salle des Banquets de Ouaga 2000 où la CENI a procédé dans l’après-midi à la proclamation des résultats, on apprenait que le tribunal administratif a donné raison au député Sawadogo en déclarant la carte d’électeur non-conforme à la loi.

Si pour colmater la brèche législative, l’Assemblée nationale, pour adapter la loi aux insuffisances du sauf-conduit, avait effectivement voté en octobre 2010 une loi rectificative qui supprimait, à l’article 53 du code électoral, la filiation des informations devant figurer sur le précieux document, dans leur précipitation, les députés ont oublié d’étendre cette disposition au lieu de naissance.

Et c’est cela qui pose problème. Alors, question : puisque le droit a été dit, et si la décision de justice devait être confirmée après l’appel (devant le Conseil d’Etat) que va interjeter l’institution incriminée, on fait quoi de cette élection et de la réconduction du président Blaise Compaoré ?

Le premier magistrat, garant de la Constitution qui est la mère des lois peut-il être élu avec un document hors-la-loi ? Le caractère illégal de la carte d’électeur implique-t-il ipso facto l’irrégularité de tout le processus et peut-il fonder l’annulation de la consultation comme le réclament des adversaires de Blaise Compaoré ?

C’est au Conseil constitutionnel qu’il revient en dernier ressort de proclamer les résultats définitifs et officiels, et donc éventuellement de trancher ce problème dont les vainqueurs se seraient bien passés et on est curieux de savoir quelle décision va prendre in fine l’institution que préside Dé Albert Millogo.

En attendant, et quand bien même cette nouvelle donnerait lieu à un intéressant débat juridique, ça fait vraiment désordre et ceux qui festoient depuis et chantent des dithyrambes en l’honneur de leur champion devraient avoir la décence d’avoir le triomphe moins bruyant. Car derrière la CENI, c’est toute l’autorité politique et législative qui est au banc des accusés car également comptable de ce cafouillage qui n’honore personne.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 novembre 2010 à 12:39 En réponse à : Présidentielle 2010 : Et maintenant on fait quoi ?

    Même si d’aventure cette élection est validée par la cour constitutionnelle, le monde aura au moins su que c’est du faux. Et "le lutteur intrépide de ziniaré" devrait se sentir mal à l’aise avec son trophée illégal au milieu de ses pairs. Mais la honte, qu’est-ce ???????

  • Le 27 novembre 2010 à 12:31, par CDR En réponse à : Présidentielle 2010 : Et maintenant on fait quoi ?

    Son Excellence Mousbila Sankara (ancien ambassadeur du CNR à Tripoli jusqu’au 15 octobre 1987) qui a démissionné de la CENI a argumenté que l’élection présidentielle du 21 novembre 2010 n’en est une car opérée par un faux document. Il a pris l’exemple d’un billet de banque qu’on utiliserait pour des achats. Non seulement celui qui l’utilise, s’il est pris, risque d’avoir des ennuis, amis aussi et surtout celui qui l’a fabriqué est un faussaire qui doit être traité comme tel. Les yeux sont à présent tournés vers le CC de Dé Albert Millogo. Fera t-il honore à la justice et au peuple Burkinabe bien nommé par Blaise Compaoré, ou jouera au "juge acquis" comme on s’y attend ?
    Dans son programme alternatif sankariste, Me Benewende propose s’il est élu, de faire élire les présidents de hautes juridictions et le président du Conseil Supérieur de la Magistrature par les praticiens du droit eux mêmes. C’est à dire que le PF ne sera plus président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Nul doute que dans ces conditions, il y a plus de chances que le juge soit réellement indépendant. Ne présumons de rien pour le moment et attendons de voir.Indépendant ou acquis ?

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