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SECOND TOUR EN CÔTE D’IVOIRE : Ce jour si attendu et si redouté

Publié le vendredi 26 novembre 2010 à 02h16min

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Le 28 novembre 2010, les Ivoiriens doivent retourner aux urnes pour le second tour de leur élection présidentielle. Ce 28 novembre est un jour capital pour les Ivoiriens, un jour si attendu et si redouté. Si attendu parce que consacrant une élection qui devrait permettre à la Côte d’Ivoire de fermer une des parenthèses les plus troubles et les plus douloureuses de son histoire récente. Si redouté car, pour que ce rêve se concrétise, il faut que ce scrutin se déroule dans le calme, la transparence et que les résultats issus des urnes soient acceptés par tous.

Ce qui n’est pas gagné d’avance. Le ton monte, surtout depuis que l’identité des deux finalistes a été dévoilée par la Commission électorale indépendante (CEI). L’on ne peut s’empêcher d’être inquiet face à l’escalade verbale, aux échauffourées entre partisans des deux bords. Les candidats s’accusent mutuellement d’être à l’origine des problèmes que traversent le pays. Le débat peu amène sur la nationalité de Alassane Dramane Ouattara resurgit d’une manière ou d’une autre. Un débat à haut risque. Un débat qui, faut-il l’avouer, n’est pas de nature à calmer les esprits et à préserver l’unité nationale.

On assiste donc à une sorte de remake de la récente campagne électorale du second tour en Guinée où les tensions communautaires ont été exacerbées, allant jusqu’à occulter le débat d’idées. Chaque camp semble dangereusement mû par la logique selon laquelle "la fin justifie les moyens". En d’autres termes, pour chacun, tous les moyens sont bons pour atteindre l’objectif, le pouvoir d’Etat. Ainsi, pour parvenir à la tête de l’Etat, tous les coups sont assenés à l’adversaire, y compris en-dessous de la ceinture. Comme dans un combat à mort où tous les coups sont permis. L’enjeu pour chacun des prétendants est énorme. Il y a plus de frilosité qu’au premier tour, chaque candidat étant dès à présent conscient de jouer à quitte ou double.

Cela, l’on ne saurait le nier. Mais, il est nécessaire d’éviter soigneusement de réveiller les vieux démons. Face aux risques de dérapage, certaines voix s’élèvent et des initiatives sont prises çà et là pour faire baisser le mercure et contenir la tension qui couve. C’est ainsi que le facilitateur du dialogue interivoirien, le président du Faso, Blaise Compaoré, a prévu d’aller à la rencontre des candidats en lice avec, on l’imagine, un appel à la retenue. L’on se demande tout de même si cette visite, qui aura lieu, en principe, demain 27 novembre, n’aurait pas été plus opportune si elle était intervenue un peu plus tôt, au moment où la campagne battait encore son plein et où la violence, surtout verbale, faisait rage.

Mais, étant donné que le médiateur a un représentant spécial dans ce pays, l’on se dit que la substance de son appel a sûrement déjà été transmise, d’une manière ou d’une autre, aux deux adversaires. Les Nations unies, elles aussi, ne sont pas en reste. En plus de ses multiples appels à la retenue, la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a renforcé son contingent dans le pays. Cinq cents hommes sont arrivés du Liberia voisin à cet effet. Le chef d’état-major des forces armées nationales de Côte d’Ivoire, le général Philippe Mangou, a, pour sa part, mis en garde les éventuels fauteurs de troubles.

Ce qui, en principe, est une bonne chose. Seulement, l’on espère que ces forces armées sauront faire preuve de professionnalisme et de neutralité au cas où leur intervention serait nécessaire. En tout cas, chacun des acteurs doit jouer à fond sa partition. Les médias, par exemple, devront jouer, comme au premier tour, la carte de la pondération et de la modération. Pour l’heure, c’est avec la peur au ventre que l’on attend l’élection, les ingrédients de la détérioration du climat social, surtout post-électoral, étant réunis. Une chose est sûre : un seul des deux candidats, Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, devra, en principe, se voir confier les rênes de l’Etat ivoirien à l’issue du scrutin. Le corps électoral doit départager ces deux prétendants à la magistrature suprême de façon démocratique.

Les Ivoiriens ont eu droit à un face-à-face télévisé hier 25 novembre entre les deux candidats. C’est une première en Afrique et dans le principe, c’est une initiative démocratique à saluer. C’est donc tout à l’honneur de la Côte d’Ivoire qui a su offrir une telle opportunité aux électeurs d’entendre les candidats pendant plus de deux heures d’horloge. Il appartient à présent aux Ivoiriens, individuellement et collectivement, de montrer à la sous-région, voire au monde entier, qu’ils aiment vraiment leur pays. Pour ce faire, chacun doit faire preuve d’un sens élevé de responsabilité, de maturité d’esprit en cette période critique. L’intérêt du pays prime tout. Vivement que la sagesse prévale en tous et en chacun !

"Le Pays"

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