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OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

Publié le jeudi 25 novembre 2010 à 01h48min

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Un oeil extérieur dans les élections est utile, surtout dans les jeunes démocraties. Le point de vue de ces observateurs internationaux est très attendu et redouté par les différents acteurs politiques selon qu’il leur est favorable ou pas. Ils sont des sortes d’agents validateurs des élections aux yeux de la communauté internationale. En d’autres termes, leur appréciation conditionne la réaction de la communauté internationale au sujet de la qualité d’une élection. Dans les Etats où la démocratie est réputée, à tort ou à raison, bien installée, l’on n’a point besoin de ces observateurs.

Leur présence dans un Etat laisse percevoir, entre autres, deux réalités : la méfiance entre les différents acteurs politiques et le manque de confiance de la communauté internationale quant à la capacité de ces acteurs à respecter les règles de la démocratie. Ce qui ne devrait vraiment pas être un motif de fierté pour ces Etats.

Lorsque les accréditations sont refusées aux observateurs, internationaux notamment, pour une raison ou une autre, les élections concernées sont d’office cataloguées non fiables. Au Burkina, la dernière élection présidentielle a enregistré, elle aussi, son lot d’observateurs. Ces derniers ont livré leurs impressions sur le scrutin. Si tous sont d’accord qu’il s’est déroulé dans le calme, il y en a qui sont plus critiques que d’autres en ce qui concerne sa qualité. Les observateurs institutionnels tels que ceux de l’Union africaine (UA) ont declaré que le scrutin est satisfaisant malgré quelques insuffisances. Ceux de la coalition RADDHO - FEPAC/UA - FOSCAO (de la société civile) ont été plus critiques, jugeant, entre autres, que ce scrutin a été mal organisé.

Toute chose qui n’honore pas, selon eux, les autorités burkinabè qui donnent de bonnes leçons en la matière à d’autres pays. Ainsi, pour le même scrutin, on a deux regards. Sans avoir besoin de pencher pour l’un ou l’autre point de vue, l’on peut s’interroger sur la qualité de l’observation des élections telle qu’elle est pratiquée actuellement. Il faut convenir que la fiabilité des conclusions d’un observateur est intimement liée à sa façon d’observer. La société civile est, dans l’ensemble, plus présente sur le terrain. Elle arrive à couvrir un champ plus vaste par le déploiement d’un nombre assez élevé d’observateurs. Par exemple, pour la présidentielle du 21 novembre 2010, alors que l’UA a envoyé seulement 15 observateurs, la coalition RADDHO - FEPAC/UA - FOSCAO, elle, a réussi à déployer 1 500 observateurs sur le terrain.

Ainsi, la société civile, qui a des relais permanents et actifs au plan national, a une vue plus large qui lui permet de ne pas s’en tenir uniquement aux seules constatations faites le jour du scrutin. Ce qui n’est généralement pas le cas au niveau de l’observation faite par les organisations sous-régionales, régionales ou continentales. En effet, dans ce dernier cas, l’on a affaire à des observateurs dont le travail se limite, très souvent, au jour du scrutin. Les éléments d’appréciation sont généralement basés, pour l’essentiel, sur le calme, la présence des urnes dans les bureaux de vote, les heures d’ouverture et de fermeture de ces bureaux, l’encre indélébile. Ces éléments sont, certes, importants pour la qualité d’une élection. Mais ils ne sont pas, à eux seuls, suffisamment pertinents pour conférer un caractère démocratique à une consultation électorale.

Il faut, par exemple, avouer que dans un pays en paix, c’est pratiquement un non-événement de relever qu’une élection s’est passée dans le calme. Etant donné que les acteurs politiques ont une propension à réfuter tout point de vue qui ne leur est pas favorable, il faut se donner les moyens de parvenir à des conclusions pertinentes, tirées en toute connaissance de cause. Si l’on veut que l’observation des élections produise les effets escomptés, il y a lieu de revoir la façon d’opérer. Il convient de ne pas perdre de vue le fait qu’en vertu de son caractère pédagogique, elle doit aider la démocratie à grandir. Pour ce faire, il faut que les missions d’observation soient dotées de moyens conséquents leur permettant de faire un travail plus approfondi car la transparence d’un scrutin ne saurait être, exclusivement, fonction de ce qui se passe le jour J.

C’est dire que la maîtrise de tous les actes préparatoires, du moins ceux majeurs, est essentielle pour juger de la crédibilité d’une élection. Il faut une observation qui embrasse l’ensemble du processus. A force de ne pas faire cela, l’on a l’impression que les missions d’observation des institutions internationales se comportent, à quelques exceptions près, comme une sorte de contrepoids de la société civile qui se revèle plus critique. Il faut donc rectifier le tir. La société civile, par principe, est perçue comme jouissant d’une indépendance plus prononcée que celle des institutions, fussent-elles interétatiques. Au regard de cela, les institutions internationales pourraient faire oeuvre utile en appuyant cette société civile pour un travail plus conséquent sur le terrain. En attendant, les missions d’observation des organisations internationales constituent un véritable business pour certaines personnes.

En vrais touristes et au frais des contribuables, ces personnes volent d’élection en élection pour reconduire, partout où ils passent, presqu’invariablement, le même discours à la fermeture des bureaux de vote. Un discours diplomatique plus ou moins favorable aux puissants du moment qui ne ménagent, vraisemblablement, aucun effort pour les accueillir avec toutes les "commodités". Il est vraiment nécessaire de revoir cette façon de faire si ces missions d’observation ne veulent pas continuer à se ridiculiser. Ce ridicule qui transparaît dans leurs conclusions parfois bien éloignées des réalités parce que procédant d’une analyse qui, sans être forcément partiale, est tout de même partielle et superficielle.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 25 novembre 2010 à 09:41, par shallom En réponse à : OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

    Belle analyse ! courage.Il y a vraiment des observateurs qui viennent en touristes.je suis sûr que certains ne connaissent même pas les dispositions de notre code electoral et se permettent de déclarer que les élections étaient réguliéres.Le rôle de l’observateur ne se limite pas au jour de l’élection. il faut que l’on harmonise les critéres pour éviter ces genres de propos discordants des observateurs.

  • Le 25 novembre 2010 à 10:45 En réponse à : OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

    Bien vu ! Bel article

  • Le 25 novembre 2010 à 14:43, par matyp & K’Emp En réponse à : OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

    Je partage l’avis du Pays sur l’attitude des observateurs.

    C’est vraiment dommage que nous ne puissions pas au BF utiliser la société civile au profit de la démocratie. Peut-être que cela est dû au fait que certains ne supportent pas la contradiction. Hé bien, c’est simple, abandonnons la démocratie. En effet, la démocratie est par essence un système de discussion et d’opposition, du fait même que le peuple est un ensemble hétérogène, chacun ayant son point de vue et le défendant. Le problème chez nous, c’est que certains pensent tout en dogmes. Je m’explique : pour eux, la démocratie est parole d’évangile et est une loi naturelle. Cela est complètement contraire à la définition de ce système de gouvernement qui un choix, le choix d’un peuple à répartir le pouvoir sur l’ensemble de la population, afin de responsabiliser tout un chacun. Malheureusement, cette méconnaissance de notre système est la cause principale de tout ce désordre auquel on assiste.

    Effectivement, si vous prenez le temps d’analyser l’état de nos nations africaines, vous vous rendrez compte que nos populations ignorent complètement les fondements de la démocratie. Je ne parle pas seulement des analphabètes, mais aussi de ceux qui maîtrisent l’écriture et la lecture. Oui, ce n’est pas en suivant les informations sur les chaînes européennes qui permettent d’appréhender l’outil démocratique. Il faut en effet une formation réelle est conséquente. Cette formation doit être donnée à l’école dès le primaire, afin qu’on se base sur des sources objectives et non sur les théories partisannes de nos syndicats. Cela permettra ainsi d’enlever son caractère religieux à notre démocratie et d’ouvrir l’esprit du peuple à ce courant. D’ailleurs, beaucoup d’entre-nous ne savent pas pourquoi notre pays est une république (là il faut aller à la définition). Et, en plus, vu que chez nous, les gens utilisent les mots sans connaître leurs sens réel, on nous parle de social-démocratie, alors que nous vivons dans un libéralisme despote qui ne dit pas son nom. La cause de nos problèmes donc, pour moi, c’est cette ignorance doublée de l’utilisation d’un vocabulaire dont nous ne maîtrisons pas les contours.

    Cela ne m’étonne guère, vu que nous prenons plus plaisir à l’amateurisme qu’au professionnalisme sous nos tropiques. La preuve, il existe plein de bouquins sur la démocratie, sur sa naissance et sur l’histoire des "grandes" démocraties. Qui-est-ce qui les lit ? Qui-est-ce qui a déjà pris le temps de lire l’histoire de la nation qui nous a colonisé ? Je suis désolé de le dire (j’espère que je me trompe), mais, pour obtenir des subventions des grands de ce monde, on s’est lancé sans comprendre dans la démocratie. Au lieu de se remettre en cause, on continue de foncer vers le mur, en parlant d’émergence et en se basant sur des indicateurs tendancieux.

  • Le 25 novembre 2010 à 14:57, par wend waoga En réponse à : OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

    Article très pertinent ! Mais voilà ! Force est de constater que le ridicule n’existe que pour le citoyen lamda comme vous,à l’édition "Le pays",la société civile et moi ! Il est par contre quasi inexistant chez ces "observateurs pour le respect de l’art et de l’enracinement de la démocratie",qui ne roulent que pour l’intéret des plus puissants et non pour les populations en détresse ! À mon point de vue (qui ne regarde que moi),ces observateurs sont une trouvaille pour encourager et maintenir les régimes qui roulent pour les grands manitous de l’autre coté,et dont les intérets ne sont pas forcément ceux des populations ! Sinon,comment comprendre qu’au Togo,au Congo-Brazzaville,en RDC et où sais-je encore ! pendant que des Parties se plaignent du mauvais déroulement des scrutins,"tout se déroule dans les règles de l’art" pour ces observateurs ? C’est à croire que les Parties d’oppositions de ces pays sont des mauvais perdants,ne connaissent pas le fair-play ! En tous les cas,ils peuvent cautionner et légitimer les vols électoraux,mais ils ne peuvent pas empecher leurs protégés d’etre vus comme CE BOXEUR QUI FAIT LIGOTER SON ADVERSAIRE POUR LE ROSSER À MORT,ET SE GONFLER LA POITRINE APRÈS POUR MONTRER À QUEL POINT IL EST FORT ! Vous constaterez avec moi que c’est aux plus faibles on prone LA FORCE DE L’ARGUMENT,et que L’ARGUMENT DE LA FORCE,lui,est réservé aux plus forts ! Oui ! Ils ne convainquent personne,mais ils savent aussi que rien n’ira contre le rapport qu’ils font,puisque du coté d’où doit venir la sanction il n’y aurait aucun intéret !
    S’insurge contre qui veut,mais au vu de ce qui se passe au cours de ces derniers décénies,les populations des pays en voie de dévéloppement n’ont que elles-meme sur qui compter ! C’est l’amer constat que j’en fais !

  • Le 25 novembre 2010 à 18:43, par le che En réponse à : OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

    Vous faites bien de conclure qu’il s’agit de bandes de touristes payés avec l ’argent du contribuable. Est-ce qu’il pouvait dire autre chose..surtout ceux qui sont députe ou homme politique dans leur république bannière voisine..n’est-ce pas le Président Compaoré qui va y éteindre le feu a l’occasion ? et ces Européen qui pensent que les Africain ne sont pas assez mûrs pour la démocratie. 3 vous savez, nous nous avons mis des siècles pour y parvenir et vous vous n’êtes indépendant qu’il y a 50 ans.." voilà le genre de langage paternaliste néo-coloniale qu’il tiennent après avoir pris leur ration de filles de joies ..car ils savent bien coupler tourisme sexuel et et se remplir les poche en sus. Quelle Honte ! Et come ça marche pour nos autorités il savent bien agrementer leur sejour

    • Le 26 novembre 2010 à 09:31 En réponse à : OBSERVATION DE LA PRESIDENTIELLE BURKINABE : Un scrutin, deux regards

      Quand j’ entends ces cocos politiques europeens roucouler que les africains ne sont pas assez murs pour la democratie, c’est comme si on me piquait les couilles, pardonnez du peu, avec des faisceaux d’ aiguilles. Aucun peuple n’es bete.
      LOP

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