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COUVERTURE MEDIATIQUE DE LA CAMPAGNE ELECTORALE : "Un grave préjudice causé à l’UNDD"

Publié le jeudi 25 novembre 2010 à 01h48min

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Les jeunes communicateurs de l’UNDD, dans la déclaration ci-dessous, déplorent l’accès inéquitable des partis aux médias d’Etat. Ils estiment que leur parti a été privé de ses droits par le Conseil supérieur de la communication (CSC).

mercredi 24 novembre 2010, page visitée 4 fois

La campagne dans la campagne de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) a mobilisé beaucoup de jeunes et nous, signataires de la présente Déclaration, étions au nombre des enrôlés. Partout où le parti s’est rendu, il a bénéficié d’un accueil impressionnant, d’une écoute forte et d’une participation active. Le constat que nous jeunes en avons tiré, c’est que l’UNDD a bien fait d’entreprendre cette campagne de sensibilisation et de mobilisation, sensibilisation sur sa non-participation, mobilisation autour de l’impérieuse nécessité des réformes. Une chose nous a frappés au cours de cette campagne électorale, dont les conditions de préparation générale laissent à désirer : c’est le refus d’autoriser le passage des sorties du parti de la Panthère, bien que cette question de la gestion équilibrée des opinions découle logiquement de l’article 13 de la Constitution qui reconnaît les mêmes droits et devoirs aux partis politiques.

L’UNDD, pourtant, n’avait pas manqué d’interpeller le 26 août dernier le Conseil supérieur de la communication (CSC) sur la nécessité de prévoir un espace dans les médias d’Etat aux partis non partants au scrutin du 21 novembre. Le parti justifiait sa demande non seulement par les dispositions de l’article 13 de la loi fondamentale qui donnent à tous les partis, sans spécification de période, les mêmes droits et devoirs mais aussi par le caractère non obligatoire du vote et enfin par son droit bien légitime de vouloir s’expliquer sur les raisons de sa non-participation. Cette interpellation s’est faite en des termes courtois, respectueux, comme on le constatera dans les passages suivants : “ … nous apprécions les efforts que vous déployez pour assurer la présence des partis de la différence dans les médias d’Etat même en dehors des périodes électorales… Nous voudrions toutefois, madame la présidente, demander une vision plus large de cette volonté de rééquilibrage… ”.

L’hommage était peut-être forcé en raison de l’emprise toujours pesante de l’Exécutif sur les médias d’Etat mais les responsables du parti, soucieux d’encourager un frisson d’évolution constaté, n’ont pas pu s’empêcher d’avoir le compliment large. La réponse à cette correspondance datée du 15 septembre, sera décevante : “ Il n’est pas prévu d’aménagement de temps pour les partis ou candidats non partants. Le Conseil s’en tiendra de ce fait aux candidats de la liste officielle qui aura été publiée par le Conseil constitutionnel ”. La télévision, en conséquence de quoi, refusera dorénavant la diffusion des activités de l’UNDD jusqu’à la fin de la campagne pour réserver la priorité aux partis inscrits pour la compétition. Le parti a protesté à bon droit : “Notre loi fondamentale, en son article 13, met sur un même pied d’égalité, au regard de leurs droits et obligations, tous les partis politiques.

Aucun texte inférieur, que ce soit une loi, un décret ou un règlement ne pourrait venir interpréter restrictivement cette loi. Or, la décision discriminatoire prise par la RTB sur la base d’un texte du CSC (qui, dans la hiérarchie des normes juridiques, ne peut porter atteinte à l’égalité des partis politiques) interprète restrictivement l’article 13. L’UNDD s’insurge d’autant plus contre cette discrimination que le droit de vote n’est pas obligatoire au Burkina et que le fait pour un parti politique de ne pas voter et de ne pas présenter de candidat, participe de ses convictions qu’il est en droit de faire connaître à ses militants et à l’opinion. Le parti condamne par conséquent cette position partisane de la télévision nationale qui, dans les faits, limite les droits des partis politiques en créant deux catégories de formations politiques : celle supérieure qui comprend les partis politiques participant au scrutin et celle inférieure englobant les partis qui ne concourent pas aux élections ”.

"Transformer l’UNDD, de victime en coupable"

Le CSC, piqué au vif, a pondu une mise au point dans les médias et a adressé une lettre à l’UNDD, qui frappent par leurs faiblesses argumentaires : “ Nous ne voyons aucune atteinte à la Constitution dans la gestion de la couverture médiatique par le CSC et l’institution ne saurait par conséquent rapporter une décision imaginaire ”, peut-on lire dans la mise au point dans les médias. Mais alors, si la décision est imaginaire, d’où viennent ses conséquences bien réelles qui instaurent le vote obligatoire de fait puisque les partis qui ne présentent pas de candidat, qui n’en soutiennent pas, bref qui boycottent le scrutin, se retrouvent frappés d’interdiction d’exercer leur droit constitutionnel ?

Dans sa correspondance adressée au parti, la présidente du CSC, avec la langue de bois, s’est maladroitement efforcée de renverser les charges dans le but de transformer l’UNDD, de victime, en coupable avec des insinuations bizarres : “ Aussi ai-je le regret de vous dire que je ne saurai rapporter une décision qui n’existe que dans l’esprit de certains ”. Madame la présidente a au total négligé, quoi qu’elle s’en défende, le principe de la hiérarchie des normes juridiques, avec des arguments du reste contradictoires. Le 15 septembre, elle écrivait ceci : “ Il est évident qu’au terme de l’article 13 ci-dessus mentionné, les partis politiques concourent à l’animation de la vie politique, à l’information et à l’éducation du peuple. Cette mission dévolue aux partis politiques se poursuit pendant la période électorale et continue de faire l’objet de couverture par les médias publics et privés suivant leurs lignes éditoriales respectives ”.

Le 8 novembre, autre son de cloche : “ Pour votre gouverne, la loi définit les attributions globales du CSC, mais aussi ses attributions spécifiques en période électorale, et conformément à la loi, les mesures ont été prises par le CSC en vue de veiller à l’application du principe de l’égalité d’accès aux médias publics, par l’ensemble des candidats en lice et au respect du pluralisme et de l’équilibre de l’information par les médias privés ”. Quel formidable cafouillage ! Si la mission des partis politiques se poursuit pendant la période électorale et continue de faire l’objet de couverture par les médias, pourquoi en priver des partis non inscrits à la compétition électorale ? Nous, jeunes communicateurs de l’UNDD, dénonçons cette politique de “ deux poids, deux mesures ” et la déclarons totalement injuste et contraire à la Constitution.

Nous relevons un grave préjudice causé à l’UNDD, à ses militants, aux partis politiques en général et à l’opinion. L’UNDD, nous l’avons constaté sur le terrain, s’est appliquée à assurer ses missions d’animation, d’information et d’éducation découlant de l’article 13 de la loi fondamentale alinéa 3 : “ Ils (les partis) mènent librement leurs activités dans le respect des lois. Tous les partis ou formations politiques sont égaux en droits et en devoirs ”. Elle l’a fait avec responsabilité, sans en appeler à un boycott, sans chercher à provoquer la chienlit mais plutôt à œuvrer au relèvement de l’espérance des Burkinabè pour qu’ils s’investissent dans une voie de changement fondée sur les réformes consensuelles plutôt que sur les confrontations violentes. En privant le parti d’expression à la RTB, on mesure ainsi l’étendue de l’iniquité de cette décision.

Nous sommes dans une campagne dont l’enjeu pour nous réside dans la confirmation des réformes promises par le chef de l’Etat après le scrutin. Nous voulons par conséquent saisir tous les démocrates, tous les républicains, sur la nécessité de s’organiser pour accorder une place de choix aux réformes qui doivent aérer les médias d’Etat pour que ceux qui y travaillent aient plus de liberté, de garantie socioprofessionnelle afin de servir au mieux la démocratie en protégeant l’équilibre dans la gestion des opinions. Tel est l’objet de notre Déclaration de ce jour !

Ouagadougou, le 16/11/2010

Ont signé :
Oscar BELEMNIEGRE
Léa OUEDRAOGO
Karina LINGANI
Diane SANOU
Armel TIENDREBEOGO

Le Pays

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