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MAÏMOUNA SANOKO, CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE CENTRALE : "Nous n’avons pas suffisamment de cadres scientifiques"

Publié le mercredi 24 novembre 2010 à 01h27min

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Sans elle, l’université n’aurait certainement pas son nom de temple du savoir. Riche de ses 80 000 ouvrages, 9000 thèses et mémoires, 240 titres de périodiques dont 60 courants, la Bibliothèque universitaire centrale (BUC) est un pôle majeur de l’université de Ouagadougou. Ouverte depuis 1974, elle fait partie des plus grandes bibliothèques du Burkina. A la tête de la BUC, depuis 1983, le conservateur Mme Maïmouna Sanoko parle de son institution.

"Le Pays" : Mme le conservateur, qu’est-ce qu’une bibliothèque universitaire ?

Maïmouna Sanoko : Une bibliothèque universitaire est une unité d’information où se trouvent des documents mis à la disposition des étudiants, des chercheurs et bien sûr d’un certain nombre de personnes qui sont à la recherche de documents d’un certain niveau universitaire.

Quelles sortes d’ouvrages peut-on trouver dans une bibliothèque universitaire comme celle de Ouagadougou ?

On y trouve des manuels, des périodiques, des monographies, des rapports de format électronique ou de format papier. C’est un ensemble de documents dont les étudiants et les enseignants-chercheurs ont besoin pour leur travail de formation.

Il nous est revenu que la BUC perd des ouvrages du fait de l’indélicatesse de certains étudiants...

Oui. Dans toute communauté, on peut rencontrer ce genre de problèmes. Au niveau de la bibliothèque, nous n’avons pas malheureusement un système de surveillance adéquat. Si on avait un système de surveillance par caméras ou de portes magnétiques ou encore le système d’alarme, peut-être qu’on aurait moins de cas de disparitions de documents. Malheureusement, ce sont des individus qui sont à la porte des banques de prêts de livres ou à la sortie de la bibliothèque pour surveiller tous les jours, 200 sorties et entrées des étudiants. Sinon, au moment des examens, ce nombre atteint 300. Dans cette situation, cela devient très très difficile pour une personne.

Cette situation de pertes d’ouvrages est-elle imputable seulement aux étudiants ?

Nous disons que la majeure partie, ce sont les étudiants. Mais bien sûr, le personnel de la BUC, je ne peux pas dire qu’il est blanc comme neige à 100%. Nous avons eu malheureusement parmi le personnel dans un temps pas si lointain quelques agents qui commettaient ce genre d’actes.

Quelle quantité de livres perdez-vous chaque année ?

Là, je ne saurai vous le dire parce qu’il y a plusieurs situations. Soit le livre est perdu, soit l’étudiant a pris le livre, et ne l’a pas ramené. Ou encore, le livre est mal classé car une partie des documents est en libre accès et les étudiants les déclassent facilement. Ce n’est que pendant les périodes d’inventaire qu’on peut avoir une idée précise du nombre de livres que nous avons perdus.

Comment la BUC se procure-t-elle les ouvrages ?

Malheureusement, cela est à déplorer. La bibliothèque dispose de très peu de moyens. Le budget d’acquisition est quasiment insignifiant.

A combien s’élève ce budget ?

Environ 6 000 000 de F CFA.

Chaque année ?

Cela varie. Je ne prends pas en compte ce que nous gagnons avec les partenaires parce que nous avons des partenaires qui mettent en place un budget pour l’acquisition des ouvrages. Je parle plutôt du budget de l’université qui met environ 6 000 000 de F CFA dans l’acquisition des documents et cela dépend des années. Quand c’est la période des vaches maigres, nous n’avons pas grand-chose. Sinon, en général, ce sont 6 000 000 de F CFA qui sont dépensés et seulement pour l’abonnement aux périodiques.

Vous avez déjà souligné les problèmes financiers ; côté humain, avez-vous les ressources nécessaires ?

Pour le personnel, nous avons aussi beaucoup de problèmes parce que nous n’avons pas suffisamment de cadres scientifiques comme les conservateurs. Par exemple, au niveau de la BUC, il n’y a que trois conservateurs et une douzaine de bibliothécaires d’Etat. L’autre partie du personnel a été formé sur le tas (NDLR : Le personnel de la BUC est de 40 agents). Il serait bon qu’il y ait suffisamment de conservateurs et de bibliothécaires d’Etat pour pouvoir encadrer les étudiants surtout avec le système LMD (Licence Master Doctorat) que l’université va mettre en place. Il serait bon que les étudiants soient orientés, mieux encadrés pour pouvoir faire leurs recherches documentaires. Malheureusement, le manque de personnel ne nous permet pas d’assurer ce rôle.

A côté de la BUC, il y a les bibliothèques des départements ; quel lien y a-t-il entre ces dernières et la BUC ?

Nous essayons d’avoir au niveau de chaque UFR (NDLR : Unité de formation et de recherche), une bibliothèque centrale. C’est la politique que la BUC essaye de mettre en place. Actuellement, on peut dire que cela est fait. Il serait bon qu’au niveau de chaque UFR, l’administration essaye de rassembler le fonds documentaire existant dans les départements pour une gestion harmonieuse des ouvrages. C’est la partie qui revient aux UFR. Sinon, au niveau de la BUC, nous essayons de former le personnel qui existe dans toutes les bibliothèques. Nous essayons de voir les problèmes de bibliothéconomie que ces bibliothèques rencontrent. Ensemble, nous pouvons résoudre ces problèmes.

Autres problèmes que nous n’avons pas abordés ?

Le problème que nous avons, vient des étudiants. Il faudrait qu’ils aient en tête qu’en allant dans une bibliothèque, ils ne peuvent pas se retrouver seuls. Surtout que nous savons que dans ce pays qu’il y a très peu de bibliothèques organisées. Donc, les étudiants en arrivant ici, doivent s’adresser aux bibliothécaires avant d’accéder à la bibliothèque. Avec l’organisation que nous avons et la mise en libre accès des ouvrages, il faut nécessairement une petite formation pour se retrouver (NDLR : à chaque rentrée universitaire, la BUC organise des formations en techniques de recherche documentaire). Malheureusement, les étudiants pensent qu’ils peuvent se passer des bibliothécaires pour se retrouver là où ils veulent dans la bibliothèque. Ce qui ne facilite pas leur tâche, encore moins celle des bibliothécaires.

Propos recueillis par Atiana Serge OULON (Stagiaire)

Le Pays

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