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Performance des trois Kaboré : Il ne suffit pas d’être du Boulkiemdé

Publié le mercredi 24 novembre 2010 à 01h27min

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A l’occasion de cette présidentielle 2010, on aura remarqué que la province du Boulkiemdé a un vivier politique des plus riches. En témoigne la présence de trois de ses fils, tous du même patronyme, “Kaboré”, sur le bulletin unique qui compte sept candidats. Boukari dit le Lion, François Ouampassogo et Maxime. Au regard des premières tendances, que fut la performance de ces trois frangins Kaboré dans leur supposé fief provincial ?

Pour bien planter le décor, signalons que Boukari Kaboré, qui s’est présenté sous la bannière de l’UPS/MS, est à sa première expérience en matière d’élection présidentielle. Il a bien voulu être de la course en 2005, mais des problèmes de trésorerie, semble-t-il, l’en ont empêché. Ressortissant de Poa, à 25 km de Koudougou sur l’axe Koudougou-Ouagadougou, il s’est fait un nom pendant la révolution alors qu’il était capitaine et commandant du Bataillon d’intervention aéroporté (BIA), et à la chute de ce régime le 15 octobre 1987 il s’est opposé au coup d’Etat de l’actuel président du Faso, Blaise Compaoré.

Exilé au Ghana à la suite d’une fuite rocambolesque, qui fait toujours dire qu’il aurait des pouvoirs mystiques dont celui de se rendre invisible, le Lion du Boulkiemdé, ainsi qu’il se fait appeler, est revenu au pays après l’ouverture démocratique et a mis sur les fonts baptismaux le Parti national de l’unité et du développement (PNUD) d’obédience sankariste.

François Kaboré, lui, a une expérience politique beaucoup plus conséquente à travers le CNPP/PS du début des années 1990. les différentes mues qu’il a connues et les différentes migrations de ses cadres vers la majorité présidentielle n’ont pas permis à ce parti, qui avait suscité bien d’espoir et qui s’était positionné comme pouvant donner la réplique à l’ODP/MT, ancêtre du CDP, de connaître le destin glorieux qu’on lui prédisait.

Un de ses fondateurs, en l’occurrence le Pr Joseph Ki-Zerbo, à travers le PDP puis le PDP/PS, a bien voulu sauver l’essentiel, mais peine perdue. Sa mort a marqué le déclin du PDP/PS et ses lieutenants se sont dispersés, chacun se découvrant des vertus de patron. C’est dans ce contexte que François Kaboré, originaire de Siglé, commune située à 70 km de Koudougou, a pris les rênes du parti, à la suite, semble-t-il, d’un forcing. Le PDP/PS, avec l’expérience accumulée par une “infructueuse” participation à la présidentielle de 2005, va-t-il servir François ?
Maigre moisson pour trois mousquetaires

Le troisième Kaboré, Maxime, sort presque du néant. Pas de militantisme connu dans un parti politique ou dans des mouvements estudiantins ou de jeunesse. Pas de renom ni de présence dans les cercles des finances. Maxime, Belgo-Burkinabè, est tout simplement le premier candidat indépendant de l’histoire de notre jeune démocratie.

Et pour cela, on se disait qu’il pourrait drainer du monde. Surtout tous ces désabusés, aigris et mécontents de la classe politique actuelle, ces laissés- pour-compte, ces sans-voix, ces intellectuels qui ne se reconnaissent pas, ou plus, dans la politique que leur servent la majorité présidentielle et surtout l’opposition qui n’en finit plus de se désunir, de se compromettre et de se déchirer. Fait marquant, pour ne pas dire insolite, Maxime serait le neveu de … François Kaboré. Un oncle et un neveu en course pour une présidentielle d’un pays, ça ne se voit pas tous les jours.

Qu’à cela ne tienne, la présidentielle a eu lieu et les Burkinabè ont voté le dimanche 21 novembre, pour la quatrième fois depuis 1991 pour élire leur président. Quelle performance ont réalisé nos trois Kaboré dans leur fief du Boulkiemdé ? Le moins que l’on puisse dire, au vu des premières tendances, c’est que le vol n’a pas été bien haut. Manque d’aura et de moyens ? Peu convaincants ? Ou mal aimés par leurs frères du Boulkiemdé ? Les questions sont légion. Boukari Kaboré 7%, François 2% et Maxime 2%. La moisson est maigre dans la province.

11% pour les trois contre 81% pour l’enfant de Ziniaré qui a, tout de même, l’avantage d’être le président sortant et de jouir d’un important soutien d’hommes politiques rompus à la tâche et d’opérateurs économiques pas du tout radins. Ou faut-il croire que le Boulkiemdé s’est refusé à un vote fraternel et a choisi l’homme qui répond le plus à leurs aspirations, comme le souhaitait Jean Hubert Yaméogo, directeur régional de campagne du Blaiso dans le Centre-Ouest ?

De plus, moins que Blaise Compaoré lui-même, François et Maxime avaient en face d’eux à Siglé, des gourous de la majorité présidentielle tels que le député Bertin Ouiya, le maire Augustin Sinaré et le directeur adjoint de la douane. Ces personnes, surtout les deux premiers, sont rompus aux joutes électorales et ont des contacts directs et quasi permanents avec la population. On comprend qu’à Siglé François n’ait obtenu que 646 voix et Maxime 110 voix contre 2474 pour le Blaiso, excusez du peu. Boukari y a glané 39 votants.

A Poa, dans la tanière du Lion, la donne est presque la même. Boukari Kaboré avait en face de lui, le tout-puissant ministre de la Santé, Seydou Bouda. Même si cela s’inscrit dans le processus normal du développement d’un pays ou d’une localité, les Poalais croient dur comme fer que les récentes réalisations dans le domaine sociosanitaire et l’électrification de la commune sont à mettre à l’actif du ministre de la Santé.

Et il ne faut pas compter sur celui-ci pour dire le contraire. Donc Poa a voté Blaise Compaoré, comme nous l’a affirmé un jeune homme le jour de l’élection. Cela s’est confirmé dans les urnes qui ont crédité Blaise de 3 113 votants, contre 760 pour Boukari, 14 pour François et 38 pour Maxime. Pas de quoi rêver, même si les intéressés vont polémiquer sur ces chiffres, somme toute provisoires ?

Comme on le voit, nos trois cousins n’ont pas “dja foule” chez eux. Feront-ils mieux dans les 44 autres provinces ? Certes, il est de notoriété que nul n’est prophète chez soi. Mais il est légitime qu’en politique on doit travailler à avoir une assise locale avant de rêver à un destin national.

Imaginez un présidentiable qui ne peut même pas se faire élire conseiller de son secteur. On frise le ridicule, n’est-ce pas ? Et si les trois mousquetaires avaient fait front uni ? Du genre “tous pour un et un pour tous” ? La récolte n’aurait pas été meilleure ?

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 24 novembre 2010 à 13:29, par houet En réponse à : Performance des trois Kaboré : Il ne suffit pas d’être du Boulkiemdé

    ll ne suffit pas bien sûr d’être du Boulkiemdé mais quand on y a une base comme certains grands opposants connus du faso entier, on a plus de chances. maxime débarque sans que personne ne le connaisse ; le lion se lève tard et on sait qu’il est surtout à poa. françois, on a presque oublié qu’il vient de cette région : si vous demandez où est son village, qui peut dire ? J’ai apprécié que des grands opposants de cette région aient préféré se mettre du côté compte tenu de la gestion de notre pays qui ne permet pas une compétition loyale.

  • Le 25 novembre 2010 à 08:28, par jsanou En réponse à : Performance des trois Kaboré : Il ne suffit pas d’être du Boulkiemdé

    Merci l’OBs,
    c’est de ce type d’article-analyse dont a besoin plusieurs de vos lecteurs.
    je vous suggère aussi de nous livrer une analyse comparée des programmes des candidats.

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