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Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

Publié le jeudi 18 novembre 2010 à 01h47min

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Maire de la commune de Dori, 5e vice-président de l’assemblée nationale, président de l’Afrique de l’Ouest du programme mondial pour l’eau, Hama Arba Diallo est l’un des sept prétendants au fauteuil présidentiel. Riche d’une expérience de plusieurs décennies dans la diplomatie, il a été coopté par les Nations Unies en 1979 où il a fait l’essentiel de sa carrière internationale. A 71 ans, HAD estime n’avoir pas fini de servir son pays. Il brigue la magistrature suprême pour construire « un Burkina nouveau et fier ». Allons à la découverte du candidat des forces progressistes.

Hô Chi Minh, c’est ainsi que le surnomme ses camarades. Probablement, pour sa ressemblance physique avec le dirigeant vietnamien, mais peut-être aussi pour sa probité et son engagement pour les causes justes. Depuis son investiture en tant que candidat des forces progressistes pour l’élection présidentielle de 2010, Hama Arba Diallo a pour nom de guerre HAD.

Il justifie cette candidature à la magistrature suprême par « le refus de la résignation devant la situation médiocre dans laquelle le régime actuel enferme notre pays ». Pour cela, il lance un appel à tous les Burkinabè qui aiment leur pays et le veulent plus fort, plus beau, plus fraternel, plus solidaire et mieux respecté, à se rassembler autour de lui.

HAD aura réussi à former une coalition de sept partis politiques autour de sa candidature. Mais une coalition qui s’est faite dans la douleur. Un mérite, tout de même pour HAD car il est le seul candidat en dehors du président sortant à susciter autant d’engouement autour de sa candidature. Son directeur de campagne est un homme bien connu dans le paysage politique burkinabè. Il s’agit de Philippe Ouédraogo du PAI, lui-même candidat à l’élection présidentielle en 2005. Un autre candidat de 2005 est dans son staff de campagne, le tonitruant Norbert Michel Tiendrébéogo du FFS.

La sécurité pour tous, la relecture du code de l’information, la reforme de la fiscalité, la construction de voies ferrées, la justice pour tous, la création de 150 000 emplois en cinq ans, le respect de la constitution, l’accroissement d’infrastructures pour l’éducation et la formation, le doublement des superficies irriguées, l’intensification de l’élevage, etc. Bref, ainsi pourrait se résumer le programme de campagne de Hama Arba Diallo. Un programme ambitieux mais qui peine à rassembler le maximum de Burkinabè. Les meetings ne soulèvent pas les foules, hors mis sa région d’origine, le sahel. C’est d’ailleurs le seul candidat en dehors du président sortant qui peut se targuer d’avoir un fief électoral. En effet, HAD est actuellement député à l’assemblée nationale (5e vice-président) et maire de la commune de Dori.

Un riche parcours

Né le 23 mars 1939 à Dori, HAD grandit auprès de plusieurs frères et sœurs. Son père Aldiogo, agent de l’administration coloniale était l’un des militants les plus actifs pour la reconstitution de la Haute Volta qui fut partagée à l’époque entre le Niger, le Mali et la Côte d’Ivoire. Lutte payante. HAD a lui aussi suivi les traces de son père. Il est aussi un homme de lutte et pleure la passivité de la jeunesse actuelle. « Si j’avais encore 40 ans devant moi, je sais ce que j’allais faire pour inciter à l’action. En tout cas, ce n’est pas devant un « grin de thé » que je passerai mes journées », soutient-il.

HAD fréquente le lycée Ouezin Coulibali (LOC) de Bobo-Dioulasso, avec entre autre camarade Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, lui aussi candidat à l’élection présidentielle dans son pays. Et si les deux anciens élèves du LOC devaient être les futurs présidents des deux pays voisins ? Nous n’en sommes pas encore là. Nous en sommes même très loin. Son programme apparemment réaliste sera difficilement mis en œuvre car le candidat est encore à mille lieux du palais de Kosyam que le locataire actuel n’est pas prêt de quitter. En tout cas, pas pour 2010. Tous les pronostics le donnent vainqueur dès le premier tour. Malgré ses 71 ans, le doyen des présidentiables de 2010 devra encore attendre son heure.

Hama Arba Diallo a décroché son baccalauréat au lycée Philippe Zinda Kaboré de Ouagadougou en 1962. Puis, le voilà aux USA pour des études supérieures au Bluffton University dans l’Etat de l’Ohio (1962-1969). En 1967, il est admis au prestigieux Columbia University de New York. De 1969-1970, il est pensionnaire de l’institut des hautes études internationales à Genève en Suisse. Là, HAD était déjà engagé dans la diplomatie. De 1966 à 1969, il fut l’ambassadeur de la Haute Volta aux USA. De 1975 à 1979, il est ambassadeur au Nigéria. De 1987 à 1989, il est le représentant du Burkina en Chine. De 1970 à 1975, HAD fut directeur de la coopération internationale auprès du ministère des affaires étrangères. Il occupera ce ministère de 1983 à 1984.

HAD : secrétaire général adjoint des Nations Unies

HAD a servi son pays comme diplomate et ministre, mais pas seulement. De diplomate à fonctionnaire international, il n’y a qu’un pas et HAD l’a franchi, avec brio. Pendant longtemps, il a été impliqué dans le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). De 1979 à 1983, il est directeur du bureau des Nations Unies Soudano-sahéliens à New York sous la supervision du PNUD. Ce bureau supervisa l’implantation des programmes nationaux et régionaux contre la sécheresse et la désertification au sahel. Lors de la préparation du sommet de Rio de Janeiro de 1992, HAD fut le représentant spécial du secrétariat général des Nations Unies pour la conférence des nations unies sur l’environnement et le développement durable (CNUED). De 1993 à 2007, Arba Diallo fut le secrétaire exécutif de la convention des nations unies de lutte contre la désertification avec rang de secrétaire général adjoint des Nations Unies.

Hama Arba Diallo est actuellement maire de Dori, cinquième vice-président de l’assemblée nationale et président de l’Afrique de l’Ouest du programme mondial pour l’eau.

Au crépuscule de sa vie, réellement accomplie, HAD aurait bien voulu faire profiter à son pays de cette longue et riche expérience en s’installant pour cinq ans au palais de Kosyam. Pourra-t-il succéder à Blaise Compoaré au soir du 21 novembre ? Pas sûr, d’autant plus que l’actuel locataire met d’accord presque tous les analystes sur sa réélection dès le premier tour.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 novembre 2010 à 07:24, par gsondo En réponse à : Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

    c’est homme vraiment experimenté ; mais j’ai une question pour vous cher journaliste : qu’elle poste il a occupé de 1984 à 1987 ?

  • Le 18 novembre 2010 à 11:59, par passak En réponse à : Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

    bon cv... et a ma connaissance pas de casseroles qui trainent...
    Seulement comme dit l’adage "qui veut voyager loin menage sa monture".
    il aurait du commencer a faire le tour depuis 2005 afin que les populations de TOUS HORIZON ait le temps de le connaitre et surtout de lui faire confiance.
    Elles aurait peut etre pris le risque du changement...

  • Le 18 novembre 2010 à 13:02, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

    Un milliard de quoi ? (Texte du 26/04/2010 tiré du site : www.venancekona.com)

    De nombreux internautes ayant réagi à ma dernière chronique sur le choix de s’exiler ou de rester dans nos pays, je me permets de revenir encore une fois sur ce sujet. L’Afrique, nous dit-on, vient d’avoir un milliard d’habitants. Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? Je ne sais pas. Nous serons un milliard de quoi ? Un milliard de personnes dignes ou un milliard de mendiants ? Pour le moment, ceux que ce chiffre chiffonne, si je peux me permettre, ce sont les Européens. Car c’est sur leurs côtes que chaque année des milliers d’Africains viennent s’échouer. Ce sont eux qui ne savent plus quel dispositif prendre pour se protéger de tous ces gueux en quête de pitance ou de liberté qui viennent à l’assaut de leurs pays. Chaque fois qu’un Africain meurt dans le désert ou dans la Méditerranée, il témoigne mieux que tous les discours de l’échec de son pays. Et chaque année, ce sont des centaines de jeunes gens qui meurent dans le désert ou dans la mer, parce qu’ils ont préféré prendre ce risque plutôt que de vivre dans leurs pays qui n’ont plus aucun rêve à leur proposer. Il y a deux ans, je me suis rendu à Kidal, dans le désert malien, sur les traces de ces jeunes gens qui sont refoulés par les pays du nord du continent. Un jeune Togolais rencontré là m’avait dit qu’il n’avait qu’un seul rêve, trouver assez d’argent pour recommencer l’aventure. Et pourtant il venait de me raconter l’enfer que cela avait été pour lui d’arriver jusqu’en Algérie et de traverser à nouveau le désert en sens inverse. Et il avait dit cette phrase terrible : « je préfère mourir ici plutôt que de retourner dans mon pays. » Connaissant le Togo, pouvais-je le blâmer ? Il ne faut pas se voiler la face : nos pays africains ont dans leur ensemble lamentablement échoué. Et tous les bras valides cherchent à les fuir. L’Afrique du sud qui semblait s’en sortir mieux que les autres a été envahie par les pauvres des autres pays africains, réveillant ainsi les sentiments xénophobes des habitants de ce pays dont plusieurs vivent dans une misère encore plus grande. Les Noirs africains qui vivent dans les pays du nord du continent, qui semblent eux aussi mieux s’en sortir, vivent un racisme des plus cruels, que nos intellectuels ne dénoncent curieusement pas avec autant de vigueur que celui qui sévit en France. On se souvient tous des pogroms organisés en Libye, au moment justement où le dirigeant de ce pays se voulait le chantre le l’Union africaine. Non, on ne peut pas en vouloir à ces jeunes gens d’aller chercher, au péril de leurs vies, un lendemain moins cruel que leur présent. Même si le plus souvent, à destination, le rêve se transforme en cauchemar. Que font-ils ici ? Quelles opportunités leur sont-elles données de participer à la construction de leurs pays ? Qu’offrons-nous comme avenir aux milliers de jeunes gens qui sortent chaque année de nos universités ? Et pourtant, l’Afrique est entièrement à construire. En principe, avec une population d’un milliards de personnes, l’Afrique devrait avoir davantage de bras pour cette oeuvre. Alors ? Le problème est que les élites africaines ont failli. Les élites politiques, les élites intellectuelles. Les politiques qui accèdent au pouvoir n’ont que deux soucis, s’enrichir autant que possible et s’accrocher au pouvoir par tous les moyens. Qu’est ce qui explique que dans un pays comme la Côte d’Ivoire, on forme chaque année des milliers de policiers et gendarmes mais aucun médecin ? S’étonnera-t-on qu’un jeune docteur en médecine, las d’attendre un hypothétique emploi, cherche à tenter l’aventure européenne ? Israël a réussi à faire pousser des tomates en plein désert. Mais qu’est-ce qui intéresse les pays africains dans leur coopération avec Israël ? Les systèmes d’écoutes téléphoniques, les armes, les drones, la sécurité des présidents. Les élites intellectuelles qui devaient être les aiguillons des pouvoirs, elles qui devraient sans cesse rappeler ces pouvoirs à leurs obligations ont failli de leur côté lorsqu’elles ont choisi de les accompagner dans leurs œuvres de prédation. Qu’avons-nous à offrir aujourd’hui au reste du monde ? Notre capacité de nuisance. Et nous avons décidé d’en faire un moyen de chantage. J’ai entendu une fois Jean Ping, le président de l’inutile commission de l’Union africaine dire dans une interview que si l’Occident n’aide pas l’Afrique, il aura à faire face aux hordes d’immigrants illégaux. Très bien. En cinquante ans d’indépendance, qu’avons-nous fait de toute l’aide qui nous a été apportée ? Une bonne partie est retournée en Europe, dans des comptes bancaires numérotés. Que font nos dirigeants pour leurs pays ? Qu’a fait Bongo des milliards générés par le pétrole, le bois, le manganèse, l’uranium, pour son pays ? Que fait Sassou des milliards que génèrent les ressources de son pays ? On vient de découvrir le scandale de la Banque des Etats d’Afrique Centrale. Des milliards que des dirigeants qui, j’en suis sûr, fustigent à longueur de discours l’égoïsme de l’Occident, ont volé. Que fait Laurent Gbagbo des 60 milliards qu’il s’octroie chaque année sur le budget de l’Etat ? De quel droit parlons-nous de l’égoïsme des pays riches lorsque nos dirigeants sont les premiers prédateurs de leurs propres pays ? L’Afrique est à construire. Nous sommes un milliard désormais à le faire. L’Afrique a tout à nous offrir. En réalité, avec notre milliard d’habitants, notre continent reste encore largement sous-peuplé. Un pays comme la Hollande compte autant d’habitants que la Côte d’Ivoire, pour un territoire dix fois plus petit. Et ils arrivent à se nourrir et même à exporter de la nourriture. Nous ne pouvons pas blâmer nos jeunes frères qui s’en vont. Mais les élites doivent, elles rester, et se battre pour que les choses changent. Afin que nos jeunes frères n’ailent plus se tuer dans le désert ou dans la mer. Et pour que nous ne soyons pas un milliard de mendiants.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 18 novembre 2010 à 14:14, par Une burkinabè En réponse à : Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

    Je salue le courage et la bravoure d’un homme qui a choisit d’être candidat non pas pour devenir président (faut pas se leurrer), mais pour faire passer son message. Pour donner une leçons au jeunes générations et nous faire partager son expérience. C’est le candidat le plus crédible de ces élections !
    Dieu te bénisse Arba !

  • Le 18 novembre 2010 à 17:45 En réponse à : Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

    bonne question !!!!! tous ces opposants(sauf pdp/ps) sont des agents du CDP/ODP/MT. restons vigilant !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Le 18 novembre 2010 à 22:40, par dabire En réponse à : Hama Arba Diallo : Expérience et sagesse suffisent-elles pour conduire à Kosyam ?

    Webmaster vous ne pouvez pas nous epargner des inepties de Yamyele ?

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