LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Poa : Une journée dans la tanière du Lion

Publié le mardi 16 novembre 2010 à 03h09min

PARTAGER :                          

Avec trois de ses fils en lice pour la présidentielle de novembre 2010, la province du Boulkiemdé concentre la plus forte densité de présidentiables du pays. En effet, sur les sept challengers qui lorgnent les portails de Kosyam, trois viennent de cette province. Et fait marquant, pour ne pas dire insolite, tous les trois sont des… Kaboré. Cela est tout de même atypique et incite à l’aventure sur les terres natales de ces frères challengers qui ont un dénominateur commun : l’envie d’être président du Faso. Immersion dans le fief, ou la tanière, du plus atypique des trois, en l’occurrence Boukari Kaboré dit le Lion du Boulkiemdé.

Même si certains hommes politiques de par leurs actions et réalisations opérées ces dernières années ont réussi à faire de la commune rurale de Poa (25 km de Koudougou, sur la Nationale 14), leur fief légitime, il n’en demeure pas moins que le Lion du Boulkiemdé, inscrit à l’état civil Kaboré Boukari, y est toujours si populaire. Son passage là-bas à l’occasion de la présente campagne présidentielle en est l’illustration.

Ce jour là, c’est une marrée humaine qui s’est massée sur les abords de la route pour ovationner l’enfant du terroir. Boukari Kaboré est une idole aux yeux de beaucoup de ‘’Poalais’’ qui se souviennent toujours de ses hauts faits lors de la guerre Mali-Burkina, son opposition au capitaine Blaise Compaoré après le coup d’Etat du 15 octobre 1987 qui avait coûté la vie au capitaine Thomas Sankara, son retour d’exil et de son choix de revenir s’installer à Poa pour y cultiver la terre. Autant de faits, et nous en oublions, qui font que la population se sent proche de son Lion.

Poa, en ce vendredi 12 novembre, ne présentait pas le visage d’une commune en campagne. Il y avait certes de l’animation au pied-à-terre du ministre Seydou Bouda en campagne, on s’en doute, au compte du candidat Blaise Compaoré. Le seul fourmillement se localisait au centre et devant la grande mosquée où quelques disciples du prophète Mohamed s’affairaient pour la prière du vendredi.

Notre attention est attirée par un groupe de trois vieux qui se pressaient autour d’un grilleur de viande. Nous prenant pour des clients, le boucher se fendit d’un large sourire vite disparu quand nous lui dîmes que nous sommes des journalistes. Mais le sourire réapparut quand nous précisions que nous nous intéressions à la candidature de Boukari Kaboré dit le Lion. ‘’Je connais bien le Lion.

C’est notre neveu à Poa. Il fera bien un bon président car il est soucieux du bien-être de ses semblables. Je me souviens de son passage au BIA de Koudougou (Bataillon d’intervention aéroporté. Boukari Kaboré, capitaine, en était le commandant. NDLR) et quand, pour préserver la vie de la population, il a refusé de riposter à l’attaque du 27 octobre’’.

Nous dûmes l’interrompre pour lui demander ce qu’il pense de la candidature de son ‘’neveu’’ et de ses chances devant Blaise Compaoré. ‘’Sa candidature est louable. Ici à Poa, le CDP est bien implanté, mais les gens le voteront’’.

Le Lion apparenté à tout le monde

Assise devant son étal juste en face du grilleur, Chantal Zagré ne peut nous garantir que tout Poa votera le Lion, car, soupire-t-elle, ‘’le CDP est si puissant’’. Assises devant leur hangar, Adjaratou Kaboré et Rakièta Koala se présentent, l’une comme la nièce et l’autre comme la belle-sœur du Lion. Intégrité, amour du prochain et popularité sont, entre autres, des qualités qu’elles attribuent à leur oncle et beau-frère. ‘’Une fois président, Boukari réalisera beaucoup de choses pour les femmes et les jeunes’’, soutiennent-elles.

Comme si tout le monde se plaisait à dire qu’il a des liens de parenté avec le Lion du Boulkiemdé, Idrissa Kaboré, affairé à monter une antenne parabolique, dit être son petit-frère. ‘’Après 23 années d’inactivité, le voir aujourd’hui en campagne me fait plaisir’’. Son rêve, que le Lion, une fois élu, réinstaure la Révolution car, selon lui, ‘’la Révolution de 1983 était la meilleure forme de gouvernance et, aujourd’hui, il faut encore cette façon de diriger’’.

Pour être avec la vraie famille de Boukari Kaboré, nous avions mis le cap au quartier Yagba, à trois kilomètres du centre, où se trouve la cour du Lion. Nous tombions sur une grande cour, dans la pure tradition moaga, avec un labyrinthe de mûrs.

Devant la cour, sous un majestueux arbre, est garée une antique Mercedes-Benz portant de curieux impacts sur les flancs, du genre de ceux qu’auraient laissé des traces de balles. Faut-il croire qu’il s’agit là de la voiture qui a porté le capitaine Boukari dans sa fuite après les évènements du 27 octobre ? Les occupants de la cour n’ont pas pipé mot, et l’absence du maître des lieux nous a laissés sur notre soif, fascinés que nous étions devant cette ruine qui cache, il est sûr, bien de secrets.

Après nous être frayé un passage au milieu d’une nuée de bambins (les femmes doivent être bien fécondes dans cette famille), nous tombions sur une autre surprise. Un autre Lion. En fait, le frère cadet du vrai, d’une fratrie de huit enfants dont cinq vivants. Lui s’appelle Yacouba.

Une famille de barbus

Le même visage quoi qu’un peu bouffi, et surtout la même barbe blanche et bien fournie. Selon certaines indiscrétions, il semblerait qu’après la fuite du Lion en 1987, Yacouba a été cueilli et a subi un interrogatoire très musclé à Ouagadougou. On soutient qu’il y aurait même perdu un testicule. Pour ne pas brader l’hospitalité dont il nous a fait montre, nous n’avions pas osé aborder ce sujet. Yacouba ne tarit pas d’éloges à l’égard de son aîné. ‘’Malgré ses aptitudes intellectuelles et son instruction, Boukari a décidé de revenir cultiver au village.

Le Lion est patriote. Il incarne à la perfection les valeurs que nous a enseignées notre défunt père, l’amour du prochain et l’amour de la terre. Il ne manquait jamais une occasion pour revenir cultiver la terre. Il n’a pas pu se présenter en 2005 et je suis fier qu’il soit candidat cette fois-ci. Sa candidature est un choix personnel et non celui d’autres personnes. A son passage à Poa, les gens sont sortis nombreux l’honorer. Je suis sûr que Boukari fera un bon dirigeant’’.

Après ces confidences, Yacouba a entrepris de nous faire visiter la cour. Il nous montre la maison du Lion qui est une modeste case ronde avec cependant un toit en tôles, la maison de leur mère... Ici tout est modeste et on n’a pas l’impression que c’est le domicile d’un des prétendants au trône de Kosyam. Comparée à la résidence du Blaiso à Ziniaré, la cour de Boukari fait figure d’une ruine. Avant de prendre congé, nous tombions sur notre troisième surprise : l’oncle. Un Lion aussi, mais très vieilli. Même longue barbe blanche. Le poil est la chose la mieux partagée dans cette famille.

Arrêt à la mosquée de Poa, où le candidat Lion vient prier. Les fidèles s’apprêtaient à honorer la prière du vendredi. Quelques-uns ont pris le temps d’exprimer leur admiration pour leur frère Boukari. Un d’entre eux désigne, à quelques mètres de la mosquée, deux maisons en pierres taillées en voie d’achèvement, précisant qu’elles appartiennent à Boukari Kaboré. La cour du chef de Poa fut notre dernier passage. Nous quittions ce patelin avec le sentiment que si l’élection présidentielle se limitait à cette seule commune, ce disciple de Thom Sank avait de réelles chances d’être le futur ‘’PF’’ (Président du Faso).

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2010 à 09:20, par Abel En réponse à : Poa : Une journée dans la tanière du Lion

    Drole !quelle comedie cher au pays des hommes integres !Prevoyez une rubrique comedie et faits divers pour ces plaisantins.totes mes excuses aux concernes.

    • Le 15 novembre 2010 à 15:56, par Un dédoulais de l’extérieur En réponse à : Poa : Une journée dans la tanière du Lion

      Tant qu’il y aura des Abel comme toi pour s’exprimer au hasard !C’est sûr que des Caien seront toujours là pour mettre fin à ces manques de considérations pour des personnes qui auraient pu être ton papa ou-bien même ton grand père.Que chacun sache s’exprimer.Je ne suis pas un partisan du Lion mais un vrai patriote qui sait comment s’exprimer !

      • Le 16 novembre 2010 à 10:32, par Flouz En réponse à : Poa : Une journée dans la tanière du Lion

        une fois qu’on est une figure politique on dame sur ces considérations de papa, tonton, tanti etc. Sinon à regarder de près, Blaise aussi commence à être notre papa,mais ca ne nous empêche pas de lui demander de foutre le camp

      • Le 16 novembre 2010 à 19:40, par Le patriot du pays des hommes integres. En réponse à : Poa : Une journée dans la tanière du Lion

        Je pense et je soutient vivement que chacun a le droit de s’exprimer comme il le veut. Nous sommes dans un Etat de droit et personne n’a lautorite sur qui que ce soit. S’il vous plait laisser nos freres journalist s’exprimer ! Merci

  • Le 15 novembre 2010 à 14:19 En réponse à : Poa : Une journée dans la tanière du Lion

    c est la plaianterie qui fait la beaute de notre faso ;sans rancunes mister abel(j espere que reflete ton nom biblique)

  • Le 16 novembre 2010 à 19:45, par Wilfried Zoma En réponse à : Poa : Une journée dans la tanière du Lion

    Congratulation tonton. Cela est ma premiere fois de lire votre article et j’en suis tres fier. Courage a vous et a tout ce qui oeuvrent pour toute la societe. Ton neuveu Willy(USA)

 LeFaso TV