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CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

Publié le lundi 15 novembre 2010 à 02h06min

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Ce n’est pas facile de faire corriger une erreur sur une carte d’électeur. La preuve est le chemin de croix de l’auteur du texte ci-dessous qui peine à faire corriger son nom de famille Savadogo qui a été orthographié avec un "W" sur sa carte d’électeur qu’il est allé pour retirer.

A l’instar de la plupart des Burkinabè de ma génération, je me suis fait inscrire sur la liste électorale, à l’aide de mon passeport. Au moment fixé, je retourne au même endroit pour le retrait. Deux binômes de jeunes gens s’y affairaient, autour d’un étal de tas de papiers. Après recherche et vérification de mon identité, l’un d’eux finit par découvrir mon nom et prénom sur une des listes. Je me nomme SAVADOGO alors que sur la liste en leur possession, mon nom est écrit SAWADOGO. Fidèle à moi-même, je pique un courroux contrôlé au millimètre près, parce que sur le document qui a servi à l’inscription, mon nom est bien écrit SAVADOGO et non SAWADOGO. Tout en réinscrivant mon nom et prénom sur une autre liste ad hoc, l’équipe en place refuse de me remettre ma carte d’électeur ; j’insiste pour qu’elle me soit remise mais elle reste inflexible sur sa position et elle ajoute : « Nous n’avons pas reçu l’autorisation pour cela ».

2 semaines pour mettre un V à la place d’un W

Mieux, l’équipe en place m’invite, non seulement à revenir dans 2 semaines pour le retrait de ma carte, mais aussi à me rendre cette fois à la mairie d’arrondissement pour la retirer. Après quelques échanges plus au moins amicaux avec une équipe visiblement agacée et désarmée, je retourne à la maison où je raconte ma petite aventure, à ceux que j’ai, en vain, encouragés à aller se faire inscrire sur les listes. Comme il fallait s’y attendre, j’ai été accueilli par des moqueries et des rires sarcastiques, comme on sait si bien le faire chez nous, avec des assortiments tels taarêh balè, taarê (c’est bien fait pour toi,…). Me voilà me retirant tout désemparé, et sur la pointe des pieds, échaudé par mon zèle à vouloir afficher l’un des attributs de ma citoyenneté. Mais, en bon citoyen qui ne s’avoue jamais vaincu, je cours à la marie de mon quartier pour tenter de suivre « mon dossier », avant qu’il ne soit trop tard, et surtout pour me venger des moqueurs. A la mairie d’arrondissement où je me rends 12 jours plus tard, je suis dirigé vers la CEIA où deux dames m’accueillent. Après explication, elles me demandent si j’ai ma carte d’électeur avec moi. Non justement, leur répondis-je. En fait, entre-temps, et après ma première aventure, l’information avait circulé que pour les cas où il y a des erreurs matérielles telles SAVADOGO ou SAWADOGO, il a été décidé que lesdites cartes soient remises aux personnes concernées, qui devraient faire procéder à la correction, au niveau de la CEIA. Aucune des dames n’était capable de me dire où se trouve ma carte : si elle est toujours au lieu où je me suis inscrit ou ailleurs. Je suis reparti, plus confus que jamais, ne sachant plus quoi faire.

Un problème de niveau ou de formation ?

Heureusement que mon cas semble un peu isolé,- quoique- mais tout même, il mérite réflexion. Quelle formation les personnes chargées d’inscrire nos noms et prénoms sur les listes électorales ont-elles reçue, avant qu’on leur confie cette tâche hautement sacrée ? Sur un document valide comme un passeport, impossible de confondre un V et un W. Comment a-t-on pu faire une telle confusion ? Inscrire l’identité d’un Burkinabè sur la liste électorale doit être un acte de portée majeure. Les scribes et autres écrivains publics commis à la tâche d’inscrire les uns et les autres sur les listes électorales doivent apprendre une fois pour toutes, qu’au Burkina Faso il y a cette aberration héritée des colons de la Gaulle, qui fait que SAVADOGO et SAWADOGO sont à la fois identiques et différents. Le président de la CENI a dit que même avec 10 électeurs, le vote aura lieu. Je me bats pour être le 11e électeur, sans succès jusque-là… A défaut d’être un calligraphe confirmé, les producteurs de manuscrits et les opérateurs de saisie devraient au moins être capables de faire la différence entre un V et un W dans un passeport, pour ensuite transcrire fidèlement ce qu’ils voient, sans surcharge ni rature. Sinon, que les acteurs et actrices chargés de la remise des cartes soient formés et informés dès le départ de la validité de l’équation SAVADOGO = SAWADOGO, toutes les fois où les autres informations sur la personne concernées sont justes...

Que la justice tranche un jour, une fois pour toutes

Cette vraie fausse confusion qui voudrait que SAVADOGO soit différent de SAWADOGO est entretenue par l’administration et par des acteurs qui font leur devoir avec négligence et légèreté. Une question de fond est soulevée. Il faut bien qu’un jour, la justice tranche définitivement la question en décidant qu’il n’ y a plus de distinction entre SAVADOGO et SAWADOGO. En attendant ce jour, il faut que ceux qui sont chargés de transcrire les noms de famille redoublent de vigilance et de professionnalisme dans leur travail, en transcrivant bien ce qui est écrit ou ce qu’ils entendent. Il y a pire que ça : quand le père est SAVADOGO et que le fils est SAWADOGO ou inversement, cela peut être source de problèmes, et pour l’un et pour l’autre, si cela n’est pas corrigé à temps. Pourrais-je vraiment accomplir mon devoir de citoyen le 21 novembre prochain ?

Kenfo

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2010 à 09:32, par jeshi En réponse à : CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

    merci cher citoyen d’avoir évoquer un problème que peu de gens évoquent. moi aussi je suis dans le même cas que toi seulement à mon niveau c’est la date de naissance.
    je me suis inscrit avec mon jugement supplétif. au retrait de ma carte je constate au lieu de 1980 c’est plutôt 1986 qui figure comme date de naissance, alors que le jugement a été établit en 1985. il se pose vraiment le problème de formation des agents car comment peut inscrire quelqu’un qui est né en 1986 et son jugement est fait en 1985 soit un an avant sa naissance. on me demande de revenir dans une semaine. tout comme toi aussi je ne sais pas si je pourrais accomplir mon devoir de citoyen. visiblement que la CENI prennent des mesures pour parer à cette situation. déjà que nous ne sommes pas nombreux à nous inscrire, si on doit faire des erreurs sur les inscrits, je penses qu’on risque de ne atteindre les 10 électeurs du président de la CENI.

  • Le 15 novembre 2010 à 09:44, par Wend-Kouni En réponse à : CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

    bonjour chers lecteurs.

    j’ai vécu une situation similaire, mais mon cas est encore plus grave. je me suis inscrite avec ma CNIB et je me suis rendue au même lieu pour le retrait de ma carte, quelle ne fut ma surprise ? Mon nom a été purement et simplement omis. la solution que les deux bonhommes me suggèrent c’est d’attendre purement et simplement les législatives au lieu de transmettre la liste des omissions pour l’établissement des cartes. Dans quel pays sommes nous ?

    J’espère tous ces problèmes relevés auront bien une solution avant le 21 novembre.

  • Le 15 novembre 2010 à 10:14 En réponse à : CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

    Franchement, c’est décevant. Je suis exactement dans la même situation et j’attends toujours ma carte corrigée en vain. Il faut que les gens redoublent d’effort et fassent beaucoup attention quand ils veulent écrire les identités des autres.

    • Le 15 novembre 2010 à 16:05, par wend waoga En réponse à : CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

      C’est curieux, toutes ces erreurs,non ?!?!...À mon humble avis,le problème ne se situe pas ua niveau de la mauvaise formation des acteurs,je pense plutot que le problème se trouve ailleurs ! Celle où on s’attend justement à ce que la faute soit imputée à l’immaturité professionnelle des acteurs (suivez mon regard) !

  • Le 15 novembre 2010 à 14:12 En réponse à : CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

    Au secteur N°5, de la province de la Sissili (Léo)le problème est encore plus grave. Au moment de distribuer les cartes d’électeurs, la CEPI (Commission Electorle Provinciale Indépendance) déclare que le cahier qui a servi de recensement des electeurs du secteur5 est perdu donc aucun electeur n’a de carte d’electeur. Et rapidement la CEPI a procédé en un jour à un nouveau recensement sans nous informer au préalable. Elle a limité ce nveau recensement à 402 electeurs pour dire qu’il y avait que ce nombre qui sétait inscrit au 1 er recensement. Bon nombre de personnes qui ont appris la nouvelle et qui ce sont rendu sur place n’ont pas pu s’inscrire sous pretexte qu’ils sont arrivés en retard pourtant ils s’étaient inscrits au 1 er recements.Du coup beaucoup de citoyen qui s’étaient inscrits au 1 er recement se retrouvent sans cartes et ne peuvent pas de ce fait exercer leur droit de vote. Je demande au président de la CENI d’accepter que tous ceux du secteur 5 qui veulent s’inscrire puissent le faire car la faute revient à la CENI et non aux citoyens. Je lance un appel à tous ceux qui veulent en savoir davantage de s’y rendre (sect-5 de Léo) pour constater cette discrimination.

  • Le 16 novembre 2010 à 19:24 En réponse à : CARTES D’ELECTEUR : Chemin de croix pour faire corriger une erreur de nom

    Je suis heureux de lire un tel message ; non pas que la situation soit agréable, mais que quelqu’un ait eu le courage de montrer des limites de la CENI. Moi j’étais encore au Grand Séminaire St Jean de Wayalgê quand nous avons constaté en son temps (2005) que tous ceux qui avaient deux prénoms avaient systématiquement deux cartes d’électeur avec leurs deux noms légèrement modifiés. Exemple : OUEDRAOGO Noraogo Charles et OUEDRAOGO N. Charles. Evidemment, ces deux noms sont différents pour tout ordinateur quelque soit sa performance ! Et ce qui est grave, on n’avait pas droit à retirer nos deux cartes mais une seule.
    Une fois de retour au Seminaire, tous ceux qui étaient concernés ont voulu écrire une pétition à la CENI ; mais parce que l’Eglise est apolitique - nous a-t-on dit -, il faut laisser !
    Voilà où on en vient maintenant !
    Que Dieu sauve le Faso !

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