LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Mobilisation au meeting oui, voter est mieux !

Publié le mardi 16 novembre 2010 à 03h08min

PARTAGER :                          

A quoi aurait servi le 21 novembre prochain, toute cette mobilisation des militants à l’appel des politiques, toute l’éloquence des candidats et toute cette agitation de leurs états-majors si les citoyens ne réalisent pas la portée de cette élection du Président du Faso ? Il ne s’agit pas seulement de se réjouir de son organisation effective et régulière selon les termes de la Constitution. Il faut aussi que les populations aient une conscience élevée de leur rôle dans ce scrutin.

Et qu’elles comprennent surtout que leur participation constitue un enjeu de taille. Cette prise de conscience ne semble pas être une réalité sur le terrain. Que de gâchis ! Les responsables chargés de la mobilisation pour la réussite des meetings et autres activités liées à la campagne devraient coupler cette action avec la sensibilisation de l’ensemble des militants à aller voter le jour "J". C’est sur l’assurance de voir les militants présents dans les bureaux de vote que leur satisfaction devrait être fondée.

A une dizaine de jours de l’élection, rien n’est évident. Le double retrait des cartes d’identité et d’électeur demeure une préoccupation majeure de tous les partis politiques. Ils constatent amèrement en cette période de récolte que le souci premier de la population burkinabè à majorité rurale semble être la récolte dans les champs. Pour elle, le palpable c’est cela. Alors que les promesses des candidats passent pour être hypothétiques pour le moment. C’est pourquoi entre consacrer du temps à retirer ses cartes et ramasser le haricot ou mettre le mil au grenier, le choix est clair : la plupart des électeurs préfèrent le concret.

Les citadins, eux, caressent le temps pensant retirer leurs cartes même à la veille du scrutin. Malheureusement, ils oublient ou ignorent que les cartes ne sont pas exemptes d’erreurs, qu’il faut déceler et corriger à temps au risque d’être privés d’un droit civique. Dans nos contrées, les réalisations d’une personnalité politique comme le chef de l’Etat sont d’ordinaire collectives. Si bien que le partisan pris individuellement ne perçoit pas toujours l’effet direct sur sa condition de vie.

Surtout, lorsque naïvement, il en vient à des comparaisons entre sa situation et celle de ceux chargés de le mobiliser pendant les échéances électorales. L’impression d’accorder une voix à des individus pour s’accomplir personnellement au lieu de l’épanouissement de la communauté n’incite guère les populations à s’intéresser véritablement à la chose politique qu’elles trouvent parfois être l’apanage des nantis. Le citoyen finit ainsi par oublier que choisir son dirigeant est un droit et un devoir et qu’il est obligé de « subir » de toute façon le choix des autres.

Sur les quatorze (14) millions de Burkinabè, seuls 3 239 852 se sont enregistrés et une minorité d’entre eux se rendront effectivement dans les bureaux de vote le dimanche 21 novembre, si les taux de retrait restent en l’état. Surtout que tous les inscrits ne disposent pas de cartes nationales d’identité. Pire, il est fort à craindre que ceux qui ont les pièces en main n’aillent pas tous voter.

Car aucune loi ne les y contraint. D’où la double compétition de ce scrutin : être élu et prouver qu’on est le candidat des masses. Du coup, en plus de l’ordre d’arrivée des candidats, s’ajoutera l’autre challenge qui est le taux de participation. Il détermine le niveau d’engagement des populations et prouve le degré d’attachement aux idéaux du candidat par conséquent la perspicacité des responsables chargés de la mobilisation. Autrement, à quoi auraient servi tous ces milliards de francs dépensés pour confectionner des cartes qui n’ont qu’un but : voter le Président du Faso.

Le contribuable aura beaucoup perdu surtout si comme d’aucuns pensent, les mêmes cartes d’électeur actuelles ne serviront pas aux élections législatives et municipales de 2012. N’allons pas penser les utiliser pour la présidentielle de 2015. Tout cela fait que la participation des citoyens demeure à ce jour un défi majeur pour toutes les formations politiques engagées dans la course pour Kosyam. La foule aux meetings, les tonnerres d’applaudissement et les promesses de scores honorables n’ont de sens que s’ils se concrétisent par un bulletin dans l’urne. Et le paradoxe accablant.

Sinon comment comprendre qu’un partisan accepte de consacrer deux heures à un meeting et qu’il n’ait le moindre instant pour entrer en possession des pièces permettant de donner sa voix à son candidat pour Kosyam. Il faut donc sensibiliser militants et sympathisants à gagner le pari de la participation massive à l’élection du 21 novembre prochain. Pour être à l’aise devant qui de droit, les directeurs de campagne ont intérêt à y veiller.

Assétou BADOH

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?