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Rosalie, épouse du candidat François Kaboré : “Si je devenais Première Dame...”

Publié le vendredi 12 novembre 2010 à 02h07min

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Derrière un grand homme se trouve une femme. La réalité de cet adage bien populaire nous a conduit à orienter notre regard vers l’âme sœur du président candidat du PDP/PS, François Kaboré. Cadre de l’administration burkinabè, Rosalie Kaboré (c’est d’elle qu’il s’agit) que nous avons rencontrée le 10 novembre dernier au siège du parti, parle, dans les lignes qui suivent, des soins qu’elle prend pour son mari, de la complicité dont elle fait montre auprès du candidat, de la lutte qu’elle entreprendrait si elle devenait Première Dame, entre autres.

Vous n’êtes pas une femme connue du grand public. Peut-on savoir qui est Mme Kaboré ?

• Je suis inspectrice du Trésor en service à l’ASECNA (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne). J’y ai passé plus de 20 ans comme agent de comptabilité payeur. Actuellement, je tiens la Direction de l’aviation civile et de la météorologie. Je suis pratiquement en fin de parcours professionnel en ce sens qu’à partir de l’année prochaine, je serai à la retraite.

En tant que femme de présidentiable, quel rôle jouez-vous auprès de votre mari pendant la campagne ?

• Avant d’être femme de présidentiable, je suis militante. En tant que telle, je l’accompagne dans sa détermination à apporter le changement au niveau du Burkina Faso. En ce qui concerne la vie familiale, je fais en sorte que sur le plan de la santé, de l’alimentation, du cadre de vie, mon mari se sente dans un milieu assez serein afin de mieux mener son combat.

Pour que monsieur se porte à merveille, quels genres de plats lui préparez-vous ?

• Mon mari aime qu’on dise qu’il est paysan. Son plat préféré, c’est le tô accompagné de sauce non grasse et de condiments non artificiels. Pour tout dire, il aime les produits naturels venant du pays.

Durant cette campagne, le menu a-t-il changé ?

• Pas beaucoup parce qu’il n’aime pas assez manger. Depuis que la campagne est entamée, il n’a pas le temps de manger. Il se contente du café le matin. Donc le menu n’a pas changé. Il a plutôt diminué et chaque fois il faut arriver à lui faire prendre quelque chose rapidement.

Est-ce qu’il y a de petits mets que vous préparez pour lui et qu’il emporte sur le terrain ?

• Non, je ne fais pas de petits mets pour lui parce que pendant la campagne, les populations qu’il renconte sont si accueillantes qu’elles lui préparent à manger après les rencontres.

La politique, pour vous, est-elle une activité habituelle ou un fait circonstanciel de campagne ?

• Je vous disais tantôt que je suis une militante. Et ce militantisme date de mes études académiques lors desquelles, en tant qu’étudiante en France, j’ai milité dans l’Association des étudiants voltaïques de France (AEVF). Puis, dans la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) qui regroupait toutes les associations des étudiants vivant en France.

Cela m’a armée à militer dans le PDP/PS, un parti démocratique, qui prend en compte le côté social, c’est-à-dire l’homme tout court. Mon adhésion au PDP/PS est intervenue après la période révolutionnaire parce que durant cette période j’étais déléguée CDR (NDLR : Comité de défense de la révolution) du Trésor. Après l’assassinat du président Thomas Sankara, je n’ai pas trouvé meilleur parti que le PDP/PS.

Quand vous connaissiez votre mari, militait-il dans un parti politique ?

• Oui. Il faut dire que lui aussi a milité dans l’AEVF, et par la suite, il est devenu président de la FEANF. Quand il est rentré de France, il a commencé à militer dans le MLN (Mouvement de libération nationale) devenu aujourd’hui PDP/PS. Donc quand je le connaissais, il était déjà politiquement engagé.

Accompagnez-vous votre mari sur le terrain ? Si oui, quels sont les axes que vous avez déjà faits avec lui ?

• Sanmatenga, le premier jour de la campagne. Demain (NDLR : hier 11 novembre), je serai avec lui encore à l’étape de Réo dans le Boulkiemdé.

Monsieur et Madame sont en pleine campagne, comment se passe la gestion familiale ?

• Nous n’avons plus d’enfant en bas âge à côté de nous. Donc la gestion familiale se résume à nous. Durant cette campagne, nous allons sur le terrain ensemble autant que faire se peut. Quand je ne suis pas à ses côtés, je reste dans les secteurs pour rencontrer les femmes et les jeunes. C’est dire que le travail continue. Pendant que lui est sur les grands chantiers, moi, je suis en arrière-plan en train de faire un travail de fourmi.

Quelle place votre mari réserve à la femme dans son projet de société ?

• La place de la femme dans la société est une question dont mon mari et moi discutons régulièrement. Ce que j’apprécie dans son programme politique en ce qui concerne la place de la femme, c’est le fait qu’il reconnaisse que celle-ci est au début et à la fin de tout développement. Nous sommes 52% de la population actuellement. Quel que soit le mode de développement que vous voulez entreprendre au Burkina, si la femme n’est pas impliquée, soyez sûr que votre objectif ne sera pas atteint.

Et cette réalité, mon mari en a conscience parce qu’il a travaillé dans des projets de développement au niveau du CILSS (Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel), précisément au niveau de l’hydraulique et de l’énergie solaire. Cette expérience lui permet de me dire, fréquemment, que chaque fois qu’une gestion, notamment au niveau des forages, a réussi, c’est que les femmes ont été responsabilisées.

Dans son programme politique, il accorde aussi une place de choix à l’éducation (formelle ou non formelle), à la sensibilisation et à la conscientisation de la femme. Parce que chaque fois que nous suivons les informations à la télé ou à la radio, nous voyons que les femmes sont traitées comme du bétail électoral. Et il faut que cela change.

Lui avez-vous suggéré quelque chose quand il élaborait son programme politique ?

• Personnellement, il y a quelque chose qui me révolte au niveau de la femme. Il s’agit de la mortalité maternelle, néo-natale et infantile. Je pense que la femme a droit à la vie en donnant la vie. Il est inconcevable que la femme meure en donnant la vie. Et cette préoccupation, mon mari l’a prise en compte dans son projet de société en ce qui concerne la place qu’il accorde à la femme au chapitre de la santé.

Votre mari étant candidat, il pourrait se retrouver, au soir du 21 novembre, à la place de Blaise Compaoré et vous à celle de Chantal. Comment vous vous voyez en tant que Première Dame ?

La place de Première Dame n’est pas une fin en soi pour moi. Si c’était possible de continuer à militer simplement (de toutes les façons, je continuerai à militer, Première Dame ou pas), je me sentirais mieux. Etre Première Dame n’est pas un objectif pour moi. L’important est de voir comment je pourrai aider mon mari à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés, à savoir l’épanouissement du peuple burkinabè. La place de Première Dame s’imposera à moi parce que si mon mari devient président, je la suis d’office. Et le combat continuera.

Quelles pourraient être vos priorités ?

• C’est accompagner mon mari dans la mise en œuvre de son programme politique, précisément en ce qui concerne la question féminine qui reste la promotion et l’épanouissement de la femme Burkina. Et je pense y réussir parce que quand on est à ce poste-là, on a une audience qui porte loin.

Interview réalisée par Nankoita Dofini

L’Observateur Paalga

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