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Cinq questions à Emile Paré

Publié le jeudi 11 novembre 2010 à 02h44min

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Q- Quels sont les principaux axes de votre projet de société ?

Emile Paré, candidat du collectif pour une alternance progressiste (CAP)

Les grands axes du projet de société du candidat déclinés dans le programme commun de gouvernement du Collectif pour une alternative progressiste (CAP) sont les suivants :

Au plan politique : instauration d’une république démocratique indépendante

Cette république fonctionnera sur la base d’une constitution démocratique qui garantira effectivement les pleins droits et les pleines libertés au citoyen ou groupe de citoyens : le droit à la vie, les libertés politiques, syndicales, de presse, d’association, de croyance et de non croyance.

Cette constitution adoptée au suffrage universel et direct du peuple, consacrera des institutions qui permettront au peuple non seulement de contrôler le fonctionnement des institutions mais aussi de les sanctionner à tout moment. De telles institutions démocratiques rompent d’avec les institutions de la VIème République qui, une fois le mandat du peuple acquis, se transforment en instruments de domination, d’opposition et de pillage de ce même peuple, sans que celui-ci n’ait un pouvoir de riposte.

Dans sa ligne de lutte pour une république démocratique, le CAP se fixe comme lutte immédiate la lutte pour une nouvelle constitution. La Constitution actuelle fondée sur le système présidentiel ou présidentialiste consacre d’énormes pouvoirs à un seul homme : le président. Il est le président de la République, le Président du conseil des ministres (l’exécutif), le Président du conseil supérieur de la magistrature (le judiciaire) et le chef suprême des armées. Il peut dissoudre le parlement à tout moment et n’est pas responsable devant le parlement. Celui- ci ne peut le démettre. Il nomme les autres présidents d’institutions (Conseil constitutionnel, Conseil d’Etat, Cour de cassation, Cour des comptes, Conseil économique et Social, Conseil supérieur de la communication, etc.). Il nomme les hauts fonctionnaires de l’administration et de l’armée.

La Constitution actuelle, tout en consacrant le principe de la séparation des pouvoirs, en empêche par ses pouvoirs qu’elle donne au Président son exercice réel. Ceci est attesté par la situation politique actuelle où le parlement est devenu une simple caisse de résonance de l’exécutif où le peuple et ses représentants élus n’ont aucun pouvoir d’appel, de sanction du Président, même dans les cas de crise profonde telle que celle née du drame de Sapouy. Dans un pays comme le Burkina, pays pauvre et arriéré où les survivances féodales sont encore fortes, pays qui a connu une longue période d’Etats d’exception, une telle Constitution ouvre la porte à la gestion monarchique du pouvoir.

Le CAP garantira l’indépendance de la république démocratique par une lutte ferme et permanente contre toutes les forces d’asservissement, de domination et d’oppression extérieure.

Au plan économique : édification d’une économie sociale de marché

Cette option économique suppose pour le CAP une lute contre le libéralisme économique actuel qu’imposent les puissances occidentales par le biais des institutions financières internationales.

Au plan social : construction d’une société de justice sociale

La lutte contre les inégalités sociales sera l’un des objectifs majeurs du CAP dans son travail de construction de la Nouvelle société moderne (NSM). La loi fondamentale consacrera d’abord et avant tout, l’égalité en droit de tous les citoyens devant la justice, devant les services administratifs de l’Etat.

Elle consacrera aussi le droit pour tous à l’alimentation saine, à la santé, à l’éducation, au logement et au travail. La lutte du CAP sera ferme, résolue pour l’éradication du chômage, phénomène devenu endémique sous la IVème République, pour l’accessibilité pour tous à la nourriture, aux soins de santé, à l’enseignement, au logement, au travail et à la sécurité sociale.Dans sa politique de justice sociale, le CAP marquera une attention particulière à la question des nationalités et des groupes sociaux.

Il aura pour axe majeur une égalité en droit de toutes les nationalités ou ethnies dans tous les domaines, notamment dans les domaines du travail, de l’administration, du développement socio- économique, de la participation à la gestion du pouvoir, du développement des langues et des cultures. Dans un pays « multinational » ou « pluriethnique » comme le Burkina, cette question paraît fondamentale. L’objectif du CAP sur ce plan est de renforcer « l’unité nationale » et de lutter contre les tendances chauvinistes, tribalistes, régionalistes qui se développent aujourd’hui sous le régime de la IVème République.

Au plan culturel : développement d’une culture nationale moderne.

Dans le concert des Nations et des peuples, ce qui identifie un peuple, c’est sa culture. C’est pourquoi, le développement de l’identité culturelle est un des objectifs stratégiques du CAP dans la construction de la Nouvelle société moderne (NSM).

Favoriser le développement et l’expression des cultures de toutes les nationalités (ou ethnies) qui composent l’« Etat-Nation » burkinabè et assurer leur brassage, telle est l’option du CAP. Cependant, la préservation de l’identité culturelle ne signifie nullement le repli culturel sur soi, ni le maintien à tout prix des pratiques ancestrales rétrogrades et arriérées. Notre « culture nationale » devrait présenter un caractère progressiste, moderne, débarrassée de ses aspects barbares et rétrogrades, enrichie des valeurs positives des cultures des autres peuples africains et du monde, et intégrée aux éléments du progrès scientifique et technologique.

Q- Que proposez-vous comme solution à la lutte contre la pauvreté dans un pays comme le Burkina Faso ?

Emile Paré, candidat

La solution à la lutte contre la pauvreté passe par la réalisation de l’économie moderne fondée sur une répartition de la place et du rôle de l’Etat et du privé (ni le tout Etat ni absence totale de l’Etat). L’Etat dans un pays pauvre comme le nôtre, devra exercer un contrôle sur les secteurs stratégiques et sociaux tels que les secteurs de l’eau, de l’habitat, de la santé, de l’éducation, de l’énergie, des communications, et du sous-sol.

Q- Que préconisez- vous pour la paix et la stabilité au Burkina Faso ?

Emile Paré

Pour la paix et la stabilité au Burkina Faso, il faut que les institutions de la république fonctionnent comme il se doit. Actuellement, nous sommes dans une transition démocratique ce qui explique les divers travers de la vie démocratique. Pour nous, un certain nombre de mesures doivent être prises :

il s’agit ici d’instaurer une véritable démocratie et un Etat de droit démocratique sur la base d’une Constitution semi-présidentielle, semi-parlementaire assurant outre les pleines libertés, une séparation très nette et un équilibre des trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ; il s’agit aussi de refondre l’Etat et ses institutions notamment son administration en vue d’en faire une administration transparente, efficace et performante ;

son armée en vue d’en faire une armée républicaine, patriotique de développement, sa justice en vue de la rendre accessible, populaire et efficace ;

il s’agit enfin de garantir la sécurité des personnes et des biens. Dans le cadre de la justice nous entreprendrons une réforme judiciaire profonde. Le système judiciaire nouveau introduira le système électif à tous les niveaux. Il sera décentralisé jusque dans les villages. Les procédures judiciaires seront allégées. Le droit doit être dit en toute indépendance, dans l’impartialité et le respect de la dignité humaine. La morale, l’éthique et la déontologie seront exigées de nos juges. Le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine dans les prisons sera de règle.

Q- Quelles sont vos solutions pour résoudre le chômage, notamment des jeunes ?

Emile Paré

La question du chômage est intimement liée à la politique d’industrialisation .Il s’agit pour nous d’opérer un changement fondamental dans la politique d’investissement de l’Etat. L’Etat doit plus investir pour créer des industries. Notre pays dispose de potentialités qui permettent d’impulser l’industrialisation.

De plus l’agriculture qui occupe aujourd’hui à elle seule plus de 80% de la population active, qui contribue présentement pour 40% du PIB et pour plus de 60% des recettes d’exportation, doit être modernisée pour créer des emplois. Elle sera le moteur de notre NPE et la base de notre politique d’industrialisation. Mais sa super priorité sera de réaliser et durablement l’autosuffisance alimentaire et la sécurité alimentaire.

Q- Que comptez- vous entreprendre pour plus de rayonnement international du Burkina Faso ?

Emile Paré, candidat Pratiquer une politique extérieure libre, indépendante, progressiste et rayonnante :

- libre et indépendante, c’est-à-dire dénuée de toute influence extérieure particulièrement occidentale ;

- progressiste c’est-à-dire orientée vers la défense, le respect des intérêts de notre peuple, des peuples africains et des peuples du monde ;

- rayonnante c’est-à-dire visant une renommée africaine et internationale dans la lutte pour une société et un monde de progrès et de justice sociale.

Notre politique extérieure sera axée sur trois idées forces :

- la coexistence pacifique des Etats ;

- la réciprocité des intérêts des peuples et des Nations ou Etats ;

- la construction de la Fédération des Etats africains.

Dans le cadre de cette politique, le Burkina refusera de s’immiscer dans les affaires intérieures des autres pays. Toutefois, il sera disponible pour tout avis, conseil ou participation aux règlements des conflits en Afrique et dans le monde.

Pour le candidat du CAP, le porte- parole

Jean Baptiste ZOUNGRANA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 novembre 2010 à 00:09, par gebson En réponse à : Cinq questions à Emile Paré

    Bjrs à toutes et à tous

    Idéale comme projet de société mais difficile à réaliser ; Pourquoi un vaste programme qui ressemble à du copié collé. J’ai l’impression que ça ressemble à un cours. Les candidats doivent savoir circonscrire leur programme et donner réellement les priorités et surtout les stratégies pour y parvenir. Faites un tour dans les Centres Hospitaliers Régionaux. Il n’ y a ni gant ni seringue. La santé, l’éducation voire la formation sont les priorités.Ensuite viennent les activités socio-économiques, .....

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