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Adèle Kaboré/Nébié : une femme d’action

Publié le lundi 20 septembre 2004 à 08h27min

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Que ce soit dans la vie sociale, économique ou politique, il est des femmes qui s’illustrent, qui s’affirment, pour défendre farouchement leur idéal, en dépit des embûches de toutes sortes qu’elles rencontrent, du fait de leur statut, sur leur chemin. Madame Adèle Kaboré, militante active dans le parti de Maître Hermann Yaméogo, est de cette catégorie de femmes engagées qui ont choisi de placer les intérêts du plus grand nombre au-dessus de tout.

Femme moderne jusqu’au bout des ongles, Adèle Kaboré est aussi passionnée de … football. Elle a côtoyé des footballeurs célèbres comme les frères Yaméogo (Jacques, Guy, Paul) et a beaucoup d’estime pour Zinedine Zidane, Dessailly.. Elle aime les voyages, le cinéma et la cuisine. Femme d’action, nous avons tenté vainement à plusieurs reprises de la rencontrer pour vous. C’est aujourd’hui chose faite.

Madame Adèle Kaboré fait partie de ces personnes atteintes du virus de la politique dès le berceau. Cette brave dame, enseignante, aujourd’hui à la retraite, est la fille d’un père qui fut médecin et ami personnel du Président Félix Houphouët Boigny, d’Auguste Denise, d’Ali Barraud et d’autres hommes de culture des années d’indépendance, tel que Hampaté Bâ. De cette période, Adèle Kaboré est fière et le clame : " Je suis née dans la politique, j’ai grandi dans la politique, je vis dans la politique " Son époux aussi a milité sous le régime du Président Maurice Yaméogo. C’est donc tout naturellement que Madame Kaboré a poursuivi le combat politique auprès de Maître Hermann Yaméogo.

Le constat est qu’aujourd’hui, Madame Adèle Kaboré n’est plus aussi active politiquement que par le passé. Elle s’en explique par l’idée noble qu’elle se fait de son action. Pour elle, le jeu politique que lui ont enseigné ses pères, n’est plus le même aujourd’hui. Elle précise qu’aujourd’hui " les gens viennent en politique seulement pour leurs propres intérêts. Et pour y parvenir, c’est la mesquinerie, la délation ", toutes choses qui n’honorent pas et qui sont contraires à ses principes issus de l’éducation morale et civique qu’elle a reçue. Par rapport au combat qu’elle-même, Adèle Kaboré reconnaît qu’il est plein d’embûches aussi bien sur le plan social que familial. Pourtant, il n’est pas question d’abandonner car il s’agit d’un engagement pris au service du peuple, dira-t-elle.

Tantôt à Ouagadougou, tantôt à Bobo Dioulasso, Madame Kaboré a-t-elle le temps de jouir pleinement de sa retraite ? Elle répond, sarcastique : " Pas question. Je peux dire que je suis aujourd’hui plus active que pendant mon activité professionnelle ".

En effet, à Bobo, Madame Kaboré surveille les travaux de finition de sa maison. A Ouagadougou, il y a son foyer. Elle s’occupe également de ses petits-enfants. Cette femme-orchestre a encore le temps de faire parler d’elle dans une Mutuelle de femmes de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso, appelée " Club Guimbi ".
Quand on évoque avec elle ses souvenirs d’enfance, " le bon vieux temps " comme elle le précise, poétique, Madame Kaboré est prolixe : " C’est incontestablement ma tendre jeunesse. La vie que j’ai menée auprès de mon père, de ma mère, de mes frères et sœurs. Quand j’y pense, comme Lamartine qui disait ’Ô temps suspends ton vol’, je dis ’Ô Dieu, fais-moi revenir ces moments merveilleux ".

Il faut reconnaître que cette femme est sentimentale et toujours prête à rendre service. Elle dit le devoir à son père qui a passé toute sa vie à soigner les gens et à sa mère qui a toujours su héberger et élever des enfants. " J’ai grandi dans l’affection, c’est naturel que je continue dans cette voie ".

Avec sa sœur, Madame Kaboré parle souvent du temps de leur jeunesse. C’est la vie. Quand elle parle des meilleurs moments de sa vie, elle évoque la naissance de son premier enfant mais aussi le fait d’avoir vu son père danser, lors de son mariage, avec la femme du Docteur Traoré Ladji. D’une manière générale, Adèle Kaboré ne se plaint pas du tout de sa vie. Elle le dit et rend grâce à Dieu.
Puisqu’elle est à cheval entre Ouagadougou et Bobo, nous avons voulu savoir ce qu’elle pense aujourd’hui de la situation socio-économique de Bobo et de sa région : Le tableau qu’elle nous présente est catastrophique : " Sur tous les plans, Bobo est délaissée. En plus, les leaders de la région sont divisés. Or, la nature a tout donné à cette région pour être le véritable poumon de notre économie ". Triste situation !

Madame Adèle Kaboré a tenu à rendre grâce à deux éducatrices qui ont su compléter sa formation familiale et qui ont fait d’elle, ce qu’elle est aujourd’hui. Il s’agit de Mesdames M. Jurriens et Jacqueline Ki Zerbo au Cours Normal de Jeunes filles de Ouagadougou, l’actuel Lycée Nelson Mandela. C’était aux premières heures de l’indépendance.
Avec notre interlocutrice du jour, nous avons abordé par ailleurs deux points de l’actualité nationale et internationale et nous avons reçu des réponses sans détours.

A la question de savoir ce qu’elle pense des accusations d’ingérence du Burkina Faso dans les affaires intérieures des autres Etats, Madame Kaboré a dit avoir entendu comme tout le monde sur les ondes les justifications du gouvernement burkinabé qui l’ont laissée sur sa faim. Elle affirme avoir peur pour sa patrie, si toutes les ingérences dont on parle tant depuis quelques années au Libéria, en Sierra Leone, en Angola, au Togo, au Niger, en Côte d’Ivoire et aujourd’hui en Mauritanie, s’avéraient exactes.

Elle a par ailleurs bien voulu se prononcer sur les conclusions du Sommet de l’Union Africaine sur l’emploi qui vient de s’achever. Son souhait est que cette rencontre au plus haut niveau sur la question de l’heure, l’emploi et la lutte contre la pauvreté, n’accouche pas d’une souris. Elle reste toutefois optimiste puisque " l’Union Africaine est entre les mains d’Alpha Oumar Konaré, un grand homme d’Etat, un panafricaniste convaincu qui (espère-t-elle) pourra avoir une influence positive sur les chefs d’Etat ".

Cette jeune sexagénaire, à qui on ne donnerait pas 40 ans, est encore pleine d’énergie et ne finira pas de surprendre. " Envers et contre tout ", elle se bat pour un monde meilleur.

Abu Kodjo
San Finna

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