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Maurice Portiche, ancien ambassadeur de France à Ouagadougou, retrouve l’Asie

Publié le mardi 14 septembre 2004 à 07h36min

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Maurice Portiche

C’est un retour à ses origines asiatiques pour Maurice Portiche qui vient d’être nommé ambassadeur à Vientiane, au Laos.

Fils d’une infirmière, Madeleine Nguyen Thi Bau, Portiche est né le 25 septembre 1946 à Haïphong, au Viêt-Nam, au Nord-Est de Hanoï, sur les rives du golfe du Tonkin, au-delà du 20ème parallèle.

C’était quelques mois avant le déclenchement de la guerre d’Indochine (décembre 1946) à la suite du bombardement de... Haïphong par la flotte française. Thierry d’Argenlieu était alors haut-commissaire français ; il avait décidé de constituer un "gouvernement provisoire de Cochinchine" à Saïgon, ce qui avait provoqué les protestations du gouvernement vietnamien d’HanoÏ.

Après des études au lycée François 1er de Fontainebleau, Portiche obtiendra une licence en droit, sera diplômé de l’lEP-Paris et de l’Ecole nationale des langues orientales (Vietnamien bien sûr mais il obtiendra, par ailleurs, un certificat de chinois ; à noter que cet amateur de calligraphie chinoise est également breveté d’Etat en karaté).

C’est en tant qu’enseignant qu’il va débuter sa carrière en 1968 avant d’être admis au concours pour le recrutement de secrétaires adjoints des Affaires étrangères (Orient) le 16 janvier 1974. Sa carrière débute à l’administration centrale ; il sera membre de la délégation française à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) à Genève (1974-1975).

Il retrouvera l’Asie du Sud-Est en 1975. Il est nommé troisième secrétaire à Vientiane (la République populaire démocratique du Laos vient d’être proclamée). En 1977, il sera de retour à Paris, à l’administration centrale, Service social. Le 28 novembre 1977, il est admis au concours pour le recrutement de secrétaires des Affaires étrangères (Orient), nommé aux Affaires africaines et malgaches (1978-1979) puis au cabinet de Jean François-Poncet, ministre des Affaires étrangères (1979-1980).

En 1980, Maurice Portiche va retourner en Asie. C’est Hong-Kong cette fois. Il est nommé conseiller culturel et de coopération scientifique et technique jusqu’en 1984 puis va rejoindre Pékin comme conseiller culturel. Il ne quittera la République populaire de Chine qu’en 1989. C’est pendant son séjour qu’il va se marier, le 22 mars 1986, avec Janet Fonda. Ayant rejoint l’administration centrale, il sera adjoint au chef du service des affaires francophones (1989-1991) puis chef du service des affaires francophones (1991-1992). Ce sera, à nouveau, l’Asie. Le Japon. En 1992-1993, il est nommé consul général à Osaka.

En 1993, la droite gagne les élections législatives françaises. C’est la deuxième cohabitation. Toubon est nommé ministre de la Culture et de la Francophonie. Maurice Portiche va rejoindre son cabinet. Quand Chirac entre à l’Elysée et Juppé à Matignon, en 1995, il est nommé consul général à Boston. Il restera en poste dans la cité de la côte Est des Etats-Unis jusqu’à sa nomination, le 8 avril 1999, comme ambassadeur de France à Ouagadougou.

Il va s’efforcer de renouer les liens entre la France et le Burkina Faso et de dissiper les nombreux malentendus. Il y parviendra avant que n’éclate la crise ivoirienne qui va remettre le Burkina Faso sur le devant de la scène ouest-africaine (cf LDD Burkina Faso 05, 017 et 026/Vendredi 1er novembre 2002, Jeudi 27 mars et Lundi 20 octobre 2003).

Portiche n’était pas du genre diplomatique qui se dérobe à ses responsabilités. Mais alors que son homologue à Abidjan, Renaud Vignal, sera rappelé et changé d’affectation, Portiche va pouvoir rester à Ouagadougou tout le temps où la crise ivoirienne (et l’implication par Abidjan du gouvernement de Ouaga) va être à son maximum. C’est il y a un an, au cours de l’été 2003, qu’il a été remplacé par Francis Blondet. Il reviendra en mission à l’administration centrale en attente d’une nouvelle affectation comme ambassadeur.

C’est donc à Vientiane qu’il vient d’être nommé. Pays enclavé d’Asie du Sud-Est, le Laos est une République démocratique populaire à régime de parti unique ; il fait partie des PMA, les Pays les moins avancés. Portiche n’est d’ailleurs pas le premier diplomate ayant une expérience africaine à être nommé à Vientiane. C’était le cas était de Olivier Gassouin, le premier ambassadeur nommé par la France auprès du Laos (195761959) qui sera, par la suite, ambassadeur à Freetown, en Sierra Leone, mais aussi de son successeur, Pierre-Louis Falaize (1959-1963) qui avait été, auparavant, ambassadeur en Libye (ainsi qu’en Jordanie ; il sera, par la suite, ambassadeur au Liban). Claude Arnaud (1966-1968) sera ambassadeur à Nairobi après l’avoir été à Vientiane (élevé à la dignité d’ambassadeur de France, il a été également ambassadeur à Pékin et à Moscou - cf LDD Chine 02/Mardi 27 janvier 2004). André Ross (1968-1973) a lui aussi été élevé à la dignité d’ambassadeur de France ; il a été ambassadeur à Kinshasa après avoir été ambassadeur à Vientiane (il sera, ensuite, ambassadeur à New Delhi et à Tokyo, secrétaire général du Quài d’Orsay puis, après sa retraite, président de la Commission Viêt-Nam, Cambodge, Laos de ce qui était alors le CNPF et qui est devenu le Medej).

Les choses vont changer. Le 23 août 1978, le Laos va rompre ses relations diplomatiques avec la France à la suite de l’intervention vietnamienne dans le pays et de la rupture avec la République populaire de Chine. Ce n’est qu’en juin 1982 que les relations entre Paris et Vientiane seront rétablies. L’ambassadeur qui y est alors nommé (1982-1985) aura, lui aussi, une expérience africaine. Jean-Noël de Bouillane de Lacoste, ambassadeur de France, sera par la suite ambassadeur à Tunis et à Tel-Aviv. Quant à Xavier Roze, ambassadeur à Vientiane en 1992-1994, il a été nommé en 1999 conseiller de coopération et d’action culturelle à Dakar.

Ces dernières années, les ambassadeurs nommés par la France auprès du Laos ont été, généralement, des spécialistes de l’Asie. C’est le cas de Gérard Chesnel (1994-1997), diplômé notamment de l’Institut national des langues et civilisations orientales (malais-indonésien) qui a été en poste à Hong Kong, Pékin, Taïpeh, sous-directeur du Pacifique puis de l’Asie du Sud-Est à l’administration centrale, adjoint au directeur d’Asie et d’Océanie.

C’est le cas également de Renaud Levy (1998-2001), titulaire notamment d’une licence de japonais, en poste à Tokyo, Manille, Jakarta. Quant au dernier ambassadeur de France à Vientiane, avant la nomination de Maurice Portiche, Bernard Pottier, lEP-Paris, ancien élève de l’Ena (promotion "Jean Jaurès"), c’est aussi un diplômé de l’Ecole nationale des langues orientales (tagalog - langue parlée aux Philippines) et un bon connaisseur de l’Asie.

Né le 1l juillet 1942 à Vernon, dans le département de l’Eure, c’est le fils de l’architecte Henry Pottier. C’est au Laos qu’il a débuté sa carrière professionnelle comme attaché de presse à l’ambassade de France (1966-1967). C’est à l’issue de ce séjour à Vientiane qu’il entrera à l’Ena (1967-1969). A sa sortie, il sera nommé administrateur civil au ministère de l’Industrie, chargé du bureau des exportations à la Direction générale de la politique industrielle (1969-1971).

Le 1er octobre 1971, il sera détaché auprès du ministère des Affaires étrangères. Il sera en poste à Jakarta (1971-1973), rejoindra à nouveau le ministère de l’Industrie (1975-1976), sera conseiller technique au cabinet de Olivier Stirn, secrétaire d’Etat chargé des Dom-Tom (1976-1977), commissaire résident de France aux Nouvelles-Hébrides (1978), en poste à Yaoundé (1979-1981), consul général à Francfort-sur-le-Main (1989-1994), ambassadeur à Rangoun (1994-1999) avant d’être nommé directeur du Centre d’accueil de la presse étrangère (Cape) puis ambassadeur à Vientiane (2002-2004).

Jean-Pierre Béjot
La Dépêche Diplomatique

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