En réaction aux articles que l’Association pour la promotion de l’hygiène au Burkina Faso (l’APHBF) a consacrés à certaines maladies sociales, nous avons reçu par SMS, téléphone ou à l’occasion de rencontres fortuites, les questions suivantes : « Vous, vous parlez de bourreaux du cœur et d’autres de maladies cardiovasculaires ou encore de facteurs de risque. Vous ne parlez pas du diabète, de goutte et d’obésité. Pourtant, beaucoup de gens souffrent de ces maladies. Quels sont les liens entre hypertension diabète et obésité ? Quel rôle joue le sel en cas d’hypertension artérielle ? Vous recommandez le sport avec insistance mais, que faire en cas de douleurs articulaires, de goutte, de diabète, d’hypertension ou de mal de dos ?

Vous dites de boire beaucoup d’eau, mais quel est l’impact de l’eau sur la santé ? J’ai des fuites urinaires, que faire ? Mon père (70 ans) a perdu la mémoire et ma mère (65 ans) est devenue presque folle. Est-ce ce qui m’attend ? Quel lien y a-t-il entre la goutte et les problèmes de reins ? Peut-on prévenir le cancer ? Est-ce que la pilule donne la tension, le diabète, le cholestérol ou le cancer du sein ? Quelles sont les maladies que l’on évite par le lavage des mains ? Est-ce vrai que le manque de vitamines peut provoquer la démence (folie) ? Comment le beurre protège-t-il de la méningite ? Pour les grands fumeurs qui veulent arrêter de fumer, vous ne dites rien ; pourquoi me prescrire de la vitamine D dans un pays ensoleillé, comme le Burkina Faso ? Etc. ».

Nous avons repris ces questions pour permettre aux différents spécialistes d’apporter les précisions souhaitées par les lecteurs des quotidiens qui ont bien voulu diffuser nos articles. A savoir les bourreaux du cœur, l’hypertension artérielle, le cholestérol, la sédentarité et le tabagisme. Les copies de ces articles peuvent être obtenues, soit auprès des quotidiens, soit au Centre de lutte contre les maladies sociales, Tél : 50 38 86 88. Nous remercions ces quotidiens au passage. Et remercions aussi les lecteurs pour leurs questions. Nous espérons avoir été utiles.

Même si à l’évidence, certaines questions n’ont pas de lien direct avec les sujets que nous avons traités, nous allons essayer d’y répondre. Le constat aussi est que nos lecteurs sont préoccupés par les maladies sociales émergentes que sont : les maladies cardiovasculaires ( hypertension artérielle, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux...), le cancer, ( surtout du sein et de la prostate), le diabète, l’obésité, le cholestérol, le trio toxicomanie - tabagisme - alcoolisme (surtout des jeunes), l’ostéoporose, (fragilisation et fracture, du col du fémur, des poignets..), les maladies dégénératives (arthroses, arthrites...), les démences (folie) dégénératives (maladie d’Alzheimer) et non dégénératives (démences alcooliques, vasculaires, d’origine infectieuse), etc. Malheureusement, ces maladies nous envahissent pendant que nous sommes toujours confrontés à des maladies évitables par la vaccination (méningite, rougeole, fièvre typhoïde, hépatites...) et par l’hygiène (amibiase, choléra, maladies diarrhéiques, paludisme, bilharziose...). Pour faciliter la compréhension des réponses, nous essayerons de survoler certains maladies dont l’obésité.

I. Qu’est -ce que l’obésité ?

1) Maladie ou facteur de risque ? L’obésité est une véritable maladie. Elle fait partie de ces maladies émergentes, envahissantes et mortelles comme le diabète, l’hypertension, le tabagisme, les accidents vasculaires cérébraux, le cancer, la maladie d’Alzheimer, etc. Et le fait d’être une maladie n’empêche pas d’être aussi un facteur de risque pour d’autres maladies. Un facteur de risque augmente la probabilité de développer une maladie. Mais ce n’est pas parce qu’on a un facteur de risque que l’on va forcément être malade. De même, ce n’est pas parce qu’on n’a pas de facteur de risque qu’on ne peut pas avoir la maladie.

2) Comment reconnaître la maladie ?

Couramment, est obèse tout sujet gros et gras. En effet, l’obésité se caractérise par une masse graisseuse excessive. Cet excès de graisses se stocke dans les cellules graisseuses de notre corps et nous fait prendre du poids. La mesure de ce poids et mieux encore de notre Indice de masse corporelle (IMC) nous dira si nous sommes obèses ou pas. Et si nous le sommes, elle nous indiquera, par la même occasion, la classe à laquelle nous appartenons. L’IMC normal est compris entre 18 et 25. Ainsi, on peut avoir un poids normal ou être seulement en surpoids. Mais si les chiffres continuent d’augmenter et la détérioration de notre santé avec, nous passons en classe 1. (dite de l’obésité modérée), puis en classe 2 (dite de l’obésité sévère) et enfin l’état gravissime, la classe 3 (ou obésité morbide). Ces classes traduisent l’état de fragilisation et donc d’aggravation de notre santé.

3) - Types et obésité

Y a-t-il une obésité masculine ou une obésité féminine ? Oui, chaque sexe a son modèle ou sa forme ou son type d’obésité. En effet, quand nous regardons autour de nous, qu’est-ce que nous voyons ? Nous constatons que la localisation de la masse graisseuse n’est pas la même selon que l’on est homme ou femme. Si chez les hommes, c’est le haut du corps (cou, épaules, tronc et ventre) qui est le plus touché, chez la femme, c’est plutôt le bas (hanches, fesses et cuises). Il y a aussi quelqsue cas de formes ou types mixtes. Mais le danger est le même quel que soit le type d’obésité.

II-Qu’est-ce qui provoque cette maladie ?

C’est difficile à dire. C’est probablement la conjugaison de plusieurs facteurs. Les plus importants sont les prédispositions héréditaires (familiales) et surtout la malnutrition. A ceux- ci, on peut certainement ajouter le stress, la sédentarité ou le manque de volonté de se secouer un peu de manière régulière.

III-L’obésité est-elle dangereuse ?

1) - Y a-t-il un lien entre l’obésité et les maladies cardiovasculaires ?

Oui, l’obésité est une maladie grave. En effet, elle détruit le cœur et ses vaisseaux, en favorisant l’excès de cholestérol, de triglycérides, de glucose et d’acides uriques dans le sang. Ces gros abus de graisses favorise l’hypercoagulabilité sanguine qui est à l’origine de l’artériosclérose. Ainsi, l’obésité contribue à la formation de plaques d’athérome (graisses) dans nos artères et par conséquent, à l’apparition des maladies cardiovasculaires. Donc, l’hypertension artérielle, l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux surviennent suite au rétrécissement ou à l’obstruction des artères déjà altérées par l’accumulation de glucose et des graisses (cholestérol et triglycérides). De même, une insuffisance cardiaque peut survenir suite à l’infiltration graisseuse du cœur (péricarde et myocarde), à la sclérose coronaire et à l’hypertension, autres facteurs de surcharge pour le myocarde.

2)-Les autres complications de l’obésité

En effet, d’autres complications graves peuvent survenir comme le diabète sucré ou diabète gras dû à l’excès de sucre ; l’arthrose ou destruction du cartilage des articulations à cause de l’excès de poids qui pèse sur elles. Ainsi, la plupart des articulations deviennent douloureuses, principalement les genoux, les hanches et les vertèbres lombaires ; la goûte, encore appelée rhumatisme métabolique, survient à cause de l’accumulation de l’acide urique dans le sang, puis dans les articulations. Les articulations touchées, principalement les gros orteils, les poignets, sont très douloureuses. Nous voyons comment ces maladies sont imbriquées les unes dans les autres. Et ce n’est pas tout. Les obèses se plaignent souvent de problèmes d’estomac (brûlures d’estomac, remontées de liquide acide), de troubles du sommeil (somnolence le jour, ronflements la nuit et maux de tête le matin), et plus grave, de problèmes d’infertilité, d’insuffisance respiratoire (la personne obèse aura du mal à respirer et s’essoufflera rapidement au moindre effort), d’insuffisance rénale, conséquence de l’artériosclérose qui provoque la sclérose de plusieurs glomérules entraînant alors l’urémie, donc la décompensation, etc.

IV-Que faire ou peut-on prévenir l’obésité ?

1)Facteurs héréditaires

En regardant autour de nous, nous constatons qu’un enfant obèse a au moins un de ses parents qui est obèse. L’hérédité est probablement la cause dominante. Nous parents, devons donc non seulement surveiller les habitudes alimentaires de nos enfants, mais surtout, nous référer aux médecins pour des dosages précoces.

2) Hygiène de vie

C’est connu, l’obèse non seulement mange mal, mais souvent trop. Il mange rapidement et mastique peu. Il a une attirance naturelle (parfois inconsciente) pour le gras et le sucré. Il est aussi enclin au grignotage et surtout ne se dépense pas assez. C’est un véritable partisan du moindre effort.

a) Prévention alimentaire

L’obèse doit réapprendre à manger : d’abord à des heures régulières ; ensuite à manger simple mais équilibré (protides, glucides, Iipides, fruits et légumes), à boire suffisamment (1,5 à 2l/ jour) et surtout pendant les repas manger lentement pour bien mastiquer, éviter les grignotages. Il doit limiter le gras, le sucré et le salé et privilégier les fruits et les légumes qui absorbent des quantités énormes de corps gras. De même, sont recommandés les huiles riches en acides gras poly¬-insaturés (huiles de maïs, soja, tournesol, huiles de poisson) et les poissons gras (hareng, thon, saumom, maquereau, sardine) qui protègent contre l’excès de cholestérol et contre l’artériosclérose, conséquences des abus de graisses de mammifères, riches en aides gras saturés.

b) Sport ou activité physique

C’est vrai que beaucoup de gens continuent à se demander si le sport fait maigrir. Eh bien, la réponse est oui. Le sport, non seulement facilite l’amaigrissement, mais il contribue à la stabilisation du poids perdu (il empêche le retour du poids perdu). Mais d’où vient ce doute persistant ? Nous savons tous qu’avec l’âge, la masse graisseuse augmente chez l’homme comme chez la femme. Pendant ce temps, la masse maigre (musculaire), elle, diminue. La malnutrition aidant, la tendance est donc à l’obésité. Le sport régulier, lui, diminue la masse graisseuse et augmente la masse musculaire. Il renverse donc les effets de l’âge mais de manière progressive. C’est ce qui explique que le poids perdu ne se voit pas tout de suite sur la balance, car ce qui est perdu d’un côté (les graisses) est récupéré de l’autre (les muscles). Le sport approprié pour maigrir demeure : la marche rapide ou sportive, la natation, le vélo ou la course à pieds. Ici, le muscle est soumis à des efforts modérés et prolongés qui l’obligent à consommer plus de graisses que de sucre et à brûler beaucoup d’oxygène.

3) Cas d’obésité avérée

En cas d’obésité avérée, c’est-à-dire d’IMC supérieur à 27, il est mieux de s’adresser aux agents de santé.

4) Que dire des concours de beauté ?

Entre la miss maigre ou mince à l’Occidentale et la miss ronde ou forte à l’africaine (plus de 100 kg) , laquelle choisir ? Les miss africaines portent des noms différents suivant les pays : miss Poog-Bedré (Burkina Faso), miss Mama Kilo (Cameroun), Miss Nana Benz (Togo), etc. miss Mama Kilo pesait 102 kg, mesurait 1,70m et était âgée de 27 ans. Ce qui donne un Indice de masse corporel (IMC) égal à 35 ; c’est-à-dire obésité sévère, classe 2. Nous, nous disons que l’obésité est une maladie grave. Par conséquent, nul n’a le droit de faire la promotion d’une maladie, mais plutôt le devoir de la prévenir. Le Centre de lutte contre les maladies sociales peut vous y aider. Une chose est sûre et certaine, ceux qui font une grève de la faim, ne grossissent jamais.

Ouagadougou, le 10/10/2010

Le président Dr Jean Jacques ZEBA, médecin hygiéniste

E-mail : assohygiènebf@yahoo.fr Tél. : 70 26 85 95

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