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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : Gbagbo peut-il accepter une défaite ?

Publié le mercredi 3 novembre 2010 à 01h47min

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Le 31 octobre 2010 demeurera une date inscrite en lettres d’or dans les annales de l’histoire du peuple ivoirien. En effet, elle aura, en tout cas de vifs souhaits, consacré la fin d’une décennie d’instabilité caractérisée par des atermoiements itératifs sur fond de calculs politiques. En d’autres termes, la Côte d’Ivoire est en passe de sortir de l’impasse et de l’apoplexie socio-politiques, pour se remettre résolument sur les rails d’une nation démocratique respectueuse des valeurs républicaines. En tout cas, appelé à départager quatorze candidats en lice dont trois ténors, le président sortant Laurent Gbagbo, l’ancien chef d’Etat Henri Konan Bédié et l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, le peuple ivoirien, avec un sens apollinien à nul autre égal, est sorti massivement le 31 octobre 2010.

Il aura pour sa part joué sa partition. Avec un taux de participation de 80%, il n’est pas exagéré de parler de score historique ou exceptionnel d’autant que ce scrutin présidentiel ivoirien revêt un enjeu important. Les hommes politiques ivoiriens, quant à eux, ont également fait preuve de grandeur et de maturité d’esprit exemplaires à telle enseigne qu’ils semblent avoir agréablement surpris la communauté internationale.

Qu’il en soit ainsi ! Et l’Afrique en sortira grandie et ennoblie. Elle pourra ainsi faire contrepoids aux stéréotypes et au regard réducteur dont elle est constamment l’objet.

Toutefois, il faut redouter que, à l’instar des hommes politiques guinéens que la communauté internationale a vivement acclamés pour leur sens de la responsabilité au lendemain du scrutin présidentiel du 27 juin dernier, les hommes politiques ivoiriens ne déçoivent tout le monde en rivalisant de surenchères et surtout en se livrant à des pantalonnades politiques.

L’homme politique le plus vertueux et le plus patriote est celui-là qui, en plus du respect qu’il voue aux institutions républicaines, révère, bon gré mal gré, la voix du peuple dont il veut présider aux destinées. L’agitation fébrile et les passions dionysiaques relèvent de l’insincérité et de la machination politiques.

En tout état de cause, la Commission électorale indépendante (CEI), forte du soutien de la communauté internationale, du Premier ministre Guillaume Soro et de toutes les autres forces impartiales, fait preuve de fermeté et d’intransigeance au point qu’elle se refuse toute indiscrétion avant d’avoir centralisé tous les procès-verbaux. Elle est jusqu’à ce jour, exempte de toute pression extérieure à même d’influencer ses travaux. Il lui revient, dans les délais à elle impartis, d’oeuvrer pour la proclamation des résultats provisoires afin d’éviter toute élucubration à même d’entacher non seulement la régularité du scrutin mais aussi d’entraîner une remise en cause de l’institution elle-même. En tout cas, la balle est dans son camp et elle polarise actuellement les attentions. La CEI a su s’imposer en véritable et crédible arbitre et en cela, elle n’a pas droit à l’erreur.

D’ores et déjà, selon certains médias, le président sortant Laurent Gbagbo et le président du RDR Alassane Dramane Ouattara viendraient en tête. Si une telle information relayée par les confrères en venait à être authentifiée, l’emblématique Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, bien que n’étant pas déjà élu président, aura à tout le moins prouvé aux yeux du monde entier et même à ceux de ses contempteurs qu’il a encore de l’avenir politique en Côte d’Ivoire. La question de sa nationalité, maintes fois redimensionnée, n’est qu’un simple grenouillage sur fond de manoeuvres politiciennes. De son côté, le président Bédié qui a longtemps cru qu’il était aimé et adulé, doit se convaincre peut-être du contraire. Il n’est pas si aisé pour un ancien chef d’Etat de revenir au pouvoir en Afrique surtout si ce dernier l’avait quitté à la suite d’une rude épreuve.

Seuls les has been qui ont délaissé le pouvoir de leur propre gré, peuvent, s’ils le souhaitent, le reconquérir. Ces derniers quittent généralement le pouvoir au moment où ils ont encore le vent en poupe, à l’image, notamment, de Nelson Mandela en Afrique du Sud et de Lula Da Silva au Brésil. La valeur d’un homme politique n’est point sujette au nombre d’années passées au sommet de l’Etat. On peut, en peu de temps au sommet d’une république, s’attirer la sympathie de tout un peuple. Tout comme, on peut, bien après des décennies (toute chose qui est antidémocratique) être décrié par le peuple dont on se dit aimé. Les présidents Bédié et Gbagbo ayant été respectivement jugés à l’oeuvre, le peuple ivoirien donnerait l’impression d’avoir opté pour le changement si Alassane Dramane Ouattara passait au premier tour. Reste maintenant à savoir si le président Gbagbo acceptera de partir en cas de défaite, comme l’avait si sagement fait l’ancien président sénégalais Abdou Diouf. Jusqu’où ira le patriotisme de Gbagbo ? That is the question.

"Le Pays"

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